Réussir la réinsertion du plus grand nombre?

Véronique Meunier directrice du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) Aveyron-Lot

«On aurait tout à gagner à expliquer que la prison, peine reine en France, n’est pas la réponse à tout ou la solution idéale. L’arsenal pénal prévoit plusieurs autres peines.» La directrice du Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) Aveyron-Lot Véronique Meunier et son équipe d’une vingtaine de personnes, ont pour credo la prévention de la récidive par le contrôle et le suivi des peines, qu’elles soient exécutées en milieux ouvert ou fermé. Libres comme détenus, ces bénéficiaires sont rassemblés sous l’appellation de «personnes placées sous main de justice», c’est-à-dire qu’à la suite d’une décision, elles sont incarcérées ou font l’objet d’une peine alternative à l’incarcération ou de mesures d’aménagement de peine.

«Notre postulat de base est que toute personne peut changer», affirme la directrice, qui s’appuie, dans cette ambition de réussir la réinsertion du plus grand nombre, sur un ensemble de mesures pénales comme le Sursis avec mise à l’épreuve (SME) ; il a été prononcé 422 fois cette année dans l’Aveyron. Le SME dispense le condamné d’exécuter tout ou partie de la peine (prison et/ou amende) prononcée tout en le soumettant à certaines obligations, comme une peine de Travail d’intérêt général (TIG), une mesure prononcée 136 fois depuis le début de l’année dans l’Aveyron.

Suivi socio judiciaire (obligation de se soumettre à des obligations de surveillance et d’assistance), contrôle judiciaire (une ou plusieurs obligations dans l’attente d’une comparution), contrainte pénale (un suivi renforcé qui peut durer jusqu’à 5 ans), ou surveillance électronique (bracelets électroniques) : autant de mesures alternatives à l’emprisonnement.

Couplées à l’accompagnement du Spip et d’autres partenaires, elles aboutissent à un taux de récidive très faible au regard de celui rencontré à l’issue d’une incarcération. «Sur ce type de mesures, il y a à peu près 10 % de personnes que l’on revoit», souligne la directrice, mettant en avant que ces alternatives à l’incarcération permettent d’éviter «les effets désocialisants de la prison».

Autre dispositif d’alternative à l’incarcération, : le Travail d’intérêt général. Les TIG, à la faveur du projet de loi Justice porté par la garde des Sceaux Nicole Belloubet, pourraient prochainement bénéficier d’un coup de pouce, puisque le texte prévoit notamment d’élargir l’accès aux TIG en l’ouvrant à des collectivités ou entreprises. «Cela pourrait augmenter le nombre d’heures qui peuvent être prononcées à l’encontre des “TIGistes” mais aussi permettre d’accréditer davantage de structures et d’ouvrir le dispositif plus largement», déclare la directrice du Spip Aveyron-Lot.

Le projet de loi passera à la fin du mois devant les députés.