« Revenir à la semaine de 4 jours scolaires serait une aberration ! »

Éric Labastie, président de la FCPE1 du Lot, dénonce un manque de prise en compte de l’intérêt de l’enfant.
Le décret relatif aux dérogations à l’organisation de la semaine scolaire dans les écoles maternelles et élémentaires publiques, publié le 29 juin 2017, à quelques jours de la fin de l’année scolaire, offre la possibilité d’organiser selon les territoires, des semaines sur 4,5 jours ou sur 4 jours.

Qu’est-ce qui motive votre opposition à ce décret qui laisse le choix aux communes de s’organiser ?

Ce décret a été pris malgré un avis défavorable majoritaire du Conseil Supérieur de l’Éducation, un rapport défavorable du Sénat, le manque de temps évident pour construire une véritable consultation avant de repenser une politique éducative… Les conséquences de ce décret n’ont malheureusement pas tardé : un nombre certain de communes du département a demandé l’abandon de l’organisation de la semaine à 4,5 jours pour un retour à 4 jours dès la rentrée 2017.

La FCPE regrette cette précipitation qui ne prend pas en compte l’intérêt des enfants, dégrade leurs conditions d’apprentissage et surtout va introduire une rupture d’égalité sur le territoire car selon où ils habitent, des enfants auront 5 jours d’école, quand d’autres n’en n’auront que 4. La FCPE défend les 5 matinées par semaine car elles sont nécessaires à la réussite et au bien-être des enfants à l’école. Elles ne peuvent pas être la seule mesure sur les rythmes scolaires, elles doivent s’allier à une réorganisation complète du calendrier annuel.

 

Pourquoi, selon vous, il n’est pas bon de laisser aux communes la possibilité de ce choix d’organisation de la semaine scolaire ?

Aujourd’hui, les études de l’OCDE le démontrent. Les écoliers français ont le nombre de jours d’école le plus faible de l’Europe, les journées les plus lourdes et de nombreux déficits dans les apprentissages. Les pays où les enfants apprennent mieux et sont le moins inquiets à l’école ont des journées moins longue et une année plus allongée.

Pour la FCPE, il est difficilement acceptable de laisser le temps des élèves, de l’école être « aménagé » par les communes dans un but d’optimisation de leurs ressources humaines et financières. Par contre, il est nécessaire de penser les temps éducatifs dans leur globalité, selon la spécificité et les ressources du territoire. Les enfants n’ont pas besoin de toujours plus d’activités, mais que les acteurs éducatifs se mettent autour de la table pour créer de la continuité entre leurs différents temps de vie et développent des projets locaux qui participent à leur éducation.

 

Nous sommes à moins de deux mois de la rentrée. Quel message souhaitez-vous faire passer ?

La FCPE demande aux communes de ne pas se précipiter dans leur choix avant qu’une évaluation scientifique des conséquences des rythmes scolaires sur les apprentissages des enfants soit réalisée. La FCPE soutiendra les collectivités dans leur demande d’un maintien du fonds national de soutien aux activités périscolaires. La FCPE demande également au Directeur académique des services de l’Éducation nationale du Lot de ne pas accepter des organisations sur 4 jours décidées sans concertation ni projet éducatif.

Propos recueillis par J-C Bonnemère La Vie Quercynoise

 

1 Éric Labastie, président de la FCPE (Fédération des Conseils de Parents d’Élèves) du Lot