A Cazals, la joyeuse insolence des crieuses publiques, ou quand le féminisme rime avec l’humour

Dimanche 17 avril 2022, sur le marché de Cazals, les crieuses publiques Fanny Benhaïm et Dominique Flora Poncet alias Mademoiselle Schnaps et Madame Mîme, comédiennes au sein de la compagnie Parthénope, proposaient une joyeuse animation de rue sur le thème du Genre.

Fanny Benhaïm et Dominique Flora Poncet : Nous avons eu envie de reprendre une vieille tradition aujourd’hui oubliée, celle d’une criée publique sur le thème du genre. Notre dispositif commence par une boîte aux lettres mise sur la place publique. Chacun écrit son petit mot d’amour, de contestation, de questionnement et va glisser son message dans notre boîte de manière anonyme ou non. Nous avons aussi une boîte aux lettres virtuelle sur Facebook que nous avons intitulé Ton genre de message. Ces messages sont ensuite déclamés, criés, chuchotés, murmurés, partagés sur la place publique. Cette criée fait suite au festival « Un genre de festival » qui s’est déroulé pendant une semaine à Cazals et à la salle l’Arsenic de Gindou. Préparer cette criée et notre participation au festival nous a obligées à interroger ce que recouvre pour nous la notion de genre. Qu’est-ce que le genre, qu’est-ce que le Queer, qui sont les LGBTQ ? Comment en parler sans tabou et quelles représentations les habitants du Lot

Quel a été votre parcours ?

En quoi ce travail, consistant à faire entendre vos voix au service des minorités de genre sur l’agora, est-il éminemment politique ?

Fanny et Dominique : Aujourd’hui, nous sommes plongés dans une société crispée et marquée par l’esprit de sérieux, l’inquiétude, l’intolérance, la tentation d’exclure. Face à cela, nous revendiquons l’importance de faire dans nos vies la part belle à l’imagination, aux questions et à la poésie, d’ouvrir toujours plus le champ des possibles. Nous souhaitons vivre dans une société ouverte, bienveillante. Nous l’appelons de nos vœux car nous imaginons mal vivre dans une société qui se replierait sur de fausses questions identitaires. Une société qui oublie de rêver nous semble en danger de dislocation. Nous avons besoin de couleurs, de mélanges, de métissages sur tous les plans ! Car comme l’a écrit Voltaire : « En dehors du genre ennuyeux, tous les genres sont bons ! »

Quel est le thème de ce spectacle ?

Fanny et Dominique : Il raconte avec humour le combat pour la conquête des droits des femmes des Calendes grecques à nos jours et surtout il parle du premier sacrifice de la femme pour l’homme qu’elle aime, qui a fait que depuis le malentendu a perduré. Pourquoi Rouge grec ? Rouge à cause du nez du clown, et grec parce que ce sont les grecs qui ont inventé la tragédie et la comédie, par exemple avec la première pièce féministe Lysistrata d’Aristophane, très subversive. Rouge grec est un spectacle féministe plein d’humour car nous aimons parler de choses graves avec un peu de légèreté. Venant du monde du cirque, du monde des clowns, du théâtre de rue et du théâtre populaire, le burlesque est notre registre d’expression favori.

C’est pour nous le meilleur moyen de relancer le débat sur des sujets de société parfois graves et qui nous tiennent à cœur. Mais offrir au public des occasions de rire nous semble important. En faisant ce travail, en recueillant les témoignages les plus variés, nous nous rendons compte tous les jours que la lutte pour les droits des femmes et des minorités de genre n’a jamais été aussi nécessaire, contrairement à ce que les plus jeunes pourraient croire, aucun de ces droits ne sont définitivement acquis et les droits des femmes sont les premiers que les gouvernements autoritaires cherchent à réduire, à supprimer. Les hommes aussi sont très concernés car ils souffrent de ce virilisme stéréotypé que le conformisme voudrait leur imposer. À la fin de notre spectacle Rouge grec, bien souvent les hommes et les femmes nous remercient et ont des choses à nous dire. Notre travail suscite les témoignages et nous réalisons alors que ce débat n’est jamais clos.

Précisions

Le travail de la compagnie Parthénope est soutenu par l’association TRAC (Théâtre des Réalités et d’Actions Culturelles) et vous pourrez retrouver le spectacle Rouge Grec

Le dimanche 5 juin 2022 à 17h à Goujounac dans le cadre de la biennale de Goujoun’art.

Ce spectacle traite de plusieurs siècles de combats féministes grâce à un volant permettant de remonter le temps lors d’une conférence imaginaire animée par Bonapartine Blancarte en compagnie de son assistante Bérangère Dujardin.

Rires et remise en question des stéréotypes et des préjugés, garantis !

LUC GÉTREAU                                    Actulot

Contact : Facebook : Compagnie Parthénope – Association TRAC : 06.64.20.44.30 – http://www.cieparthénope.fr