Prayssac: vif succès du film « Après l’hiver, le printemps »

ce 23 septembre, le film « Après l’hiver, le printemps » a rencontré un vif succès au cinéma Louis Malle !

Une belle soirée documentaire débat autour des enjeux du monde agricole dans notre région organisée par l’association Goujoun’art.

Avec ses 260 places, la salle de cinéma Louis Malle de Prayssac était pleine à craquer ce lundi 23 septembre pour accueillir la réalisatrice américaine Judith Lit et son documentaire d’une heure trente intitulé  Après l’hiver le printemps.

Judith Lit a tourné son film en Dordogne où elle habite une partie de l’année, en connivence avec ses voisins dont beaucoup sont agriculteurs.

Devant ces portraits d’anciens ou de jeunes qui se battent pour tirer un revenu de la terre et de l’élevage tout en respectant le vivant, chaque spectateur à pu reconnaître un voisin, des amis, des membres de sa propre famille et surtout retrouver les gestes, les racines et les valeurs, mais aussi les sagesses ancestrales mises à mal par la société de consommation.

Après l’hiver le printemps est un grand film, discret, habile, sans effets appuyés, sans pathos, mais magnifiquement filmé au plus près de ses « acteurs », dans une confiance évidente entre la réalisatrice et son sujet.

 La narration et le montage font alterner des témoignages vibrants de sincérité et les questionnements parfois inquiets de la réalisatrice au fil des jours et de ses découvertes.

Grâce aux rencontres que Judith Lit nous ménage avec ses voisins agriculteurs, tous les enjeux clefs du modèle agricole familial sont évoqués : la difficulté de la transmission et l’importance de l’initiation des plus jeunes au métier, les conditions permettant ou non la pérennité de l’activité, l’entrée en résistance d’un modèle de développement qui parie sur le bio, la diversification des productions, les circuits courts, la recherche d’une relation de confiance avec les consommateurs et surtout l’attachement viscéral à une sociabilité locale trop souvent mise à mal par une société devenue individualiste, matérialiste et urbaine.

L’image de l’agriculture familiale qui ressort du film est très juste, ni passéiste et folklorique, ni désespérée car la réalisatrice a su garder son cap. Une séquence évoquant avec des photographies noir et blanc sa propre enfance et les difficultés rencontrées par ses parents agriculteurs en Pennsylvanie dans les années soixante renforce encore la légitimité de son propos.

A chaque grande étape de cette chronique documentaire et agricole, des plages poétiques, des respirations en images, en musiques et en sons suggèrent les transformations de la nature et permettent de repenser à tout ce que nous venions d’entendre ou de voir.

A l’initiative de l’association Goujoun’art, cette projection était suivie d’un débat sur les enjeux du monde agricole.

Le public, composé de toute sorte d’acteurs du monde rural, a osé s’exprimer avec chaleur et conviction pour dire son émotion face au film, ses inquiétudes, ses espérances et pour confronter des visions parfois contradictoires sur la question de l’avenir du métier.

Cette soirée chaleureuse et riche en échanges aura aussi permis à Judith Lit d’expliquer la mise en œuvre de son documentaire : des tournages répartis sur quatre années permettant de restituer les mutations et le passage du temps dans chaque famille filmée, l’énorme quantité de rushs accumulés, les mois de montage et de finitions pour le son, l’image, la musique, autant d’éléments pour parfaire un travail artisanal souvent méconnu du public.

Au moment où le long métrage de fiction Au nom de la terre sort sur les écrans et aborde le thème douloureux du suicide des agriculteurs poussés à l’endettement, des initiatives comme cette projection débat se multiplient dans notre région, ce dont il faut savoir se réjouir.

Luc Gétreau