Brexit : l’inquiétude des 4000 ressortissants britanniques du Lot

Le suspense du Brexit, ses rebondissements, ses votes successifs et cette menace qui plane d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne, plongent la communauté britannique du Lot dans une incertitude mêlée d’inquiétude. Ces familles, ces retraités, ces couples installés depuis des années en Quercy tout en gardant des attaches sur leur île natale, se posent une foule de questions. Vont-ils rester, repartir au pays, tout vendre, acquérir la nationalité Française ?

Signe de cette préoccupation grandissante, le flot des demandes d’informations au bureau des migrations et de l’intégration (BMI) à la préfecture du Lot. L’augmentation de la fréquentation des Britanniques serait de 40 %. Étant donné le nombre de demandes, une plage de rendez-vous a été spécialement dédiée aux ressortissants du Royaume-Uni le mercredi de 14 heures à 16 heures.
Élisabeth Espitalié, fondatrice de l’association France- Grande-Bretagne, et installée à Cahors depuis 60 ans résume l’état d’esprit général : « Le Brexit, c’est l’horreur. Beaucoup ont voté pour et maintenant ils le regrettent et s’inquiètent énormément ».
Aujourd’hui, environ 4 000 Britanniques ont choisi de vivre dans le Lot. « Cette communauté qui aime notre département, il faut la rassurer, ramener de la sérénité » fait remarquer Jérôme Filippini le préfet du Lot. « Nous sommes comme tout le monde dans l’attente des décisions qui seront prises à Londres ». Même en cas de Brexit dur qui signifierait une sortie de l’UE sans accord, le préfet assure « leurs droits au séjour, à la sécurité sociale seront garantis ». Mais le départ de l’Union Européenne, aurait de toute manière une première conséquence pour les Britanniques élus dans des conseils municipaux, il y en a dans le Lot, à savoir l’obligation de démissionner. Un coup dur pour ces petits villages et ces «anglotois»  si attachés au pays des causses.

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Angela et Ronald ont peur de l’avenir

Angela, 61ans, et Ronald Barlow 66 ans, vivent en France depuis 2003. Après 5 ans à Castelnau-Montratier, ils décident en 2008 de vivre à Limogne. Angela perçoit une petite retraite d’employée de banque et paie ses impôts en France. Ronald lui est ancien policier de la Reine et en tant qu’ancien fonctionnaire est obligé de payer ses impôts en Angleterre. Le couple est déjà pénalisé, car il perçoit la retraite en livre sterling et au change en € il est énormément perdant. Le Brexit les préoccupe beaucoup et tous les deux pensent que la Première ministre britannique Theresa May doit affronter, quelles que soient les solutions proposées pour bien sortir de l’Europe, les ministres qui s’opposent à elle uniquement pour que celle-ci démissionne. Les Barlow ne souhaitent pas demander la nationalité française parce qu’ils ne maîtrisent pas bien notre langue. Mais ils ont peur pour leur avenir : s’il n’y a pas un bon accord de sortie : la couverture sociale en France sera-t-elle la même ? La frontière ? qu’ils franchissent avec leurs animaux domestiques plusieurs fois par an (le passeport pour les animaux sera obsolète et ils pourront plus passer la frontière sans être mis en quarantaine). Ils ont toute la famille en Grande-Bretagne, enfants petits enfants qui adorent aussi venir à Limogne passer les vacances.
En fin de semaine ils partent en Grande-Bretagne puis s’envoleront avec leurs enfants pour des vacances aux Canaries, sans tracasserie administrative pour l’instant. Ils n’envisagent par de quitter leur pays d’adoption.

Jean-Michel Fabre La Dépêche