Budget

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Jeune administré gourdonnais de 21 ans, Louis Crubillé s’est penché sur les comptes de sa commune et s’en affole. A la mairie, Marie-Odile Delcamp sourit et rassure.

À 21 ans, Louis Crubillé ne cache pas son intérêt pour la vie politique. étudiant en droit, militant à droite, il a été durant quelques mois le président du comité de soutien d’Alain Juppé, et n’exclut pas de solliciter un mandat dans un avenir proche.

Pour l’heure, sa passion pour la chose publique l’a conduit à analyser la comptabilité de sa commune, Gourdon. Depuis 2012, il suit avec la régularité d’un métronome la publication des comptes administratifs et des budgets prévisionnels de Gourdon. «Au titre de simple citoyen» précise-t-il.

Ainsi la semaine dernière, le citoyen Crubillé a-t-il remis le produit de sa gamberge, intitulé «étude comptable de la ville de Gourdon» à sa première magistrate, Marie-Odile Delcamp. Un document de 80 pages des plus sérieux, pour s’étonner entre autres de «marges nettes négatives depuis 2012, d’une capacité d’autofinancement négative, ou d’un recul étrangement lent de l’endettement global de la commune.

«Je ne comprends même pas que les services préfectoraux aient pu valider ces comptes» commente le jeune homme. Inspiré par la situation de Puy l’évêque, où la municipalité a dû réviser son budget après intervention de la cour des comptes, Louis Crubillé a le sentiment qu’il peut, lui aussi, faire retoquer le budget de Gourdon.

«Je vais demander rendez-vous à Mme la Préfète dès cette semaine» annonce-t-il. Elle aussi bénéficiera d’un exemplaire de son mémoire. «Ces comptes doivent être analysés par des professionnels», s’emballe-t-il imaginant même un prochain «placement sous tutelle».

«Rien de catastrophique»

Ce qui n’émeut pas particulièrement Marie-Odile Delcamp. La mairesse de Gourdon apprécie l’engagement d’un jeune homme dans la vie politique, reconnaît le travail qu’il a fourni, «mais il se trompe dans l’analyse» commente-t-elle. «Et nous n’avons pas attendu M. Crubillé pour faire appel à la cour des comptes».

Bref, Mme le maire ne voit pas matière à s’affoler quant à la situation financière de Gourdon. Pas que cette situation soit meilleure qu’ailleurs… mais pas pire non plus. Outre la baisse des dotations d’État depuis 2013, la capacité d’autofinancement gourdonnaise a souffert des «emprunts toxiques». «80 % de la dette était sous emprunts toxiques» explique Marie-Odile Delcamp. «Depuis 2008, nous sommes parvenus à investir 5 millions d’euros sans emprunter. Pour nous, 2016 sera l’année de la renégociation des emprunts toxiques. Et notre projet sur le tour de ville sera le premier emprunt de Gourdon depuis 2008. Preuve que notre situation n’a rien de catastrophique».

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