Cahors. Trois drive tests dépistent le virus

Les tests de dépistage du covid-19 ne sont pas systématiques et pour cause… Ils doivent intervenir au début des symptômes sinon ils ne présentent plus aucun intérêt, selon les biologistes lotois. Trois sites assurent ce dépistage dans le Lot, en plus de l’hôpital de Cahors.

Ce qui est important c’est de tester des patients en début de maladie, sinon le dépistage du covid-19 reviendra systématiquement négatif. Ainsi les biologistes de Cahors et les infectiologues résument toute la complicité du test dit « PCR, réaction de polymérisation en chaîne ».

 

À Cahors, seul le centre hospitalier de la ville et deux laboratoires du Groupe de biologie médicale Inovie sont autorisés à le pratiquer auprès de patients pris en charge par le Samu ou adressés par des médecins libéraux et disposant donc d’une prescription médicale adaptée. L’ensemble de ces prélèvements naso-pharyngés sont adressés pour analyse sur différentes plateformes hors département. Dès ce mercredi, un automate sera opérationnel à l’hôpital et permettra une analyse des tests sur place.

 

Gilles Desvaux, biologiste cadurcien, responsable du laboratoire Bio Fusion, a mis en place un centre de prélèvement fonctionnant le matin, sur le principe du drive. « Ce sont les médecins qui nous sollicitent. Nous appelons ensuite leurs patients pour établir le dossier administratif et épidémiologique, puis un rendez-vous est proposé. Les malades ne descendent pas de leur véhicule. Nous prenons toutes les précautions vis-à-vis de nos personnels ».

Même protocole pour Laurent Corallo et son associé qui gèrent le laboratoire d’analyse Bio3 et procèdent au dépistage tous les après-midi. « L’ARS nous a donné des recommandations qui portent sur des signes cliniques, les pathologies associées, la gravité de la maladie, etc. Il faut impérativement que le malade soit au début de la maladie, aux premiers symptômes, c’est très important », insiste le professionnel qui signale qu’ils sont d’ailleurs autorisés à refuser ce test. « Ce que nous sommes contraints de faire presque une fois sur deux ». Et d’ajouter : « Le PCR permet de rechercher le génome du covid-19, grâce à une technique d’amplification et de réaction. Cependant au-delà d’une semaine, il revient négatif à 99 %. Il n’est alors d’aucune pertinence, car il ne préjuge absolument pas d’une infection au virus ou pas de la personne ». Un constat que partage son confrère : « La technique de dépistage est validée et robuste, on assure des prélèvements rigoureux, mais encore trop de faux négatifs reviennent ».

Pour le laboratoire d’analyse de la rue Victor Hugo, ce sont entre 6 et10 examens par jour avec écouvillons qui sont pratiqués par les préleveurs.

Quant aux sites privés agrémentés dans le Lot, ils ne seraient donc que trois, en comptant celui de Figeac.

Bio 3 a fait le choix de ne pas décliner cette activité ni à Souillac, ni à Gourdon. « Si on multiplie les sites de prélèvement, on multiplie aussi l’usage des protections et des moyens, ce n’est pas pertinent en termes de gestion des stocks qui sont limités. Notez que c’est pour cela aussi qu’un même préleveur assure l’intégralité de la série quotidienne de tests, pour éviter un changement de blouse, de charlotte et de masque », mentionne Laurent Corallo.

Quant aux résultats, ils sont connus dans la journée, ou au plus tard dans les 24 heures et sont adressés au médecin prescripteur.

À Figeac, devant le laboratoire de biologie médicale Sylab situé combe de Lavayssière, une tente a été installée sur le parking pour accueillir les patients à tester ; pour l’heure, essentiellement du personnel soignant. Ceux-ci ne sont reçus que l’après-midi pour éviter tout contact avec les autres patients, le laboratoire étant depuis le début du confinement ouvert seulement le matin au public.

En attente de nouveaux tests

Le groupe Inovie est en train de mettre en œuvre les tests sérologiques par prise de sang. Rapides, ils présentent l’intérêt de détecter les anticorps donc l’immunité, au-delà de 7 jours. « Ce nouveau dispositif de dépistage permettra de dresser un état des lieux de l’immunité de la population pour établir au mieux la stratégie de déconfinement. On espère pouvoir commencer d’ici 15 jours à Cahors », mentionne Laurent Corallo du laboratoire Bio3.

Enfin, sachez que le laboratoire départemental d’analyse du Lot a proposé ses services à l’Agence régionale de santé pour un dépistage PCR. « Nous sommes candidat et nous attendons l’agrément de l’ARS, déclarait hier Serge Rigal, président du conseil départemental. Nous voudrions proposer une unité mobile ».

200 tests pratiqués dans le Lot en trois semaines… Seulement 200, devrions nous dire, pour près de 172 000 habitants. Alors pourquoi un si faible dépistage ? Qui peut en bénéficier ou pas ? Qui décide ? Autant de questions que légitimement chacun se pose…

Hier soir, Benoît Ricaut-Larose, directeur adjoint du 1er recours de l’ARS Occitanie a répondu à nos interrogations.

« Il n’y a pas de dépistage systématique mais des mesures ciblées en direction des patients hospitalisées, des personnels de santé présentant des symptômes évocateurs, des femmes enceintes, des donneurs d’organe, ainsi que les trois premiers individus présentant des symptômes du Covid-19 dans les structures collectives hébergeant des personnes âgées ou fragilisées, tels que les Ehpad ».

Cette liste cible en effet les personnes référencées par les autorités publiques comme prioritaires compte tenu aussi de leurs signes cliniques et des facteurs de risque et déclenchant donc une procédure de dépistage.

Dans le Lot, une plateforme Covid-19 coordonne la coopération territoriale, elle est pilotée par le centre hospitalier de Cahors.

« Quant aux laboratoires d’analyses médicales, ils sont dans leur rôle quand d’après leur jugement médical, ils considèrent que le patient ne correspond pas aux critères de dépistage du PCR », précise Benoît Ricaut-Larose.

Enfin, on retiendra dans la publication épidémiologique du 2 avril de Santé publique France, ces données : « Au 31 mars, sur 28 846 tests réalisés, 8 660 sont positifs pour le SARS-CoV-2 soit un taux de positivité de 30 %. Le taux de positivité est de 24 % pour les prélèvements réalisés en laboratoire de ville et de 42 % pour ceux en provenance d’une structure hospitalière ».

Lae. B. et A. L. La Dépêche