Caminel, son histoire réelle ou rêvée…

caminelNous sommes le jeudi 11 août. À Caminel, un lieu-dit tirant en partie son nom de « cami » (chemin en patois), situé entre Fajoles et Masclat, « ol mé del mounde » (le centre du monde), c’est aujourd’hui la foire. Une foire pittoresque dont l’origine remonte au Moyen-Âge qui s’étend chaque année au milieu des bois sur plusieurs hectares, à l’ombre de châtaigniers millénaires.

Ici, accompagné de chansons de Mike Brandt, on longe traditionnellement les allées noires de monde pour s’approvisionner entre autres en primeurs, surtout en melons, ainsi que l’on toujours fait les ancêtres et on plonge rapidement dans le passé. Avec les joueurs de rampeau, un jeu de quilles typique du sud-ouest de la France à deux euros datant de plus de cent ans. Avec Jean-Claude Parrot de Cazals, membre de l’Association quercynoise des vieilles mécaniques, éleveur avec son épouse de perroquets à la main, à ses heures fabriquant de cordes à la manière de la Corderie Royale à l’aide d’une machine ancestrale. Avec le doyen de la foire Auguste Bayol, venu à l’âge de 99 ans et demi de Belfort-du-Quercy en famille pour vendre sa production d’ail violet.

« J’aurai cent ans dans six mois, le 6 mars 2017. Mon secret ? Bien manger, bien dormir et travailler. Ce qui m’a toujours préoccupé, intéressé, c’est le travail. Je suis le plus ancien de la commune de Belfort-du-Quercy. Je prends le permis de chasse, je conduis la voiture et le tracteur. Nous semons l’ail à la machine mais c’est moi qui conduis. J’ai préparé une tonne d’ail au mois de juillet, en sacs, en tresses. Personne ne peut me remplacer. Il faut avoir la main sinon on n’y arrive pas.

Caminel, c’est une foire extraordinaire, vous savez ! Je ne l’ai pas loupé une seule fois parce que dès que j’ai commencé, j’ai eu le coup de foudre. Je ne connaissais personne alors. J’ai tellement d’amis ici aujourd’hui. Ils viennent tous me voir par plaisir. Ce qui fait les amis, c’est aussi l’ail que l’on vend. Les gens me connaissent. J’ai toujours été honnête au niveau de la qualité et des prix. L’honnêteté, c’est ce qu’il y a de plus important dans la vie. Être honnête, ne rien avoir de désagréable sur la conscience est primordial. Je n’ai jamais eu un seul reproche. D’ailleurs, à mon âge, on ne fait plus de bêtises, on n’a plus le droit d’en faire » raconte le nonagénaire, sourire aux lèvres, avant de recevoir la visite de la « patronne du marché ».

L’homme est extrêmement chaleureux, jovial et se plaît à relater quelques anecdotes de Caminel.

« En 1970/1971, nous étions dans le pré. Je me souviens d’une année où il avait tellement plu qu’il a fallu des tracteurs pour sortir les voitures. Je me souviens d’une autre où un gars est arrivé ici avec des melons qui ne valaient pas chers. Les gens les lui ont jetés à la figure après. Il avait fait beaucoup de publicité ! » souligne-t-il occupé à vendre sa marchandise.

Le stand ne désemplit pas. Auguste Bayol serre les mains, embrasse. Le bonheur valse dans ses yeux.

L’histoire de la foire de Caminel

Dans les manuscrits du chanoine Albe déposés à l’évêché de Cahors, on relève qu’à Caminel existait jadis un prieuré de chanoines réguliers dépendant de la maison d’Artigues en Limousin.

Les moines auraient instauré cette foire d’échange entre régions pour attirer le monde en ces lieux, sur le 45e parallèle. Une fête religieuse s’y serait déroulée le 10 août, veille de la foire. En pèlerinage, les habitants priaient pour qu’il pleuve et que les récoltes soient belles.

L’église, placée sous le vocable de Saint-Laurent au milieu du foirail actuel, aurait subsisté très longtemps. La légende veut qu’elle ait appartenu aux Templiers.

La légende, qui se répète au cours des temps, veut aussi que les moines disaient aux habitants de la région « Ici, c’est le centre du monde. » et les invitaient à leur apporter de l’huile de noix pour graisser l’axe autour duquel ce monde tournait.

Il reste très peu de vestiges de cette période. En contrebas d’un bois se trouve un puits caché dans les ronces que les gens du pays disent être le puits du monastère. Mais il faut savoir que dans les années 60, dans le pigeonnier de Caminel, le percepteur de Payrac collectait encore les impôts.

Annie Durand La Vie Quercynoise

Plus d’informations