De l’eau de minerai de carrière déversée dans le Célé

Ce mercredi après-midi, des riverains de Bagnac-sur-Célé  ont remarqué un étrange phénomène dans le Célé : la rivière s’est teintée d’une couleur laiteuse. En cause : une pollution, a priori sans danger, causée par un accident au niveau de la carrière de minerai de Bagnac. Explications.

Quand ils ont baissé les yeux, ce mercredi après-midi, ils ont cru rêver. D’un coup, la rivière du Célé était devenue blanche et laiteuse. « C’est un pêcheur qui m’a donné l’alerte aux alentours de 16 heures, lui a fait demi-tour, impossible de pêcher dans une eau pareille », raconte Marc Hermé, trésorier de la société de pêche et par ailleurs membre de l’association de sauvegarde du Célé qui habite au bord de l’eau, à Bagnac-sur-Célé. Quand il s’est approché, il a alors découvert ce voile opaque qui a recouvert la surface de l’eau. « À 19 heures, c’était toujours aussi laiteux mais ce jeudi matin, le phénomène s’était doucement résorbé », précise-t-il.

Un voile opaque a recouvert la surface.
Un voile opaque a recouvert la surface. DR Olivier Pons

Ce n’est pas la première fois qu’il assiste à une telle scène : « Il y a une quarantaine d’années on observait ça tous les ans ».  Même observation, à quelques pas de là par Olivier Pons, un habitant qui vit aussi près du Célé et qui connaît la rivière depuis qu’il est enfant. « J’ai tout de suite vu une couleur anormale, légèrement turquoise qui ressemblait à l’eau des torrents qui descendent de la montagne et sont chargés en minéraux, c’était assez impressionnant « , explique-t-il. Lui n’a senti aucune odeur et n’a pas remarqué de poisson mort à la surface.

Une cuve déversée accidentellement

Ce jeudi matin, le phénomène s'est résorbé.
Ce jeudi matin, le phénomène s’est résorbé. DR Olivier Pons

Ce jeudi matin, alors que l’aspect laiteux avait disparu, le maire de Bagnac s’est rendu sur place accompagner des pompiers. Il faut dire que la scène n’est pas passée inaperçue. Alors comment expliquer un tel phénomène ? D’après les éléments recueillis par la Dreal, il s’agirait d’eau de lavage, déversée accidentellement dans le Célé depuis le site de la carrière de minerai de Bagnac exploitée par la Société des carrières du Massif Central. « Une cuve de stockage contenant de l’eau de minerai de carrière, chargée en argile et en floculants ( NDLR une substance utilisée dans les procédés de  traitement de l’eau qui vise à améliorer la filtration) s’est retrouvée dans la rivière », confirme de son côté la préfecture du Lot.

La carrière de minerai de Bagnac d'où s'est déversée la cuve.
La carrière de minerai de Bagnac d’où s’est déversée la cuve. DDM Jean-Claude Boyer – boydo

« Les produits déversés ne sont pas dangereux pour la santé », précisent les services de la préfecture. Par ailleurs, les résultats des analyses réalisées par la Dreal confirment qu’aucun impact ne devrait être constaté sur la faune et la flore notamment les poissons » au vu de la fiable concentration en toxicité ».

Par sécurité, les installations de la carrière ont été fermées. « La cuve s’est déversée pendant dix à quinze minutes suite à un dysfonctionnement technique sur un procédé de traitement des eaux de la carrière », souligne Fabrice Martin, le chef d’agence de la Société des carrières du Massif central. Selon lui, « seulement quelques mètres cubes d’eau se sont échappés » : « Il ne s’agit que d’eau et d’argile, il n’y a rien de dangereux et pas d’inquiétude à avoir, les floculants sont présents en très faible quantité et respectent le seuil d’acceptabilité dans l’environnement, on fait toutes les investigations nécessaires ».

Par prévention, la station de traitement de l’eau de Figeac a été mise à l’arrêt jusqu’à ce jeudi en fin d’après-midi. Celle de Prentegarde, sur la commune de Bagnac, est quant à elle, toujours à l’arrêt. Selon la préfecture du Lot, cette dernière pourrait aussi reprendre son activité ce jeudi soir. Les habitants peuvent continuer de consommer de l’eau potable, jusqu’à nouvel ordre.

L’inquiétude du syndicat mixte Célé Lot-médian

 » Il y aura forcément un impact sur l’environnement car la turbidité a été assez élevée, le nuage est passé jusqu’en aval de Figeac. Je suis surpris que cette cuve se déverse directement dans le Célé où vivent des poissons comme le Chabot et la Lamproie de Planer, des espèces patrimoniales qu’on a de la chance d’avoir sur cette rivière assez préservée. Des zones de reproduction sont situées sur cette portion du Célé, il est possible que suite au dysfonctionnement, ces espèces fragiles aient pu être colmatée », regrette Joël Trémoulet, le président du syndicat.

Manon Adoue La Dépêche

colmatage des branchies

Une forte turbidité réduit la clarté de l’eau, donc la photosynthèse, ce qui menace la survie des poissons et des autres communautés biologiques, les symptômes étant le ralentissement de la croissance des plantes, l’atterrissement des frayères et le colmatage des branchies des poissons.