Entretien avec le président de l’Association des Campings du Lot.

Qu’est-ce que cela signifie aujourd’hui, que de gérer un camping ?

Christian Moncoutié : L’accueil en camping a beaucoup évolué ces dernières années. À présent, il s’agit de proposer des services en même temps qu’un éventail de styles d’hébergements. Nous sommes bien loin de l’époque où les vacanciers arrivaient avec leurs toiles de tente. D’abord est arrivé le temps des caravanes, puis est venu celui des camping-cars. Depuis plusieurs années on retrouve du locatif, en dur, sur les terrains de camping. D’où, au fil du temps, des accueils différents et des prestations adaptées à la demande, laquelle est en quête de toujours plus de confort.

Combien de temps durent les périodes de location ?

Au regard de notre situation géographique, ici à Saint-Pierre-Lafeuille, nous sommes plutôt considérés comme un camping de passage, même si l’arrivée de l’autoroute a beaucoup changé la donne en entraînant une baisse importante de la fréquentation. C’est d’ailleurs pour faire face à cette situation que nous avons installé des mobile-homes et des chalets. Grâce à ces deux dernières composantes, nous pouvons miser sur du séjour. La partie « passage » perdure tout de même, car les gens qui descendent vers le sud et vers l’Espagne, s’arrêtent pour une nuit ou deux, histoire de faire une pause.

La durée du séjour dans le locatif de camping s’affiche à la baisse, la plupart du temps, de deux ou trois jours et en deçà de 15 jours. D’où l’obligation pour nous, de nous adapter avec une gestion de planning véritable casse-tête chinois. De plus, le phénomène de la réservation de dernière minute est devenu courant et nous avons à faire face à la concurrence des plateformes communautaires payantes de location et de réservation de logements de particuliers, qui impactent le marché du camping.

Au fil de la saison, sur une année, combien de personnes fréquentent votre camping ?

Si l’on s’en tient à la taxe de séjour, on peut considérer que la moyenne de fréquentation se situe entre 3 000 et 5 000 personnes, en fonction des années.

Comment se ventile cette fréquentation, du point de vue de l’origine géographique de votre clientèle ?

Nous comptons une part importante d’étrangers, à la fois parce que nous sommes sur la route du sud et parce que notre département est prisé par les Néerlandais et les Anglais, quoique cette clientèle accuse une baisse depuis plusieurs années. Parmi les étrangers, s’arrêtent également chez nous en grand nombre des Belges, des Espagnols et des Danois, souvent curieux de connaître le coin où leur reine vient passer les vacances.

Quel est l’éventail des services que l’on peut trouver en camping ?

En fonction des établissements, les services et animations diverses, peuvent être succincts ou étoffés. À présent, la plupart des campings du Lot sont équipés d’une piscine ; une prestation très demandée par la clientèle, notamment en raison des périodes caniculaires de plus en plus fréquentes. Au niveau de la restauration, de nombreux campings proposent soit du snack, soit du restaurant, des repas à emporter, etc. Un certain nombre de campings disposent d’un dépôt de pain, mini-épicerie… Parfois il est possible de bénéficier d’un service de réservation de prestations extérieures… Des campings proposent des clubs enfants avec des animateurs. La palette des services peut être très large, en fonction de la taille de la structure et de son emplacement géographique.

Vous avez évoqué l’incidence des variations météorologiques ; est-ce une inquiétude pour l’avenir ?

« Le tourisme de plein air est comparable à l’agriculture, car très dépendant de la météorologie »

Le tourisme est comparable à l’agriculture car il dépend beaucoup de la météorologie. Personnellement, en tant qu’agriculteur biologique à mes heures, au regard de l’évolution mesurée ces dernières années, je crains que nous allions au-devant de la catastrophe. Lotois d’origine, fils d’agriculteur, j’estime que nous ne prenons pas suffisamment en compte les alertes qui pourtant viennent de toutes parts. Je me rends compte que nous connaissons depuis quelques années des périodes de sécheresse qui n’existaient pas par le passé avec une telle intensité.

Selon vous, que recherche le campeur aujourd’hui ; qu’est-ce qui caractérise sa démarche ?

Il y a plusieurs types de campeurs en fonction du lieu où il séjourne. Ceux qui optent pour un département comme le nôtre, sont des personnes qui recherchent une certaine proximité avec la nature, la découverte. Bien souvent ce sont des amateurs de petite randonnée. À ce sujet notre département est porteur pour l’avenir et notamment grâce aux voies vertes qui devraient voir le jour, car c’est là une voie attendue par les vacanciers. Avec le développement du vélo électrique, ce produit pourra s’adapter à tout le monde. Pour le Lot, il y a là une opportunité extraordinaire. Tranquillité, découverte et ressourcement sont des atouts majeurs pour le Lot.

Le camping dans le Lot a-t-il de beaux jours devant lui ?

Oui, le camping dans le Lot pourrait avoir de beaux jours devant lui. Néanmoins, les gérants de campings sont soumis à rude concurrence de la part d’intervenants, type les plateformes Airbnb, Booking…, qui inondent la planète internet en communication. Il y a aussi l’accueil gratuit du camping-car sur des terrains municipaux. En effet, beaucoup de municipalités, au prétexte que le camping cariste serait la poule aux œufs d’or, qui apporterait un plus pour les commerces locaux, développent des accueils gratuits qui nous sont préjudiciables. Nous ne sommes pas opposés à ce que des collectivités créent des accueils, mais encore faut-il que ces accueils soient tarifés à un prix juste. Nous nous battons au niveau national pour que la réglementation en la matière fasse en sorte que la concurrence soit loyale et non pas comme c’est le cas en ce moment, y compris dans le Lot, où trop de communes font la part belle aux camping-cars, avec des aires gratuites ou semi-gratuites à notre détriment. Alors que cela fait des années que nous avons réalisé les investissements nécessaires pour accueillir les camping-cars en construisant des aires de vidange. Étonnant que des municipalités n’aient pas conscience de cette situation !

Entretien réalisé par JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

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