Faut-il avoir peur des chauve-souris?

Les chauves-souris sont passées du statut de cousines sympathiques de Batman et Dracula à celui de principale espèce accusée dans la transmission à l’Homme du fameux virus SARS-CoV-2 entraînant la pandémie mondiale de Covid-19 qui a déjà fait plus de 200.000 victimes à travers la planète. Entre vérités, spéculations et fantasmes, il serait peut-être temps de tirer au clair leur rôle dans toute cette affaire et d’évaluer leur danger supposé pour la société.

Pour cela, rien de mieux qu’un avocat de rigueur en la personne du Lotois Claude Milhas, éminent spécialiste des chiroptères officiant notamment au sein du Conservatoire naturel Midi-Pyrénées et du Parc naturel régional des Causses du Quercy.

Un virus oui, celui de la rage

« Une chose est sûre en la matière, les chauves-souris peuvent transmettre un virus à l’Homme : celui de la rage » explique-t-il. Toutefois, il semble important de préciser que vous ne risquez pas d’être attaqué de sitôt par une chauve-souris ! « Les contacts physiques sont extrêmement rares, le principal danger c’est d’être mordu mais ça n’arrive jamais, à moins que vous en ramassiez une à terre alors qu’elle est blessée » ajoute-t-il. Selon lui, on recense en Europe, depuis les années 1950, quatre décès d’individus atteints par la rage transmise par une chauve-souris. Autant dire qu’il ne s’agit pas là d’un péril imminent pour l’espèce humaine.

Pourtant, au début des années 2000, la chauve-souris était déjà pointée du doigt dans la transmission du SRAS à l’homme. « Il est avéré que les chauves-souris peuvent être porteuses de coronavirus souvent responsables de graves infections respiratoires. Toutefois, elles ne peuvent directement le transmettre à l’Homme. Il faut pour cela qu’il y ait un animal intermédiaire et que le virus en question mute » affirme Claude Milhas qui ajoute : « c’est ce qui s’est vraisemblablement passé avec le SRAS en Chine via la civette vendue sur un marché à animaux sauvages ». Rebelote fin 2019 à Wuhan ? Certains experts mettent en avant le rôle du pangolin dans la transmission aux humains du coronavirus.

Pangolin

Le Lot, un milieu idéal

À la lumière de ces informations, on peut d’ores et déjà écarter l’hypothèse farfelue de la soupe à la chauve-souris qui circulait massivement sur les réseaux sociaux au début de l’année. Mais alors, faut-il avoir peur de ces animaux volants tapis dans l’ombre ? « Absolument pas ! » répond Claude Milhas. D’autant que ce serait difficile dans le Lot, département qui en compte une importante population.

« Le département du Lot est très préservé ce qui en fait un milieu propice à leur développement » explique ce passionné qui observe toute l’année ces petits animaux protégés. Inutile donc de les fuir ou de les chasser dans votre grenier, la cohabitation a toujours fonctionné. Et cela n’est pas prêt de changer ! D’autant qu’elles nous sont tout de même bien utiles et dévorent, chaque nuit, entre 1000 et 2000 petits insectes parasites, rendant un fier service notamment aux agriculteurs du département.

M. Trédan La Dépêche