Fermeture temporaire de la maternité de Sarlat : les futures mamans doivent aller accoucher ailleurs

A l’issue d’une rencontre entre la direction de l’hôpital et l’équipe de la maternité mardi 28 mars, les informations sont plus précises. Le plateau technique de la maternité va fermer dès cette semaine et jusqu’à la mi-avril, date à laquelle un nouveau point sera fait pour déterminer si le plateau technique peut rouvrir. Si le recrutement n’est pas suffisant, le plateau restera fermé jusqu’à la fin du mois d’avril.

Pas assez de médecins sur place

Sans surprise, c’est le manque de médecins qui explique cette mesure radicale. Pour qu’une maternité tourne en toute sécurité, il faut un gynécologue obstétricien, un pédiatre et un anesthésiste. Mais à Sarlat, deux postes au moins sur les trois sont vacants, assurés par des intérimaires. La direction tente de recruter des praticiens, mais comme partout, ils ne se bousculent pas.

La Loi Rist n’arrange rien

Le principe de la loi Rist (du nom de la députée Renaissance) qui entre en vigueur le 3 avril prochain, est de baisser les tarifs des gardes assurées par des médecins intérimaires en les bloquant à 1170 euros par jour pour éviter la surenchère. Ces tarifs viennent d’être réévalués pour passer à 1390 euros mais pas sûr que cela suffise à convaincre ces médecins. Les difficultés de la maternité de Sarlat en sont un exemple, mais d’autres centres hospitaliers et d’autres maternités sont également concernés.

Effets espérés de cette loi : faire que les intérimaires pérennisent un emploi sur place au lieu de courir le cachet en intérim et lutter contre les excès du coût des médecins volants qui se dirigent naturellement vers les hôpitaux « les plus offrants » dans cette période de pénurie. Le principe est louable, les conséquences immédiates sont néfastes.

Reporter la faute sur les intérimaires

Faute de regarder comment il en est lui-même arrivé là, le ministère préfère accuser les médecins intérimaires de profiter de la situation. S’attaquer aux conséquences les plus visibles plutôt qu’aux causes profondes. Il a donc prévu le plafonnement des 24h de garde à 1 390 euros bruts, alors que, dans des cas (rares et extrêmes), cette somme pouvait être jusqu’à 4 fois plus élevée. Désormais, un hôpital public qui versera aux médecins intérimaires des rémunérations supérieures à 1 390 euros bruts pour 24 h de travail ne sera plus remboursé par le comptable public. 

Pour rappel, depuis la crise sanitaire, il y a eu surenchère des hôpitaux pour s’arracher les quelques médecins prêts à effectuer ces intérims. En 2021, cette désorganisation du système aurait coûté 359 millions d’euros au ministère de la Santé.

Si la situation n’est pas encore critique dans les grands CHU, les petites structures aux ressources moindres risquent de se voir encore affaiblies par cette nouvelle loi. Car avec des salaires plafonnés, les médecins intérimaires iront simplement au plus proche de chez eux, dans les grandes agglomérations, ou dans les structures les moins en tension. Ils déserteront encore plus les petits hôpitaux périphériques comme celui de Sarlat ou de Cahors, qui sait déjà qu’il devra fermer des services. L’impact peut être considérable sur les secteurs les plus touchés, urgences, anesthésie, orthopédie.

Conséquence immédiate : Il faudra accoucher ailleurs

A la maternité de Sarlat, 18 futures mamans espéraient accoucher à Sarlat en avril. Elles devront aller donner naissance à leurs bébés ailleurs. Elles ont été prévenues par les équipes de la maternité. Ce sera Périgueux, Bergerac, Cahors ou Brive, même si ces dernières sont, elles aussi, confrontées à un manque de médecins.

L’Agence Régionale de Santé annonce qu’elle prendra en charge les déplacements et les nuits d’hôtels des futures mamans concernées par cette fermeture. Elles auront droit à cinq nuits d’hôtels notamment.

Fermeture provisoire, vraiment ?

La crainte des défenseurs de la maternité, c’est aussi que la fermeture de Sarlat ne soit pas si provisoire qu’elle semble l’être. La pénurie de médecins pourrait-elle servir de prétexte à l’ARS pour fermer définitivement l’établissement ? Hypothèse pas si farfelue, car elle irait dans le sens du rapport d’Yves Ville, chef de la maternité de Necker à Paris, qui préconise de fermer 111 petites maternités sur les 452 que compte la France

L’ARS rassure sur l’avenir de la maternité

Benoît Elleboode, Directeur général de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, se veut rassurant. Selon lui, la crise est purement conjoncturelle, liée au bras de fer entre la loi Rist appliquée par le ministère et les intérimaires qui la contestent. Et il dit avoir constaté ailleurs que ces derniers réintègrent peu à peu les plannings. Tout devrait rentrer dans l’ordre, peut-être lors de la deuxième quinzaine d’avril, espère-t-il. Dans tous les cas, il se porte garant de l’avenir de la maternité de Sarlat à long terme, un « besoin ayant été identifié » sur le secteur lié notamment à un phénomène de « rurbanisation » qui profite à la population des villes moyennes.

Cette situation n’est pas sans rappeler celle de la maternité de Gourdon. Espérons qu’elle ne se termine pas de la même façon. Pour rappel, cette dernière a été fermée au début des années 2000.

D’après les articles de France Info et France 3, France bleu