Fêtes des pères – une déclinaison opportuniste de la Fête des mères?

Sans nier son caractère mercantile, l’histoire de la Fête des pères, célébrée ce dimanche 19 juin, est autrement plus intéressante et complexe.

Des racines chrétiennes à la célébration laïque mondialisée

Bien qu’elle ne fût pas désignée ainsi, la Fête des pères trouve ses premières traces dans l’Antiquité gréco-romaine, durant laquelle se tenait chaque mois de février une cérémonie rendant hommage aux pères défunts.

Mais c’est à partir du Moyen Âge que nous trouvons les racines de l’évènement tel qu’il est aujourd’hui encore fêté dans les pays catholiques. Celui-ci se tenait alors le 19 mars à l’occasion de la Saint-Joseph, en référence biblique au père nourricier du Christ. Autrefois simplement désigné comme l’époux de Marie, Joseph s’est petit à petit imposé comme une figure majeure de la chrétienté, méritant d’être loué et remercié pour sa bienveillance et sa protection.

Toutefois, il fallut attendre le 19e siècle pour que cette Fête des pères trouve sa place dans le calendrier religieux, à l’initiative du pape Pie IX. C’est ce dernier qui fixa officiellement la date du troisième dimanche après Pâques et désigna Joseph comme patron de l’Église universelle.

À l’heure actuelle, plusieurs pays de tradition catholique ont conservé la date du 19 mars : l’Italie, la Suisse, l’Andorre, le Portugal, l’Espagne, la Bolivie ou encore la République du Honduras, pour ne citer qu’eux.

Du 19 mars au troisième dimanche de juin

La toute première Fête des pères détachée de toute signification religieuse remonte au tout début du 20e siècle aux États-Unis, sous la présidence de Calvin Coolidge. Elle est née des demandes répétées d’une institutrice nommée Sonora Louise Smart Dodd, estimant alors que les pères étaient tout aussi méritants que les mères. La jeune femme, ayant perdu sa mère dans sa petite enfance, souhaitait rendre hommage à son père, Henry Jackson Smart, qui a élevé seul ses six enfants. La première célébration s’est déroulée le 19 juin 1910 — quelques jours après l’anniversaire du père de Dodd — dans la ville ouvrière de Spokane (Washington), avant d’être généralisée à l’ensemble du pays en 1924.
En 1966, le président Richard Nixon fixe la date de l’évènement, désormais baptisé Father’s Day, au troisième dimanche de juin, mais ce n’est qu’en 1972, qu’il devient une fête nationale, assortie d’un jour férié.
L’influence nord-américaine a eu un grand impact sur de nombreux pays du globe, qui ont ajouté cette célébration à leur calendrier. C’est notamment le cas des Philippines, du Costa Rica, du Canada et du Japon, marqué par l’arrivée des troupes américaines au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

Et la France dans tout ça ?

En ce qui concerne le pays de Molière, difficile de nier le caractère commercial de la démarche. L’idée d’une Fête des pères a été lancée par le fabricant de briquets Flaminaire dès 1949, désireux de faire connaître ses produits au grand public. En 1950, l’enseigne bretonne décide de tenir l’évènement le troisième dimanche de juin — soit en même temps qu’aux États-Unis — au cours d’une campagne publicitaire déclamant fièrement : « Nos papas nous l’ont dit, pour la Fête des pères, ils désirent tous un Flaminaire. » Ce slogan accrocheur remportera tous les suffrages et popularisera grandement le briquet à gaz, véritable innovation pour l’époque. La cigarette, jusqu’alors considérée comme un attribut résolument masculin, apparaît comme l’incarnation de la virilité et de la maturité. Conséquence logique : le briquet devient l’accessoire indispensable de l’homme moderne et du père de famille avisé.
L’opération est un tel succès que la Fête des pères se voit officialisée par décret en 1952, lequel fixe sa date au troisième dimanche du mois de juin.

Source la nouvelle republique