Figeac: Pour ou contre une grande communauté de commune?

 Un collectif d’une dizaine de maires trouve que le « gigantisme » de la communauté pose d’importants problèmes de fonctionnement; le président du Grand Figeac répond:

Après quelques jours de réflexion, le président du Grand Figeac, Vincent Labarthe, a finalement choisi de répondre au collectif des maires créé à l’initiative d’une petite dizaine d’élus du territoire (lire notre édition du 30 mars). « Nous avons été destinataires d’un mail anonyme portant le nom de ce collectif des maires. Dès lors que ce n’est pas signé, je n’ai évidemment pas répondu. Aujourd’hui je n’ai toujours pas reçu de sollicitation de ces élus qui ne se sont pas exprimés non plus lors du dernier conseil communautaire » regrette Vincent Labarthe qui juge « ahurissant cette méthode ». Face aux critiques, le président reconduit à la tête de la communauté de communes en juillet dernier plaide pour le dialogue et réaffirme sa volonté d’ouverture.

« Le pacte de gouvernance que j’ai souhaité n’était pas obligatoire. Mon idée est d’associer le plus de conseillers municipaux au projet. Je voudrais rappeler que j’ai un exécutif par semaine avec les 15 vice-présidents élus par leurs pairs, une réunion de bureau par mois, un conseil communautaire par mois et une conférence des maires par trimestre. J’ai souhaité en outre mettre en place le comité de développement et de prospective qui, j’en suis certain, nous apportera beaucoup. J’ai instauré également deux fois par mandat les rendez-vous communaux où je passe dans chaque commune avec une réunion publique le soir. Je crois sincèrement qu’en termes de démocratie et de démocratie participative on ne peut pas reprocher grand-chose au Grand Figeac ».

Quant à la taille XXL de la communauté de communes dénoncée par certains maires, Vincent Labarthe reprend l’histoire du Grand Figeac. « On a une communauté de 2e génération issue de la fusion de quatre communautés, de 14 syndicats. On ne l’a pas fait par plaisir mais pour aller chercher 2 millions de recettes par an. Cela nous a permis d’investir massivement, ce qui montre l’intérêt de pouvoir porter un projet collectif. La communauté est une jeune collectivité. Elle a un peu plus de 20 ans et en 20 ans, il a fallu en absorber des compétences. On en a pris beaucoup aux communes, je le sais, j’ai été maire pendant 23 ans. Je suis très clair sur le sujet : je souhaitais un moratoire sur la gestion des périmètres intercommunaux, ce qui est en train de se faire et j’en suis heureux ».

Pour Vincent Labarthe, la force du Grand Figeac réside dans les grands projets rendus possibles au profit de tout le territoire. « Beaucoup de réalisations ont été mises en route sans toucher aux finances communales, comme le haut débit, le centre de santé, le service urbanisme, le réseau des médiathèques, le Pays d’art et d’histoire, le CIAS ou encore le projet de voie verte. Cela a été fait à fiscalité quasi-constante. C’est une performance qui nous a été permise par les fusions. Nous n’avons pas fait le choix comme Toulouse ou d’autres d’augmenter les impôts de plus de 10 % ».

Le président souhaite rassembler et fédérer autour d’un projet partagé. « Il faut essayer de faire communauté. Ce n’est pas toujours simple. Sans polémique, j’aimerais ramener ceux qui pensent que la solution est dans une communauté plus restreinte à la raison. On a tout à y gagner à jouer collectif ». Le collectif justement qui, pour Vincent Labarthe, prend tout son sens.

Audrey Lecomte La Dépêche 8 avril

La maire d’Albiac plaide pour un travail en groupe plus restreint au sein de commissions territoriales ou encore pour la possibilité de poser des questions écrites lors des conseils communautaires.

Une crise de confiance couve-t-elle au sein du Grand Figeac ? La question se pose alors qu’un collectif de maires issus du territoire vient de voir le jour. Une petite dizaine d’élus – qui se défendent de toute appartenance politique – ont en effet décidé de se regrouper pour faire entendre leur voix au sein de la collectivité. « Ce n’est pas du tout un groupe d’opposition mais de proposition » tient à préciser Laurent Martin, maire de Fons qui pointe du doigt un fonctionnement complexe et finalement trop éloigné du terrain. « 92 communes, 126 conseillers communautaires et 1070 élus sur le Grand Figeac, décompte l’ancien délégué communautaire. C’est quand même énorme ! Le nombre de conseillers fait qu’on n’arrive jamais à travailler sur le fond des dossiers ». Difficile dans ces conditions de trouver sa place et d’exprimer ses idées. Un sentiment partagé par Guy Batherosse, maire de Capdenac-le-Haut : « c’est ce gigantisme de la communauté qui rend très difficile l’implication de toutes les communes. Le désir est d’être impliqué beaucoup plus tôt ». Pour ces élus de terrain, les décisions sont prises sans suffisamment associer la base. L’idée de créer un collectif remonte d’ailleurs au printemps dernier avec l’élaboration du Plan local d’urbanisme intercommunal. « On a senti une vraie frustration de la part de nos collègues quand on s’est aperçu que le PLUi était géré par un cabinet extérieur » se souvient Laurent Martin qui signe à l’époque un courrier comme 26 autres élus pour demander au président du Grand Figeac une plus large concertation. « On n’a pas eu de réponse. On a fait un 2e courrier à la suite de la conférence des maires qui est juste une réunion d’information. Pas de réponse. C’est là qu’un petit groupe a décidé de se constituer ». about:blank

« Il faut proposer une autre façon de travailler »

Daniel Paget qui entame son premier mandat d’élu comme maire de Camburat explique son engagement au sein de ce collectif « pour contribuer à améliorer le système ». À ses yeux, le pacte de gouvernance soumis aux communes est aujourd’hui « une opportunité » d’ouvrir le débat : « tant qu’à en faire un autant qu’il soit utile ». « Il faut proposer une autre façon de travailler, c’est-à-dire en prenant en compte les avis des maires » confirme Marie Berthoumieu, maire d’Albiac qui plaide pour un travail en groupe plus restreint au sein de commissions territoriales ou encore pour la possibilité de poser des questions écrites lors des conseils communautaires. « C’est difficile de prendre la parole notamment lors des séances plénières, confie-t-il. ça peut faire peur à certains élus de s’exprimer en public devant une aussi grande assemblée. Nos propositions sont concrètes pour une meilleure implication des élus ». Et si cela ne suffisait, certains l’évoquent déjà : une scission de la communauté en deux pourrait être une piste sérieuse à envisager.

Audrey Lecomte La Dépêche 30 mars