Fouilles à Cahors: Un bâtiment en terre et bois datant de l’Antiquité

Rue des Carmes rue Victor Hugo. Des sols en galets ou en pierre, finement fouillés, datent de l’Antiquité

L’Antiquité, ce ne sont pas uniquement des villas en pierre et des amphithéâtres. Ce sont aussi d’humbles maisons en bois et terre et des échoppes d’artisan. Le chantier archéologique, à l’angle de la rue des Carmes et de la rue Victor-Hugo, met au jour ce genre des vestiges.
Ce chantier préventif a été prévu dans le cadre de la construction d’un immeuble. Un diagnostic mené il y a deux ans par l’archéologue Aurélie Sérange a révélé que la parcelle contenait des vestiges antiques. Le service régional de l’archéologie a prescrit des travaux.

Jusqu’au 7 juillet

C’est la cellule départementale d’archéologie préventive qui les mène. Six de ses archéologues y sont à l’œuvre, pratiquement tous spécialistes de l’Antiquité. L’un est aussi spécialisé dans le verre, un autre dans la céramique. Un topographe vient une fois par semaine pour relever les plans. La présence d’un drone du département la semaine dernière aidera à cartographier le lieu. Une géomorphologue de l’Inrap (institut national de recherches archéologiques préventives) doit intervenir. Après le décapage à la pelle mécanique à partir de fin mai, place à des fouilles plus fines. Elles doivent durer jusqu’au 7 juillet et concernent les deux tiers de cette parcelle de 900 m2.

 
Repérer les trous de poteaux et sols antiques en terre battue demande l'oeil averti d'un archéologue.
Repérer les trous de poteaux et sols antiques en terre battue demande l’oeil averti d’un archéologue. – DDM – FLORENCE RAYNAL

« Si on ne fouille pas finement, on ne le voit pas »

On devine des caves voûtées, des pans de murs. Les caves datent du XIXe siècle, les murs de l’époque moderne. L’Antiquité est moins visible : ce sont des pavages de galets, des sols en terre battue et des vestiges « en négatif ». Entendez par là des trous de poteaux, de la terre qui s’arrête de façon linéaire, et qui révèlent que des bâtiments en bois (désormais disparu) ont été construits là. « Si on ne fouille pas finement, on ne le voit pas », dit Guillaume Clamens, archéologue responsable d’opération.

Ces vestiges dateraient du Ier au IVe siècle. Recherche documentaire et étude du mobilier trouvé sur place permettront d’en savoir plus. Ce mobilier ce sont des restes de vaisselle en terre cuite, verre, fibules, déchets de repas ou encore un jeton en terre cuite. Il y a aussi quelques traces d’artisanat : parois de fours vitrifiées, creusets qui témoignent d’un atelier de verrerie.

Un des chantiers les plus au sud de la boucle

Si ce chantier n’a rien révélé de grandiose, la modestie des vestiges en fait l’intérêt. Restes antiques d’artisanat verrier et de bâtiment en terre et bois aussi bien conservé sont rares à Cahors. « C’est un des chantiers les plus au sud de la boucle, sur des terres partiellement inondables à l’époque, confirme Guillaume Clamens. On sait que l’habitat luxueux était plus au nord, vers le musée. Là, on est plus sur une activité artisanale et des habitats plus modestes en terre et bois. »

D’ici une quinzaine de jours, une petite pelle mécanique reviendra pour des tests ponctuels, avoir des stratigraphies complètes et s’assurer qu’on a atteint la couche naturelle. Ensuite, il faudra étudier les vestiges, dater, faire des plans et un rapport, soit encore un an de travail.

Une résidence et des commerces

Une fois que les fouilles seront terminées et que la Drac aura livré une autorisation de libération de terrain, le chantier repartira avec le creusement des parkings en sous-sol. La société Procivis Sud Massif central construit un immeuble sur cette parcelle. Il comprend 24 logements et des commerces en rez-de-chaussée, dont l’un est déjà vendu. Quant aux appartements, « ça part bien pour la commercialisation », confie Thierry Ginestet, directeur général adjoint de cette société basée à Rodez, en Aveyron. Le chantier devait être livré au deuxième semestre 2021. Mais la pandémie a tout retardé. « Dès la reprise, on pourra refaire le planning », poursuit le DGA qui vise fin 2021, début 2022.

Florence Raynal La Dépêche