Jean-Marc Vayssouze expose les mesures de déconfinement à Cahors

Jean-Marc Vayssouze maire de Cahors

Commande et distribution de masques à la population, retour des enfants dans les écoles, dispositifs pour soutenir les commerces, régulation du marché, etc. tous ces dossiers occupent le maire qui multiplie, ces derniers jours, les rencontres et réunions de travail. Pour La dépêche du Midi, il revient sur chacun d’eux avec précision.

Avez-vous procédé à des commandes de masques ?

Sur les masques, c’est le grand bazar, parce que l’Etat n’a pas structuré la distribution aux populations, comme il l’a fait pour les soignants. C’est encore une fois, une coordination de terrain qui a dû remédier à cet état de fait, avec des couturières bénévoles qui interviennent via l’initiative du Département du Lot et des collectivités. L’AMF46 (N.D.L.R. : dont il est le président) a passé commandes de 100 000 masques, 30 000 ont été réceptionnés et seront distribués pour les agents municipaux dans les mairies qui en ont fait la demande. La ville de Cahors aussi s’est battue pour en obtenir et notamment pour ses habitants. Il s’agit de masques en tissu. J’espère d’ici quelques jours pouvoir donner les modalités de mise à disposition. Nous avons conscience que cela ne répondra pas à tous les besoins. C’est donc important que les pharmacies entre autres puissent en vendre, c’était logique. Par contre, je ne comprends pas comment les grandes surfaces ont pu se procurer des masques chirurgicaux, normalement destinés aux soignants.

Ces masques seront-ils disponibles dès ce matin, comme annoncé ?

Tout est incertain. À ma connaissance, les masques ne sont pas encore là.

Comment la ville de Cahors parvient-elle à gérer une telle crise ?

Toutes mes réponses sont prises avec en permanence une forme d’incertitude. Ce qu’il manque aux élus du territoire c’est de la lisibilité, de la transparence, des règles claires énoncées par l’Etat et qui ne bougent pas chaque jour. Et que celui-ci nous laisse faire localement, nous permette de les adapter selon le cadre fixé mais en fonction de nos capacités territoriales. Les marchés du Lot ne sont pas ceux de Seine-Saint-Denis, et les bords du Lot n’ont rien à voir avec les berges de la Seine.

Ce lundi, nous avons une réunion avec le préfet du Lot pour aborder la loi d’urgence sanitaire, les circulaires et les directives relatives au déconfinement pour les déplacements, les rassemblements autorisés, la réouverture des équipements publics, les écoles…

Sur les écoles, comment s’organise leur réouverture, prévue le 12 mai ?

Nous avons reçu les protocoles sanitaires, particulièrement exigeants : pas de croisement des élèves, pas plus de 15 enfants par classe, pas d’échange de fourniture ou d’objets entre eux, des normes de nettoyage revues, etc. Nous devrons les appliquer de la manière la plus scrupuleuse possible. Nous avons adressé jeudi soir un courrier aux familles pour connaître leur décision, d’ici ce lundi. Nous étudions plusieurs pistes, dont l’une serait de structurer la semaine en deux, un premier groupe les lundi et mardi, le mercredi étant consacré à une importante désinfection des locaux, puis un deuxième groupe le jeudi et vendredi. Nous ne pourrons pas démultiplier le personnel et les enseignants à l’infini… Des échanges s’organisent avec les représentants syndicaux, les directeurs d’école, les représentants des familles, mais je ne pourrai pas rencontrer tout le monde hélas.

Est-ce que cela a du sens de renvoyer les enfants à l’école mi-mai ?

L’objectif c’est d’accueillir l’ensemble des enfants dont les parents souhaitent qu’ils reprennent l’école. Le système d’enseignement à distance a ses limites, et des enfants ont disparu des radars aujourd’hui. Il y a aussi des gens qui vont reprendre le travail sans avoir de mode de garde pour les enfants, d’où la nécessité de rouvrir aussi les crèches. Enfin, la fermeture des cantines est aussi une problématique. Ce service répondait à une exigence d’équilibre alimentaire, tout en proposant un déjeuner à un faible coût pour les familles. C’est pourquoi je souhaite qu’elles rouvrent en même temps que les écoles.

Pendant ce confinement, nous avons accueilli une vingtaine d’enfants en moyenne chaque jour.

Comment se porte l’économie cadurcienne ?

Je suis inquiet pour notre économie en général, et bien sûr pour notre activité locale et la grande précarité qui va se révéler dans les foyers. Tous ceux qui dépendent du tourisme, nos commerçants, nos artisans vont être durement touchés. Les mesures d’aides de l’Etat sont intéressantes, mais ne sont pas suffisantes. C’est lui qui a les capacités financières d’aller plus loin, car il peut gérer du déficit public, plus de 8 % du PIB c’est déjà énorme. Je veux garder espoir : souhaiter que le pire ne soit pas à venir.

Nous travaillons avec la Région et le Département sur l’ensemble des leviers d’aides. Nous avons exonéré de loyers tous les acteurs économiques accueillis dans nos bâtiments municipaux et communautaires, procédé à la gratuité de l’occupation du domaine public pour les terrasses et ce jusqu’à mi-juin au minimum. De même, le stationnement de surface restera gratuit jusqu’au 31 mai.

propos recueillis par Laetitia Bertoni La Dépêche