Ki-Bongo tisse un lien musical entre Occitan et Kongo

Ki-Bongo est percussionniste, auteur et compositeur originaire du Congo Brazzaville. Depuis le début du mois et jusqu’en septembre, dans le cadre du projet «Le Kongo d’Oc» mis en place par le PNR, il va sillonner le parc naturel régional des causses du Quercy, animer des temps de rencontres, palabrer, écouter, enregistrer la langue occitane, dans le but de créer une œuvre musicale contemporaine qu’il devrait présenter à l’automne venue.

«Je suis arrivé en France en 1986, dit-il. Après une carrière de comptable («comme papa»), je suis devenu animateur en maison de quartier. C’est ainsi que la musique a pris plus de place chez moi. J’ai monté divers projets avec des musiciens différents, jusqu’à sortir un album en 2015, «Les Seigneurs de la Terre», avec Emmanuel Faventines, un comédien amoureux comme moi de la poésie et de ses structures que j’avais rencontré sur un autre projet.

Je suis également un inconditionnel de Claude Nougaro, le seul à savoir faire danser la langue française. C’est par lui que je me suis rendu compte que l’Occitan et la langue Kongo (langue du grand royaume d’avant la colonisation), avaient parfois les mêmes ondulations. Du coup, j’ai décidé de travailler sur ce thème en m’installant dans le Lot il y a trois ans».

Il fait la connaissance de Xavier Vidal qui lui fait découvrir l’association La Granja à Soulomès. À l’automne 20017, lors d’une rencontre entre Guilhem Bouchet le permanent et Patricia Moniau animatrice du PNR, il soumet son projet de «Parladissa», le Kongo d’oc.

«Nos deux peuples souffrent du même mal dit-il, la transmission. Nous gardons l’accent de notre patois, mais ne le parlons plus. Entre les ancêtres et nous, le fil s’est cassé. Je cherche le point commun entre la poésie occitane et la poésie kongo».

Il conjugue alors le talent des petits écoliers CM2 de Livernon et de la classe occitane d’Assier. Les premiers écrivent des poèmes que les seconds vont traduire. La rencontre se fera dans un théâtre de verdure, entre les deux villages au mois de juin.

«Ce sera un match poétique, poursuit-il. C’est marrant de les entendre avec le même accent, qu’ils parlent occitan ou français. J’ai aussi rencontré des particuliers comme Serge Hirondelle, un poète rural d’Espédaillac, et bien sûr Xavier Vidal, qui me conseille. J’irai aux quatre coins du parc. Vient à ma rencontre qui veut. Pour palabrer, lire un poème, parler patois, ou me raconter l’Occitanie».

«Ce travail conclut-il, va m’apporter de la matière pour construire mon projet. Mais au-delà, cette découverte du territoire et de ses habitants nourrie du contact humain, me permet aussi de faire découvrir ma culture congolaise. La musique est toujours porteuse d’énergie poétique et positive».


Demain à Assier puis à travers le PNR

La première rencontre entre Ki-Bongo et ses interlocuteurs aura lieu dimanche 1er avril de 14 à 18 heures à la fête des faucheurs d’Assier (jardin Martigoutte). Ensuite il sera dimanche 8 avril à la maison André Breton de Saint-Cirq-Lapopie. Puis lundi 9 avril au bar associatif de Caniac-du-Causse. Mercredi 11 avril à la bibliothèque de Gramat. Mercredi 16 mai à la grange du Causse de Soulomès. Mercredi 26 mai dans les studios d’Antenne d’Oc à Figeac. Dimanche 27 mai sous la halle de Beauregard et dimanche 22 juillet à Cajarc pour le festival Africajarc.