La belle étrangère indésirable, le casse-tête des dégagnacois…

Depuis quelques années, les habitants de Dégagnac, les touristes, les pêcheurs, s’étonnent et s’inquiètent de l’envahissement du plan d’eau de Dégagnac.

Lundi 24 avril une importante réunion s’est tenue à Dégagnac pour évoquer le problème du plan d’eau et de son indésirable occupante. Sous l’égide du Syndicat mixte du Bassin versant du Céou et de la Germaine (SMBV) il s’agissait de faire un état des lieux et de discuter de la suite à donner.


La commune de Dégagnac était bien représentée : conseillers municipaux et M. Didier Pugnet maire de la commune mais également Mme Mireille Figeac présidente de la Communauté de Communes Cazals-Salviac ainsi que les principaux représentants experts des problématiques concernées : Police de l’eau, Conservatoire botanique, Fonds Vert de l’État, Agence de l’eau Adour Garonne…

Après l’introduction par M. Patrick Labrande président du SMBV, Mme Lola Ferreira Martinez, technicienne de rivière a présenté les résultats de l’étude réalisée par son prédécesseur.

Le plan d’eau a été créé en 1984 sur une surface de 2 ha 45, alimenté par un ruisseau, le Palazat. Depuis quelques années il est envahi par une plante aquatique : le myriophylle du Brésil (Myriophyllum aquaticum).

L’objectif étant de traiter le problème de cette belle étrangère, plusieurs opérations sont envisageables :
1 -Vidange et observation : il faudra obligatoirement établir un dossier réglementaire
2 -Vidange et curage : très cher (environ 15 €/m3)
Pour ces deux cas il faut envisager une mise en conformité obligatoire (Arrêté du 9/06/2021)
3 -Vidange et réduction du plan d’eau : conversion d’une partie en zone humide
4 -Effacement du plan d’eau et transformation en zone humide. C’est cette dernière solution qui a été choisie à Latronquière en 2018 (Nord du Lot).

Selon les solutions envisagées, les différents organismes peuvent financer plus ou moins l’opération.
Le Fonds vert de l’Etat financera s’il y a une vocation environnementale. L’Agence de l’eau financerait dans les deux derniers cas envisagés (zone humide partielle ou totale).
Il reste que le plan d’eau est aussi une réserve d’eau pour les pompiers…

Le Syndicat mixte Bassin Versant va donc rechercher un bureau d’étude capable de fournir le détail et le coût des différentes opérations envisagées afin que les élus puissent prendre une décision en connaissance de cause.

Pour en savoir plus :

Le Myriophylle du Brésil 

Le botaniste présent a expliqué que la plante se reproduit par fragmentation (clonage) ; elle ne fait pas de graines. Le milieu aquatique est très favorable pour son développement explosif. Plus on fragmente, plus on génère de plantes. Comme les rhizomes se sont entassés sur 40 cm d’épaisseur dans le plan d’eau, la gestion devient complexe. Dans les zones les plus sèches elle est simplement plus petite, mais présente !
L’éradiquer sera très difficile et durera très longtemps.
Dans le cas d’une zone humide elle serait une plante parmi d’autres plantes ; les joncs, salicaires et autres plantes locales permettraient de la concurrencer.

La dispersion se fait par les gens, les oiseaux, les ragondins… C’est venu par les Jardineries qui les vendaient pour les bassins d’agrément. (Hélas sur internet, on la trouve encore avec conseils de culture)
L’étang de Dégagnac est le foyer d’invasion le plus vaste connu en Midi-Pyrénées.

Syndicat mixte du Bassin versant du Céou et de la Germaine (SMBV)
Le SMBV Céou Germaine est maître d’ouvrage pour l’étude, la restauration et l’entretien des milieux aquatiques de la partie lotoise des bassins versants du Céou et de la Germaine, intégrant les sous bassins du Bléou et de l’Ourajoux, rendant ainsi possible une gestion plus cohérente des cours d’eau à l’échelle des bassins versants du territoire lotois.

Fonds Vert
Dispositif inédit, le fonds d’accélération de la transition écologique dans les territoires, aussi appelé « Fonds vert », va aider les collectivités à renforcer leur performance environnementale, adapter leur territoire au changement climatique et améliorer leur cadre de vie. Annoncé le 27 août dernier par la première ministre Élisabeth Borne, il est doté de 2 milliards d’euros de crédits déconcentrés aux préfets pour le financement des projets présentés par les collectivités territoriales et leurs partenaires publics ou privés. Il sera effectif dès le début de l’année 2023.

Conservatoire Botanique
Le Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées est un outil scientifique et technique, agréé par le Ministère de l’écologie.
Il développe la connaissance de la flore sauvage sur son territoire d’agrément et organise sa préservation, en concertation avec l’État, les collectivités territoriales, les socioprofessionnels, les associations…

Agence de l’eau Adour Garonne
L’agence de l’eau agit pour un partage durable et solidaire de la ressource en eau. Établissement public, elle finance et accompagne les projets qui protègent l’eau et les milieux aquatiques.