La Visite d’Edouard Philippe dans le Lot

Le Premier ministre et ses cinquante conseillers dans le Lot

Le Premier ministre Édouard Philippe et la cinquantaine de membres de son cabinet ont délocalisé Matignon dans le Lot, pour trois jours. Ce vendredi 15 décembre, ils ont visité cinq communes, dont Cahors, Gourdon ou encore Rocamadour. Cette initiative originale vise à mieux comprendre les problèmes des Français et des élus.

Services publics : le Lot pilote pour l’avenir

Biars-sur-Cère, la patrie d’Andros, figurait hier sur l’agenda du Premier ministre venu constater les fruits du succès de la Maison des services au public, dans un département où l’on évoque justement souvent leur déconfiture.

C’était d’ailleurs l’une des revendications de la CGT qui avait manifesté la veille à Cahors.

Hier soir, avant de quitter le Lot, Édouard Philippe a fait une annonce forte en officialisant «le lancement de l’expérimentation pour reconstruire les services publics». Une expérimentation unique en son genre. «Dans le cadre de la réflexion engagée par le gouvernement intitulée L’action publique 2022, nous avons décidé de donner une carte blanche au bassin de vie du Grand Cahors. Ceci pour faire en sorte que les usagers et les acteurs des services publics puissent réinventer, tester et imaginer une nouvelle façon d’organiser les services publics et une nouvelle manière de satisfaire les demandes des usagers», a déclaré Édouard Philippe.

Le Premier ministre se montre plus précis : «Nous allons donc donner carte blanche aux acteurs locaux en leur demandant de nous détailler les prestations nécessaires pour le public. Pour cela, nous allons mettre des moyens d’ingénierie, financiers et numériques à leur disposition. Nous allons les accompagner, mais c’est bien eux qui devront faire les propositions.»

Combien de temps durera cette expérimentation et pour quels résultats concrets ? Le Premier ministre s’explique : «L’expérimentation va durer de 10 à 12 mois. Elle débutera par une étape de réflexion puis par une phase de mise en œuvre. C’est une expérimentation, donc personne ne pourra dire quels résultats elle produira. Mais je crois qu’il est intéressant de montrer que la réorganisation des services publics doit prendre en compte les besoins des usagers et ne doit pas forcément naître à Paris, d’en haut si j’ose dire. Elle peut être l’expression des besoins ressentis par les usagers et des idées des élus comme de l’ensemble des acteurs des services publics. L’objectif consiste à appliquer sur ce territoire des décisions adaptées à la réalité locale qui auront été prises ici, et non pas des projets nés à Paris comme cela pouvait se faire auparavant. Notre logique est différente», insiste-t-il. Édouard Philippe souhaite «avoir de bonnes surprises». La fin de l’expérience lui donnera raison… ou tort. «C’est une première. Nous faisons donc preuve d’audace, mais nous devons aussi avoir une certaine humilité», conclut-il.

Le Lot a toutes les cartes et surtout la carte blanche en main.

Rencontre avec les responsables agricoles : «On a senti quelqu’un à l’écoute»

L’agriculture ne pouvait pas être absente de la 3e journée du Premier ministre dans le Lot. Il y a eu la visite du Gaec de Mordesson à Rignac et la rencontre avec les responsables de la FDSEA, du CDJA et de la chambre d’agriculture.

Devant le «Petit Rignac» c’est le nom du bistrot du village, hier en début d’après-midi, des habitants ont attendu courageusement dans le froid et la pluie la sortie du Premier ministre avant de pouvoir, enfin, capter son image sur leurs portables. Depuis bien longtemps Rignac n’avait pas vu un tel cortège de véhicules officiels, alignés moteurs tournant, dans la grande rue du village. Les plus anciens se rappelaient le défilé des DS noires en 1968, quand le général De Gaulle avait passé une nuit au Château de Roumégouse, un grand hôtel de l’époque aujourd’hui définitivement fermé.

Dans la salle voisine du café venait de se tenir durant plus de trente minutes une rencontre entre Édouard Philippe et les responsables agricoles lotois, en présence des parlementaires, du préfet et du maire de Rignac, Francis Lacayrouze. Il y avait autour de la table pour ouvrir les dossiers chauds du moment, ChristopheCanal, le président de la chambre d’agriculture, Alain Lafragette, le président de la FDSEA, son homologue du CDJA, Lionel Fouché et Karen Serres, présidente de la commission nationale des agricultrices à la FNSEA. À la sortie de l’entrevue, alors que le Premier ministre prenait la direction de Biars pour l’ultime étape de son marathon dans le Lot, ses interlocuteurs tiraient un premier bilan des discussions.

«On a abordé la question des zones défavorisées et du cas des 19 communes qui seraient exclues du dispositif. En accord avec le Premier ministre, nous allons travailler techniquement sur le dossier», a commenté Alain Lafragette. Il y aurait une erreur à rattraper. Les syndicalistes agricoles ont aussi demandé un «accompagnement» pour les victimes du gel d’avril, vignerons et producteurs de noix. Le dossier des prix agricoles et celui de l’installation des jeunes sont revenus dans la discussion. Aucune mesure précise n’a été annoncée par le Premier ministre, pas de promesse non plus mais le climat des échanges aurait été positif à en croire Christophe Canal : «On a senti quelqu’un à l’écoute, sensibilisé aux problématiques que nous avons développées devant lui.»

Un peu plus tôt, la visite du Gaec de Mordesson, tournée vers la production de rocamadour grâce à un cheptel de 350 chèvres Saanen, avait été l’occasion pour l’un des quatre éleveurs associés sur l’exploitation, de sensibiliser le chef du gouvernement aux répercussions financières d’une non-intégration de la commune en zone défavorisée : «D’un coup nous perdrions 28 000 € d’aides.»

L’importance de la culture à Figeac

Hier, sur le Parvis de l’église du Puy, à Figeac, les élus locaux, Martin Malvy, André Mellinger, Vincent Labarthe, bien sûr Huguette Tiegna, députée du Lot, et Nadine Chaïb, sous-préfète, n’ont pas eu à attendre longtemps le convoi officiel. Le Premier ministre, accompagné du préfet, était là à 10 heures. Un petit détour par l’édifice religieux, un bref coup d’œil à la vue plongeante sur la cité, puis direction la place Champollion, sous le regard curieux des badauds.

Édouard Philippe est un homme de culture et autant dire qu’il a pris le temps d’apprécier les charmes de la cité médiévale et de profiter d’une vraie visite du musée Champollion-les Écritures du monde. Du balcon du dernier étage, il a pu embrasser du regard le cœur historique de la ville.

Dehors, des étudiants de l’IUT espéraient un selfie. Leur patience a payé et le Premier ministre a posé parmi les rires d’une jeunesse enthousiaste. De la place des Écritures où il a découvert la création de Kossuth, Édouard Philippe a rejoint la halle, poussant la porte de la Boucherie Mas, puis celle de la Librairie Champollion, plantant là le cortège officiel, pour de brefs instants d’échange spontané. Mais visite officielle oblige, le panel médiatique l’attendait à la médiathèque l’Astrolabe.

Une dizaine de minutes se sont écoulées, à l’écart, téléphone à l’oreille, Édouard Philippe semblait soucieux. Puis le point presse a commencé. «Je veux dire l’importance de la culture, sa nécessaire valorisation et sa transmission, et souligner ce modèle français. Le Président de la République s’est engagé pendant sa campagne à ce que les Français puissent avoir de plus en plus accès aux réseaux de lecture publique», rappelant qu’Érik Orsenna rendrait son rapport la semaine prochaine. «Je suis favorable à élargir les horaires d’ouverture des bibliothèques, pour répondre à l’appétence des publics, ce que j’ai fait lorsque j’étais maire du Havre.» Aucune question autorisée, à ceux qui tentaient un bilan des victimes de Millas, il a lâché : «Je suis là pour parler de Figeac, de Figeac, de Figeac et du Lot !»

 

à la rencontre des lycéens à Gourdon

Le Premier Ministre Edouard Philippe s’est rendu au lycée Léo Ferré de Gourdon à la rencontre d’élèves. Il a répondu aux questions concernant l’orientation et aux inquiétudes des jeunes venant du milieu rural.


Une vingtaine de membres de la Confédération paysanne et du Collectif citoyen lotois se sont rassemblés à 12 heures hier à Gramat, sur la RD840, au niveau de La Quercynoise. Munis de banderoles sur lesquelles on pouvait lire «Le parc naturel n’est pas une poubelle» et «Méga méthaniseur, territoire sacrifié», ils souhaitaient montrer au Premier ministre lors de son passage leur opposition à ce type d’installation.

Le collectif regrette que ses demandes de rendez-vous faites il y a plusieurs mois auprès du ministre de l’Écologie Nicolas Hulot et du conseiller à l’Environnement du Premier ministre, afin de leur présenter les risques induits par le méthaniseur du Périé, n’aient toujours pas eu de réponse. Pour la Confédération paysanne, c’est l’inquiétude qui domine quant à l’éventuelle pollution de l’eau générée par les épandages des digestats de ce méthaniseur. La manifestation a été levée vers 12 h 30 après le passage (sans arrêt) du cortège officiel en route vers Rocamadour.