L’action et les finances du Département

Une hausse considérable du nombre de bénéficiaires du RSA dans le Lot, des agents du Département incités au télétravail, tout en assurant la continuité des services aux publics, des investissements et travaux à poursuivre pour soutenir l’activité économique de la filière BTP et des finances en berne. Pour le conseil départemental du Lot et son président Serge Rigal cette nouvelle crise sanitaire est un casse-tête. Il s’en est entretenu avec La dépêche du Midi.
Quelles consignes sont données aux agents du Département, compte tenu du nouveau dispositif de confinement ?
De faire du télétravail au maximum et dès que cela est possible, de favoriser les rendez-vous plutôt qu’un accueil classique, c’est le cas dans les maisons de la solidarité par exemple. On préconise également un seul agent par bureau, tout comme des réunions en visio conférence obligatoire au-delà de 6 personnes. Une démarche à laquelle on incite également les conseillers départementaux. Il y a des flous par contre comme la tenue de notre assemblée le 16 novembre. En visio conférence c’est autorisé, mais est-ce que cela vaut pour une assemblée délibérante qui doit voter des points à l’ordre du jour…

« À la première vague, seuls quelques secteurs étaient touchés, cette fois, c’est partout ».

Ce mercredi soir, on dénombre des cas de Covid-19 dans la majorité des établissements médico-sociaux du Lot, 16 exactement, et dans les Ehpad aussi. Quel est votre sentiment sur cette seconde vague dans le Lot ?
Jusqu’à présent, nous étions dans une situation moins impactante que dans d’autres territoires, mais nous assistons à un rattrapage, comme s’il y avait un effet retard. À la première vague, seuls quelques secteurs étaient touchés, cette fois, c’est partout. Souvent ce sont des cas isolés, mais il y a des clusters également. On l’a vu à Montcuq, à Lacapelle, Sousceyrac, etc., et maintenant à Bagnac.
Par ailleurs, je rappelle que nos engagements ont été tenus sur la distribution de masques aux 14 000 collégiens à qui une nouvelle dotation de deux masques tissus a été attribuée. Deux autres masques chacun leur seront donnés au retour des vacances de Noël.
Malgré tout, le Lot reste parmi les territoires les moins impactés de France. Ce reconfinement est-il justifié ?
Il faut faire preuve de beaucoup de prudence, car l’épidémie est là. Mais cela me fait sourire quand l’Etat impose une égalité de traitement entre zone urbaine et zone rurale face à la Covid. J’aimerais qu’il mette autant d’application à l’égalité entre nos territoires sur les dossiers du très haut débit, des zones blanches, etc. Je comprendrais donc parfaitement qu’il y ait une différenciation dans la gestion de la Covid entre les villes et les campagnes.

« Nous assistons à une véritable envolée du revenu de solidarité active ».

Trouvez-vous légitime la colère des commerçants ?
La problématique du commerce local fait l’objet de nombreux échanges du CD46 avec le préfet notamment et la CCI du Lot bien sûr, nous essayons de voir comment nous pourrions les aider. Bien sûr j’encourage les Lotois a ne pas céder aux appels des sites commerciaux des enseignes multi-nationales, et à préférer les sites locaux et l’achat de proximité autant que possible.
En charge des solidarités, le Département enregistre-t-il une montée de la précarité ?
Nous assistons à une véritable envolée du RSA (revenu de solidarité active). Ces nouveaux bénéficiaires sont de l’ordre de 12 à 15 % de plus. Ce qui équivaut sur le budget de notre collectivité à une dépense supplémentaire de 4,5M€ à ce jour. C’est 20 % de plus que l’an passé. Hélas ce n’est pas spécifique au Lot, mais c’est le cas dans tous les départements.
Comment le conseil départemental peut-il assumer ces dépenses supplémentaires ?
C’est une inquiétude d’autant que la Covid a déjà généré des pertes de recettes de l’ordre de 5M€. Avec le RSA, cela représente environ 10M€ supplémentaires à assumer. Il faut ajouter aussi d’autres dépenses comme la prime aux travailleurs des services d’aides à domicile et des établissements médico-sociaux qui équivaut à 700 000 €.
Il va falloir grignoter encore ici et là sur le fonctionnement, mais les marges de manœuvre commencent à être extrêmement tendues. L’État refuse de voir la vérité sur la question du vieillissement et de la prise en charge des personnes âgées. Nous ne pourrons pas continuer ainsi indéfiniment. Les départements bientôt ne pourront plus payer. Dans le sud du Lot on manque de places en Ehpad, il en faudrait 80 de plus. Mais on manque aussi de personnels car le métier est difficile et peu valorisé.
Est-ce que ces contraintes financières supplémentaires pourraient contrarier les investissements et les travaux engagés par le Département ?
Non, tous les chantiers en cours se poursuivent sur l’axe routier du Couquet à Capdenac, sur la déviation de Vayrac, dans les collèges de Vayrac et de Lacapelle-Marival, etc. Si on peut activer d’autres investissements programmés pour soutenir le secteur du BTP on le fera. L’économie n’est pas une de nos compétences, mais notre objectif est d’être présent sur la partie investissement auprès de ces entreprises.

Dépistage : le département est prêt à aider

Les laboratoires de dépistage du Lot commencent à ressentir une certaine tension, mais la possibilité d’activer les services du SDIS pour prélever, et le laboratoire départemental d’analyses du Lot n’est à ce jour pas enclenchée. « Depuis le début, nous avons fait savoir que nous étions en capacité de seconder l’organisation sanitaire en place, mais le laboratoire départemental n’a jamais été mis à contribution, fait remarquer l’élu lotois. Avec le Tarn, le Tarn-et-Garonne et le Gers nous formons un groupement d’intérêt public : Public Labos. Et nous étions en capacité de proposer jusqu’à 400 prélèvements et analyses par 24 heures, cinq jours sur sept, tout en étant mobile sur le territoire pour du dépistage massif. On n’a pas eu besoin de nous, on va dire que c’est tant mieux ».

Laetitia Bertoni La Dépêche