Hôpital de Cahors: un mois de novembre sous tension

Alors que le virus se révèle très actif dans le Lot, ces derniers jours, le Dr Slim Lassoued explique comment s’organise l’hôpital face à une probable hausse des hospitalisations.

Même si pour l’heure, la prise en charge des patients atteints de covid est sous contrôle dans le Lot, le Dr Slim Lassoued, président de la commission médicale d’établissement du Centre hospitalier de Cahors, s’attend à une augmentation des hospitalisations, dans les prochains jours…  

Actu : Comment se présente la situation, ce mardi 3 novembre, à l’hôpital de Cahors ?

Dr Slim Lassoued : Ces derniers jours, nous enregistrons une augmentation des cas positifs, ainsi qu’une hausse des personnes hospitalisées. Cet après-midi mardi 3 novembre, 6 personnes étaient placées en réanimation, dont deux ne sont pas intubées. 9 personnes étaient hospitalisées dans l’unité de maladies infectieuses. D’autres personnes présentent des signes cliniques modérés, mais ont pu rester chez elles.
La maladie affecte majoritairement les personnes âgées, mais touche également des hommes et des femmes, autour de la cinquantaine. Statistiquement, des personnes de tous âges sont atteintes, avec toutefois des degrés de sévérité plus importants chez les personnes âgées.

Cette deuxième vague apparaît plus sévère que celle du printemps dernier, est-ce le cas ?

Dr S. L. : Cette deuxième vague semble toucher davantage de personnes que ce ne fut le cas pour la première vague. C’est le constat du point de vue du nombre de personnes atteintes. Quant à la sévérité de la pathologie, avec une moyenne de 6 patients en réanimation depuis une quinzaine de jours, ce n’est pas le scénario catastrophe ! Il n’y a pas eu de décès en réanimation ces derniers jours, ce qui est un bon signe.

Parvenez-vous à concilier la prise en charge des patients habituels et des patients atteints de Covid ?

Dr S. L. : La capacité du service de la réanimation, avec l’accord de l’ARS peut aller jusqu’à 12 lits, ce qui nous laisse encore de la marge. Cependant, la grande différence avec la première vague, c’est que nous essayons de maintenir, autant que possible, les activités « normales ». Ce qui n’était pas le cas lors de la première vague, où nous avions tout déprogrammé. Jusqu’ici, sont gérées les activités habituelles de l’hôpital en plus des activités liées au Covid. Ainsi, nous sommes en mesure de pouvoir déprogrammer de manière sélective, uniquement les cas qui ne présentent pas le risque d’une perte de chance.

Plusieurs membres du personnel hospitalier de Cahors sont tombés malades, eux-mêmes atteints par le covid.

L’activité habituelle de l’hôpital se poursuit-elle à moyens humains constants, avec en plus les patients du covid ?

Dr S. L. : La problématique, c’est justement le personnel. Car, si tous les hôpitaux disposaient du personnel adéquat pour faire face à l’épidémie, il n’y aurait pas de souci. Ce qui n’est pas le cas, d’autant que plusieurs membres du personnel sont tombés malades, eux-mêmes atteints par le covid.

Entre la première vague et celle-ci, avez-vous obtenu des moyens supplémentaires ?

Dr S. L. : Nous avons cherché à recruter du personnel, mais pas facile à trouver. Ensuite, il convient de former ces personnes, les spécialités autour de la réanimation, ne s’acquierent pas en deux jours ! L’État a apporté des moyens financiers, mais il reste encore à pouvoir recruter du personnel médical et non médical qui soit opérationnel.

Nous nous attendons à un mois de novembre sous tension.

Est-ce que vous vous attendez à une augmentation du nombre de patients ?

Dr S. L. : Mes confrères et moi-même nous nous attendons à une augmentation possible de l’activité et de l’hospitalisation, suite au mouvement des personnes venant de l’extérieur du département et le brassage qui est résulté de la période des vacances de la Toussaint. De nombreuses personnes ont rejoint le Lot en venant de zones où le virus était particulièrement actif, ce qui accroît bien sûr le risque de contamination. Nous prenons donc les devants, pour les quinze jours qui viennent en différant des interventions tout à fait légères. Nous nous attendons à un mois de novembre sous tension.

Quel mot d’ordre souhaitez-vous faire passer aux Lotoises et aux Lotois ?

Dr S. L. : Le mot d’ordre, c’est : « évitez les déplacements ! » En cas de déplacement, il convient de maintenir les mesures de distanciation et utiliser toutes les mesures de protection, gel, masques… Il ne faut pas considérer que cela va s’arrêter du jour au lendemain… Nous avons devant nous une période de plusieurs semaines, voire plusieurs mois… Et nous dans les hôpitaux nous allons devoir manœuvrer à vue, en fonction de la situation. La problématique c’est de pouvoir répondre à la pathologie normale, mais aussi de faire face à des hospitalisations liées à l’infection virale. Même dans le Lot, même si nous ne faisons pas partie des zones les plus touchées, le virus circule et il y a de plus en plus de cas positifs. Le taux d’incidence s’affiche relativement important, même dans le Lot ! Et le virus ne connaît pas les frontières ! Soyons vigilants, ne baissons pas les bras ; il ne faut pas alourdir la tâche des hôpitaux, c’est l’intérêt de tous !

Jean-Claude Bonnemère ActuLot