Le méthaniseur de Labathude fait débat

Dix jours après le début des travaux du méthaniseur de Labathude, une centaine d’opposants s’est mobilisée samedi sur le site pour lancer « une alerte écocide ». Les agriculteurs qui portent ce projet et les trois autres à venir sur le Ségala répondent.

Au cœur du Ségala, le sujet divise depuis des années agriculteurs, habitants, militants et élus. L’installation de quatre méthaniseurs portée par 33 agriculteurs du secteur suscite de l’inquiétude et fait débat. Samedi 25 juillet, en fin d’après-midi, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées à Labathude sur la place de la mairie puis devant le chantier du futur méthaniseur. Cette action baptisée « alerte écocide » était organisée par l’ADPD-Env46 (Association Départementale de Protection et de Défense de l’Environnement et du cadre de vie dans le Lot), la Confédération Paysanne du Lot et le Collectif Citoyen Lotois. Elle fait suite au démarrage des travaux lancés le 15 juillet, alors que des recours sont toujours en cours. Pour rappel, cette usine de méthanisation de Labathude fait partie d’un projet plus vaste qui englobe trois autres sites à Espeyroux, Gorses et Viazac. Lors des diverses interventions, il était rappelé que le Ségala-Limargue est « le château d’eau » potable de tout le département et que les digestats, forts en ammoniaque, représentent un risque écologique majeur. « Sous couvert de l’énergie renouvelable, cette technique encore plus polluante, financée par des subventions publiques, est une aberration agronomique pour les terres du Lot » a estimé Pierre Dufour de la Confédération Paysanne du Lot.

Les porteurs du projet répondent

Plusieurs exploitants concernés étaient présents mais ont préféré rester à l’écart. Dans un communiqué, les présidents des quatre sociétés de ce projet Methaseli Environnement (Cédric Genot, David Bourret, Fabien Cadiergues et Florent Lafragette) soulignent leur démarche en faveur d’une transition énergétique. « La réalisation de ces projets est le résultat d’un intense travail depuis cinq ans où d’importantes difficultés techniques, administratives et financières ont été surmontées collectivement. Malgré l’effort de transparence et de communication sur l’intérêt environnemental de ces projets, des tensions locales sont nées et ont parfois affecté profondément les porteurs de projets ». Ils tiennent à défendre le modèle de petit collectif agricole préféré à une unité plus importante comme Gramat. « 4 projets de 4 à 11 exploitations agricoles ont été développés suivant cette logique et sur les habitudes de travail liées aux CUMA existantes. Les intrants de ces unités sont issus à 100 % des exploitations agricoles des projets et 100 % des effluents d’élevage sont déjà produits et épandus sur les parcelles concernées par les projets. Ces unités contribuent à une économie circulaire avec la production d’électricité et de fertilisants à partir de ressources locales dont l’usage est optimisé ».

A.L. et M.B. La Dépêche