Le parcours du réfugié Bodi Medji Tadjoudine sénior au Gourdon XV

Le club de rugby Gourdonnais avait l’an passé invité l’Afghan Salim Shirzad. Cette année c’est Bodi Medji Tadjoudine, Togolais de 22 ans, qui évoluera sur le terrain en senior. Tous deux demandeurs d’asile en attente de leur régularisation sur le sol français, invités par le Gourdon XV, ont pris une part active dans l’équipe. Comment Bodi s’est-il retrouvé sur les pelouses du stade Louis Delpech ? Du Togo, 5 700 km le séparent de la France, mais sa route a été bien plus longue, voici son récit.

Pourquoi avez-vous quitté le Togo ?

À cause d’une divergence d’opinions avec le régime politique dictatorial en place, je me sentais en danger de mort. Je me suis enfui en sautant d’un véhicule qui m’emmenait en prison. J’ai pris la fuite à travers la forêt pour me rendre au Bénin, sans aucun papier d’identité, sans affaire, en laissant ma maman, mes deux frères et ma sœur.

Quel a été votre parcours pour arriver à Gourdon ?

Du Bénin, je suis allé au Niger, puis le désert du Sahara. En Libye je me suis fait arrêter et fais un mois de prison. De là, j’ai pris la mer sur un zodiac, nous étions 200 à bord en direction de l’Italie. Nous avons été arraisonnés par des pirates qui ont volé le moteur du bateau. Récupérés en Sicile par une association d’aide aux migrants, j’ai passé un an et demi en Italie dans un centre pour réfugiés en Calabre, les conditions étaient précaires. J’ai alors décidé de partir pour la France en traversant les Alpes pour échapper aux contrôles. Je me suis retrouvé à Briançon dans un refuge pour migrants. Suite à une rencontre, je suis arrivé dans le Lot où j’ai été aidé par le collectif d’aide aux migrants gourdonnais (Cargo).

Aviez-vous entendu parler du rugby avant d’arriver en France ?

Oui, mais je n’avais jamais vu un ballon de rugby.

Comment avez-vous signé une licence au Gourdon XV Bouriane ?

Lors d’une séance avec le kinésithérapeute de l’équipe de rugby qui m’a demandé si jouer au rugby m’intéressait. Je suis allé à un entraînement, un deuxième et comme ce sport m’a plu, j’ai signé une licence. Je suis donc au club de Gourdon XV Bouriane depuis le début de la saison. Les dirigeants et les joueurs m’ont réservé un très bon accueil et je m’y sens bien.

La Dépêche