Le Préfet fait le point

« La crise sanitaire est encore devant nous, les mesures de confinement doivent être appliquées sans relâchement ». Durant ce week-end de Pâques, le message du préfet du Lot est clair, et à la hauteur du risque que tous redoutent. Car même avec la précieuse attestation de déplacement, il est indéniable que les Lotois sont de plus en plus nombreux à l’extérieur. Michel Prosic en appelle donc au respect strict des gestes barrières et de la distanciation. Il l’a indiqué lors de l’interview accordée à la Dépêche.

Y a-t-il un laisser-aller des Lotois ? Et un retour des occupants de résidences secondaires ?

Du 17 mars au 8 avril, les services de police et de gendarmerie ont effectué plus 65 640 contrôles et vont les renforcer durant ces vacances. Majoritairement, les gens sont respectueux. Si on observe plus de monde, c’est aussi parce que l’activité économique reprend un peu. Il y a notamment des artisans qui rappellent leurs ouvriers sur les chantiers…

Quant aux arrivants des résidences secondaires, ils sont vraisemblablement quelques centaines dans le Lot depuis le début du confinement. (N.D.L.R. : Selon une étude de l’Insee, s’appuyant sur les données mobiles Orange, le nombre de personnes dans le Lot a augmenté de 6 % entre la semaine qui a précédé et celle qui a suivi le confinement).

Les marchés de plein air rouvrent petit à petit, quelle est la logique de ces décisions ?

Nous étions à 12 au départ, nous avons désormais 26 marchés rouverts sur dérogation préfectorale. Ils n’ont rien à voir avec les marchés traditionnels d’avant. C’est une dizaine d’étaliers maximum, bien espacés, avec un sens de circulation imposé, des barrières ou des protections pour ne pas toucher aux produits. La réouverture ne s’effectue pas sans un respect maximal des règles sanitaires. Ces marchés permettent de maintenir des débouchés à nos agriculteurs.

Qu’en est-il du bilan de covid-19 dans le Lot ?

Vendredi soir, nous étions à 19 hospitalisations pour 962 en Occitanie ; 8 en réanimation, dont 3 arrivant d’autres régions, pour 314 sur l’Occitanie. Le nombre de patients guéris est significatif : 49 Lotois, 1 202 en région.

Comment expliquez-vous ce bilan singulier du Lot ?

Le virus est parti de l’Est pour gagner l’Ouest. Les mesures prises en temps et en heure ont permis à notre département d’être moins impacté. Notre densité de population et le caractère rural de notre territoire ont vraisemblablement joué en notre faveur. Quant aux 4 semaines de confinement, elles portent leurs premiers fruits, mais restons prudents.

Dans le Lot, nous avons une attention particulière sur les Ehpad. Les tests de dépistage ont commencé à se déployer de façon importante. Les dotations de matériel de protection de l’ARS arrivent plus régulièrement aussi. L’État a fait des commandes importantes, j’espère que cette problématique est beaucoup plus derrière nous, que devant nous. Il y a les masques, mais d’autres consommables aussi que l’on attend prochainement.

Durant ces congés, les enfants des soignants sont-ils toujours pris en charge ?

Ils sont accueillis, des petits en crèche jusqu’aux adolescents de 16 ans. Ils sont une soixantaine de jeunes en semaine scolaire, et 46 durant ces vacances.

On essaie de trouver toutes les formules pour permettre aux soignants d’être à leur poste de travail. Ainsi le bailleur Polygone va mettre des appartements à leur disposition au plus près de l’hôpital pour leur permettre de se reposer.

Verbatim

Michel Prosic : « La logique actuelle est de réserver les masques disponibles pour les professions médicales. Évoquer un port de masque obligatoire pour tous est prématuré. Si cela doit se généraliser, cela se fera à l’échelle nationale ».

« 500 entreprises du Lot bénéficient aujourd’hui de mesure de chômage partiel. Vendredi, j’ai reçu la filière touristique, puis celle du BTP et enfin la cellule de veille économique avec les trois chambres consulaires ».

« Nous voyons les feux de végétation démarrer. L’écobuage est interdit. Les Lotois doivent pouvoir stocker leurs végétaux quelques semaines encore au fond de leur jardin ».

« Pour l’entretien des villes, les souffleurs de feuilles sont déconseillés. Quant à la désinfection des rues, le Haut conseil de la santé publique ne recommande pas cette méthode, jugée inutile ».

Laetitia Bertoni La Dépêche