L’élevage lotois menacé par une réforme de la PAC

zones-agricoles
Représentants de la FDSEA du Lot, des Jeunes Agriculteurs, et 60 éleveurs lotois

La révision des zones agricoles soumises à contraintes naturelles va impacter les exploitations de 111 communes lotoises, pour une perte annuelle de 9 M€ d’aides.

Lissac et Mouret n’a pas changé de situation, pourtant on nous déclasse de la zone agricole reconnue de handicap naturel depuis 30 ans… Jean-Claude Caussanel n’est pas le seul éleveur lotois concerné par cette révision de la cartographie et donc des aides allouées pour compenser certains critères peu favorables au développement agricole en zone rurale. (Lire notre édition du 18 octobre)

C’est sur son exploitation de 385 brebis mères qu’il accueillait, hier après-midi, les représentants de la FDSEA du Lot et des Jeunes Agriculteurs, et avec eux quelque 60 éleveurs lotois, rejoints par Franck Léon, sous-préfet de l’arrondissement de Figeac et Philippe Grammont, directeur des territoires du Lot.

«Nous avons souhaité montrer l’exemple sur le terrain des conséquences du déclassement, en donnant rendez-vous dans trois exploitations du Lot. Aujourd’hui à Lissac, jeudi à Lalbenque, puis à Dégagnac», expliquait le président de la FDSEA du Lot, Alain Lafragette, avant de détailler : «Sur les 291 communes lotoises concernées, 111 communes se retrouvent exclues, pour 9 millions d’euros perdus».

La conséquence, Jean-Claude Caussanel installé depuis 1978 l’a clairement expliquée, son fils à ses côtés. «Le revenu de l’exploitation est de 10 576 € annuel ; on perçoit 12 318 € d’indemnités compensatoires de handicaps naturels. Donc sans ces aides, c’est vite vu, il vaut mieux tout arrêter».

«L’application de ce nouveau zonage doit intervenir en 2018, l’Europe considérant que les zones défavorisées sont à redéfinir selon 8 caractéristiques : des contraintes de sol, mais aussi de dénivelé, de climat, etc.», intervenait Hervé Gauzin, vice-président de la FDSEA.

La méthode prise en compte exclut certaines communes pour d’autres motifs, incohérents selon les agriculteurs, qui citaient : «Le cas de la Bouriane, où une exploitation porcine fait monter la production du secteur. Des vignobles qui impactent la situation des éleveurs de la vallée du Lot. Ou le seuil de +60 % d’un territoire communal devant être affecté.»

Franck Léon se voulait rassurant : «L’agriculture représente le 1er secteur économique de la région et j’ai bon espoir que les choses évoluent». Philippe Grammont ajoutait : «Nous allons faire remonter au préfet de Région des éléments plus techniques, plus consolidés. Le Lot est le département le plus touché par la disparition de la zone Piémont».

Les agriculteurs appellent à un rassemblement (*) le 14 novembre, à Montauban, pour interpeller le ministre de l’aménagement du territoire, Jean-Michel Baylet, car disent-ils : «L’agriculture est une économie qui contribue à la ressource alimentaire et à l’entretien des paysages».

(*)Un transport en autocars est organisé pour les agriculteurs, inscription au 05 65 23 22 60.

Du soutien

À l’image du maire de Montbrun qui a sollicité le Grand Figeac pour qu’une motion soit adressée au Ministre de l’Agriculture, de nombreuses collectivités du département se positionnent en faveur de leurs agriculteurs.

Michel Védrune, agriculteur à Gréalou, était à Lissac, hier. «J’ai quitté mon métier de cuisinier pour devenir agriculteur par passion. Je viens d’installer un jeune en Gaec et c’est la plus belle connerie que j’ai faite. Car aujourd’hui, on nous tue. Notre système arrive au bout. Les jeunes vendent leurs agneaux au prix que les vendaient leurs grands-pères».