Les agriculteurs lotois bloquent la zone commerciale, pour ne pas se retrouver sur la paille

Tractant les remorques agricoles, les tracteurs se sont positionnés sur les giratoires encadrant la zone commerciale de Labéraudie à Cahors pour en barrer l’accès, vers 11 heures ce vendredi matin. Les agriculteurs lotois étaient près d’une centaine à participer à cette action coup de poing portée par la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs. Une mobilisation de la dernière chance pour ceux qui produisent à pertes aujourd’hui dans certaines filières et pour toute une profession qui espère des lendemains meilleurs.

Au moment où la loi Egalim2 entre en application pour garantir une rémunération correcte des agriculteurs, les négociations commerciales pour l’année 2022 entre distributeurs et industriels de l’alimentaire sont à l’œuvre. Pris entre deux feux, les agriculteurs ne veulent pas être la vache à lait de ce système économique et donner à croire aux consommateurs que tout ceci va dans leur intérêt pour la défense de leur pouvoir d’achat.

« Se soucier des prix de vente, c’est se soucier de la rémunération des éleveurs. Mais cela ne veut pas dire que face à l’inflation, à la flambée du carburant, des céréales, des engrais, le consommateur doit être le seul à en assumer les conséquences », plaidait Alain Lafragette, président de la FDSEA 46.

Pour enfoncer le clou, les agriculteurs en colère se sont symboliquement rendus dans deux grandes surfaces de la ville pour repérer les produits importés ou vendus aux consommateurs à des prix ne permettant pas leur juste rémunération.  » Nous voulons ainsi montrer aux clients de ces magasins que sous prétexte de défendre leur pouvoir d’achat, la grande distribution ne procède pas à une répartition juste et équitable des marges » , martelait Alain Lafragette et Christophe Bonnet, secrétaire général de la FDSEA du Lot.

Car, certaines filières craignent le pire dans les prochains mois. C’est le cas pour les éleveurs de porc. « La situation est catastrophique. C’est la plus grosse crise que nous ayons connue depuis 20 ans. Nous produisons à perte, en vendant sous nos coûts de production. On ne tiendra pas 6 mois comme ça », prévient Gilles Resseguier, président de la section porcine. « Avec un prix de 1.25€/ kilo-carcasse, on n’y arrivera pas, il faudrait revaloriser à 1.60/1.70€, pour couvrir nos charges et vivre de notre travail. Si la situation reste en l’état, 30% des producteurs français seront perdus ».

Pour l’heure, malgré l’inflation, les négociations commerciales en cours s’annoncent plus basses que l’an dernier, inimaginable pour les agriculteurs qui se sont mobilisés cette semaine, partout en France.

Laetitia BERTONI                                                                                          La Dépêche