Les agriculteurs présentent leur projet

L’exaspération était palpable à la Direction départementale des territoires (DDT) du Lot. Hier, alors que partout en France, les mobilisations se multiplient, les représentants de la FDSEA et des Jeunes Agriculteurs (JA) s’apprêtaient à présenter devant la Commission Départementale d’Orientation de l’Agriculture, présidée par le préfet du Lot Jérôme Filippini, leur Projet Agricole Départemental.

«Malgré les difficultés conjoncturelles, on demande l’accompagnement des agriculteurs avec des actions concrètes : la mise en place d’une cellule de veille afin d’être réactif à tout projet innovant qui apporterait de la valeur au territoire, un focus sur la filière ovine qui est une des plus engagées aujourd’hui, et l’amélioration de la communication notamment en ce qui concerne les contre-vérités», énumère Alain Lafragette, président de la FDSEA du Lot. Et d’ajouter : «Tant que les problèmes de revenus des agriculteurs et de répartition égalitaire des marges ne seront pas réglés, il sera difficile de se projeter et d’aller de l’avant. Le Ministre doit reconnaître que la loi Egalim est un échec.»

 

Le refus des marchands de peur

Importations inéquitables, dénigrement de la profession, double discours… autant de motifs qui exacerbent la colère des agriculteurs. «Nous voulons que le discours politique soit cohérent entre ce qu’on nous demande et ce qu’on dit aux Français», martèle Christophe Canal, le président de la Chambre d’Agriculture du Lot, faisant notamment référence à la signature du CETA.

«On ne veut pas céder aux marchands de peur. Nous croyons aux territoires vivants. Pour les enjeux de demain, les agriculteurs sont des acteurs majeurs de notre ruralité», a assuré Dami Fraysse, secrétaire général adjoint des JA. «Ce n’est pas en important des produits qui viennent d’ailleurs avec des règles différentes pour chacun qu’on pourra installer des jeunes sur nos territoires», a ajouté le secrétaire général Ludovic Calmon.

4 % des actifs du Lot

«La dernière fois qu’un tel projet a vu le jour c’était il y a 25 ans», assure Alain Lafragette, qui était à l’époque président des JA. «C’était un projet basé sur les hommes et sur la valeur ajoutée. Les mesures prises à ce moment-là ont duré tout ce temps. Aujourd’hui, 4 % des actifs sont agriculteurs dans le Lot contre 0,8 % à l’échelle nationale»

Caroline Peyronel La Dépêche

L’encadrement des pratiques phytos dans la loi EGALIM

La loi EGALIM (loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (1)) a été promulguée le 30 octobre. Issu des états généraux de l’alimentation (2017), ce texte propose des mesures pour améliorer les équilibres commerciaux, la qualité de notre alimentation, et simplifier le domaine agricole.

Le chapitre III du titre II ‘Renforcement des exigences pour une alimentation durable accessible à tous’ prévoit des évolutions sur la mise en marché et l’utilisation des intrants agricoles dont : 

  • Interdiction de publicité et rabais pour certaines catégories de produits phytosanitaires et biocides,
  • Simplification de l’évaluation des produits de biocontrôle et substances naturelles à usage biostimulant,
  • Séparation des activité de vente et de conseil à l’utilisation des produits phytosanitaires.
  • Evolution des certif’phytos.

En particulier, l’article 83 propose des mesures relatives à l’utilisation des produits phytosanitaires :

  • Interdiction d’utilisation des produits phytosanitaires à modes d’action identiques aux néonicotinoïdes.
  • A partir du 1e janvier 2020, l‘utilisation de produits phytosanitaires à proximité de zones attenantes aux bâtiments habités et aux parties non bâties à usage d’agrément contiguës à ces bâtiments est subordonnée à des mesures de protection des personnes habitants ces lieux. Les produits phytosanitaires à faibles risques, les produits de biocontrôle ou composés uniquement de substances de base ne sont pas concernés par cette interdiction.

Ecophyto

Loi Egalim: les résultats 8 mois après

Les prix de vente ne baisse plus, les promotions diminuent.

Après plusieurs années de baisses de prix et de surenchère promotionnelle, la Loi Alimentation a été mise en place en début d’année via trois volets (encadrement des promotions en valeur à hauteur de 34%, seuil de revente à perte relevé de 10%, encadrement des promotions en volume à hauteur de 25%). « Après six à huit mois d’existence, l’exécution de ces trois volets a permis de mettre fin à la déflation, d’enrayer la surenchère promotionnelle et marque le grand retour des marques propres », note Nielsen dans un communiqué que nous reprenons ici.  

2019 sonne le glas de 7 ans de déflation De 2013 à 2018, la déflation des plus grandes marques a atteint -15% en cumulé, mais 2019 marque le retour à l’inflation. Et si tous les types de marques affichent une hausse des prix cette année, ce sont avant tout ces marques majeures qui sont concernées : certaines des références les plus vendues ont vu leur prix augmenter de plus de 10% en hypermarchés depuis février. Parmi les catégories les plus inflationnistes, on retrouve les alcools, soumis à des taxes importantes et bénéficiant d’une demande mondiale en hausse, les whiskies affichent par exemple +4% de hausse de prix en moyenne. On retrouve également des catégories de produits frais à base de matières premières peu transformées, comme le beurre, les fruits de mer et poissons ainsi que les produits carnés vendus en libre-service. Cette hausse des prix n’est sans doute pas sans impact sur les volumes qui accentuent leur recul tandis que le marché continue de se valoriser. 7 Français sur 10 déclarent désormais percevoir une hausse des prix dans l’alimentaire (soit huit points de plus qu’en 2018) et il s’agit d’une préoccupation principale pour près de 2 consommateurs sur 10. Moins de surenchère promotionnelle ? Véritable rupture de tendances observée cette année, le poids des ventes réalisées en promotions passe sous la barre des 20% pour retrouver son niveau d’avant la guerre des prix. De 13,1% en l’an 2000, le poids promotionnel était passé à 21,7% en 2017 avant d’amorcer sa baisse en 2018 en anticipation de la loi, et d’atteindre 19,3% cette année.  

Trois catégories alimentaires sur quatre ont vu leur poids promotionnel diminuer, et l’impact est tout particulièrement visible sur les catégories saisonnières ou d’impulsion telles que les chocolats, le foie gras, le champagne, la confiserie glacée, les eaux… Ce sont également trois quarts des fabricants qui ont vu diminuer le poids des ventes promotionnelles alors qu’ils n’étaient que 44% en 2017. Ce recul concerne aussi bien les grands groupes que les plus petites entreprises ; ainsi seules les MDD sont stables sur ce levier des promotions.

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