Les associations de maires font un bilan du confinement

Président de l’AMF, François Baroin, a salué le compromis trouvé en commission mixte paritaire, samedi dernier, sur la responsabilité pénale des élus. Un sujet brûlant à l’heure où nombre d’élus s’interrogent sur la réouverture ou non de leurs écoles et l’application du protocole sanitaire. Si le maire LR de Troyes estime que globalement cela se déroule bien, ce dernier préfère rester prudent, conscient des difficultés à venir lors des phases d’ouverture plus larges : le 25 mai puis au mois de juin.

Avec le déconfinement, se pose également la question des transports publics et du port obligatoire du masque. Saluant la mesure, Jean-Luc Moudenc, président de l’association France urbaine, aimerait également que cette obligation soit prise « dans d’autres endroits stratégiques, notamment aux abords lieux de transport. Nous attendons une règle claire et je pense que nos concitoyens comprendraient ».

François Baroin regrette justement que la loi d’urgence sanitaire ait réduit drastiquement le pouvoir de police des maires, référence ici à la décision du Conseil d’État suite à l’arrêté du maire de Sceaux, qui demandait à ses concitoyens de porter un masque dans l’espace public. « Dans un cadre général de réouverture des activités qui fait appel au civisme partagé, le port du masque reste un vrai sujet dans certaines villes » a remarqué le maire de Troyes.

Un deuxième tour réclamé « dans les meilleurs délais »

Les deux patrons d’associations d’élus ont tous les deux applaudi le feu vert donné par le gouvernement pour l’installation d’ici fin mai des conseils municipaux élus lors du premier tour. « C’est une évidence économique, car les commissions d’appel d’offres vont pouvoir être mises en place et la commande publique va pouvoir redémarrer ».

Les présidents respectifs de l’AMF et de France urbaine, pour l’un déjà réélu à Troyes et pour l’autre en ballottage à Toulouse, ont par ailleurs écrit au Premier ministre, au nom de leurs associations respectives, afin de demander l’organisation d’un second tour « dans les meilleurs délais, en juin, afin que les résultats du premier puissent être conservés et que les 5000 communes qui n’ont pas encore été délivrées à l’issue du premier tour puissent l’être ». Evidemment, François Baroin et Jean-Luc Moudenc ont insisté sur l’absolue nécessité de conditions sanitaires favorables. « Mais si on rouvre tout progressivement, comment comprendre que l’électeur ne puisse pas dans se rendre dans un  bureau de vote sécurisé ? » a lancé Jean-Luc Moudenc.

Les représentants des associations du bloc communal ont également souhaité faire un premier bilan du confinement. Si Caroline Cayeux, maire LR de Beauvais et présidente de « Villes de France », a salué l’effort du gouvernement pour garder le lien avec les élus au cours de cette crise, cette dernière n’a pas caché que de retour sur le terrain, les « rigidités » des ARS avaient posé souci à de nombreux élus au cours de cette période inédite, engendrant nombre d’incompréhensions et de frustrations.

Des écoles rouvertes mais sous-utilisées

Jean-Luc Moudenc a, lui, souligné les « incohérences » de Paris et leurs répercussions dans les territoires. « Il y a eu cette idée de dépistage obligatoire dans les EHPAD, tant pour les pensionnaires que les personnels, mais cela ne s’est pas concrétisé ; de la même façon, nos concitoyens nous ont beaucoup interpellés sur la question des masques… et comme la doctrine a été très changeante – et d’ailleurs je dois dire que nous sommes encore dans un certain brouillard – cela n’a pas facilité les choses » a énuméré le maire LR de Toulouse.

Ce dernier a également regretté qu’au cour du confinement, les demandes répétées des maires de pouvoir accueillir de manière prioritaire dans les écoles réquisitionnées les enfants des personnels municipaux (éboueurs, policiers, etc.) – au même titre que ceux des enfants de soignants – n’aient pas été prises en compte par le gouvernement. « C’est vraiment dommage, car nous avons ouvert de écoles, et ces lieux n’ont été utilisés qu’à 15% ou 20% de leur capacité » regrette-t-il.

Rupture numérique

Du côté des villages et des petites villes non plus, les incompréhensions et les difficultés n’ont pas manqué. Ainsi, Dominique Dhumeaux, maire de la Fercé-sur-Sarthe et vice-président de l’AMRF a souligné à quel point les nombreuses circulaires « très longues et très lourdes » ont pu représenter de réels obstacles pour certains maires ruraux. « Certains collègues, qui étaient seuls en mairie, ont vraiment eu du mal à appréhender ce que l’État attendait d’eux » a rapporté Dominique Dhumeaux « et si l’on veut, dans l’avenir, que les maires s’emparent du sujet, il faudra simplifier les circulaires, les rendre plus accessibles et les adapter aux différentes strates de collectivités ».

Le maire de Fercé-sur-Sarthe a également rappelé que la rupture numérique et l’absence de couverture réseau de qualité ont représenté de réelles entraves dans certains territoires… empêchant notamment d’assurer correctement la continuité pédagogique des enfants confinés. « Les maires ont dû se mobiliser pour que l’école parvienne jusqu’au domicile de parents parfois en difficulté, sans ordinateur, sans imprimante » a pointé Dominique Dhumeaux.

Courrier des maires