Les élus du Nord du Lot se sentent mis sous cloche..

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Suite à la réunion du conseil communautaire au cours duquel les élus de Cauvaldor ont manifesté leur mécontentement vis-à-vis des services de l’État, il a été proposé aux différents conseils municipaux de voter une motion pour un réel partenariat avec les services de l’État.

Une motion de défiance face à l’État

Par cette motion, les élus rappellent les échanges tenus avec la sous-préfète de Figeac lors de la conférence des territoires qui s’est tenue à Cahors le 14 décembre dernier dont notamment la complexité et la lourdeur des procédures administratives qui nuisent à l’action publique au moment où les besoins et demandes des habitants sont importants.

Ils rappellent que les conseils et l’appui de l’État et de ses services sont indispensables pour permettre de relever les défis de nos territoires ruraux dans beaucoup de domaines : Économie et tourisme, environnement, social et solidarité, enfance, jeunesse…

Les élus refusent de se résoudre à accepter un vieillissement accéléré de leurs populations, la fermeture des écoles et de nombreux services publics qui génèrent une inévitable perte d’attractivité du nord du Lot.

Ils rappellent également que ce territoire a régulièrement devancé les évolutions législatives, que ce soit dans l’organisation administrative ou de l’exercice de compétences : GEMAPI, SCOT, PLUI-H, service ADS, EPIC intercommunautaire pour le tourisme… pour ne citer que quelques exemples.

Ce travail engagé depuis plusieurs années s’est réalisé dans un cadre réglementaire contraint mais avec la préoccupation permanente, chez les élus, de rechercher l’intérêt général sans hypothéquer l’avenir (protection des ressources et paysages, développement raisonné des activités économiques…)

À ce jour, les élus constatent que dans de nombreux domaines tels que l’urbanisme, les risques naturels, ou bien l’environnement, les services de l’État sont plus dans une posture de précaution accrue, voire de blocage que d’accompagnement positif des collectivités. Ces difficultés sont récurrentes. Les élus refusent que quelques groupes de pression ou services viennent à douter si fréquemment du bien-fondé des décisions locales, de leur volonté d’agir de manière pragmatique et responsable, en ayant de surcroît la meilleure connaissance du terrain.

La mise sous cloche du nord du Lot n’est pas acceptable et se trouve en totale contradiction avec les objectifs déterminés collectivement. Par voie de conséquence, les élus demandent l’instauration d’un véritable dialogue de confiance et d’un partenariat constructif avec les services de l’État ; ils précisent que ce partenariat devra s’appuyer sur une méthode de travail clairement définie et élaborée conjointement.

Vers une situation de blocage ?

Ils proposent à compter du 5 mai 2018 et pour une durée indéterminée : la fermeture des bureaux de leurs collectivités, le départ d’une grève administrative, le refus de participer aux réunions avec les services déconcentrés de l’État, le refus de participer au simulacre de concertation sur la révision à venir du PPRI (Plan Prévention Risques Inondations), de suspendre les travaux de continuité écologique et la procédure de réalisation du PLUI-H (Plan local d’Urbanisme Intercommunal ou projet fixant les règles d’utilisation des sols).

Les élus informeront les parlementaires de leur circonscription et les associations d’élus, invitent le Préfet accompagné de ses services à assister à un conseil communautaire le 14 mai 2018, et se réservent le droit de mener d’autres actions à définir. Cette motion a été adoptée par le conseil municipal de Souillac à l’unanimité moins une abstention. Pour bien comprendre la position des élus de Cauvaldor, il convient de restituer le contexte.

Quelle lutte contre la fracture territoriale ?

Depuis plusieurs années, suite à la suppression progressive de la taxe professionnelle, les communes se sont retrouvées dans une situation difficile puisque d’un côté, l’état a demandé que les communes aient une autonomie financière plus importante, tout en minorant la Dotation Globale de Fonctionnement versée aux collectivités, réduisant les marges de manœuvre des municipalités. Pour la ville de Souillac, cela se traduira par, notamment, une baisse de 10 % des subventions versées aux associations.

Parallèlement, alors que la députée de la 2e circonscription a été élue dans le nord du Lot pour lutter contre la fracture territoriale du Département, le gouvernement a annoncé la liste des 222 villes bénéficiaires du plan de 5 milliards d’euros pour la revitalisation des centres bourgs ; on s’aperçoit que la vallée de la Dordogne a encore été zappée au bénéfice de l’axe Figeac-Cahors. La revitalisation du centre-ville de Souillac ne sera pas financée par l’État. Au moins les choses sont claires à ce sujet.

L’État reste dans sa même logique, celle d’un appui aux hypercentres, métropoles et grandes villes au détriment de plus de 30 000 communes qui se vident de leurs habitants, qui entraînent la fermeture et l’éloignement des services publics, le financement de coûteux aménagements sur les grands centres (Grand Paris), un mal vivre dans des banlieues dortoirs avec ses problématiques de transports, de pollution, ses lots de misère sociale et de violences en tous genres.

Lorsque le candidat Macron s’est présenté à Rocamadour en 2017, les élus de Cauvaldor lui avaient pourtant fait la démonstration de ce que pouvait être un territoire dynamique, au point que le futur président parla en conférence de presse d’une « ruralité conquérante ».

S’en est suivie la suppression progressive de la taxe d’habitation, seul levier fiscal des collectivités locales, et dont on doute, eu égard à l’expérience de la taxe professionnelle, que l’état respectera sa parole en matière de compensation.

Un sentiment d’abandon pour le nord du Lot

Parallèlement on a l’impression que le sud du Lot refuse de voir le nord se développer. Que ce soit la justice administrative qui retoque une nouvelle fois la « Voie d’avenir », ou les services de l’État qui bloquent en rejetant par exemple et de façon systématique tous les permis de construire par applications de règles qui s’avèrent contradictoires avec celles de nos départements voisins (Dordogne et Corrèze).

Ajoutez à cela la désertification médicale non traitée par l’Agence Régionale de Santé qui est plus promoteur immobilier (maisons de santé et centre de santé) qu’apporteur de médecins généralistes et spécialistes ; sans oublier la pauvre ligne POLT gérée par une SNCF plus occupée à gérer ses pannes et sa compagnie de bus déficitaire qu’à faire rouler des trains…

Et ne parlons pas de la fracture numérique avec ses zones blanches et son internet à très haut débit qui fait hurler de rire puisque limité à… 3 ou 8 mégas pour le plus grand nombre. Le tableau est bien sombre.

Évidemment on se défendra ici et là, on se justifiera à coup de « Comm » histoire de noyer le poisson en attendant que les choses se tassent. Pff, c’est terrible, non, ces gens qui veulent absolument faire avancer les choses.

Ce sentiment d’abandon d’une zone rurale qui pouvait être un véritable laboratoire du développement équilibré et équitable d’un territoire avec l’absence de ville centre n’est pas sans conséquences sur la démocratie du pays. Pendant qu’élus et fonctionnaires de passage vont jouer au ping-pong, les habitants eux, vont faire comme ailleurs, dans nos banlieues toulousaines ou parisiennes notamment.

Ils vont encore plus se désintéresser de la chose publique, hésiteront à aller voter (pour quoi faire si ce n’est pour du dégagisme…), se démerderont entre eux quitte à s’inventer un monde et des usages où l’État n’aura pas sa place.

L’inertie nationale a de beaux jours devant elle, les « C’est pas moi qui » et les « Y a qu’à faut qu’on » vont pouvoir continuer à s’éclater avec « les jamais contents », les « contre tout » et les obsédés de la « ptite bête ».

Il y a indépendamment de leur positionnement sur l’échiquier politique des élus de qualité sur le territoire de Cauvaldor, mais ils n’ont pas leur place dans des centres de décisions qui échappent totalement à la démocratie. Quelqu’un n’a-t’il pas dit un jour : « La démocratie c’est cause toujours » ? Il serait peut-être temps de tous ramer dans la même direction et au même rythme.

C. Rabuteau La Vie Quercynoise


65 communes ont d’ores et déjà fermé leur mairie en signe de protestation.

 

« C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase !  Les services de l’Etat nous ont demandé de retirer notre délibération sur la ZAE de Cressensac au prétexte d’une absence d’engagement dans une réflexion stratégique et opérationnelle sur le secteur… alors qu’il y a eu pour près de 2 millions d’euros d’études réalisées et que des porteurs de projets sont en attente pour s’installer et créer des emplois » a expliqué Gilles Liébus, président de la Communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne, particulièrement remonté « face à une posture de précaution accrue voire de blocage de la part des services déconcentrés de l’Etat qui nuit à l’action publique depuis plusieurs mois voire plusieurs années ». Et de citer d’autres dossiers problématiques : Office de tourisme de Rocamadour, site militaire de Viroulou, méandre de Brajat à Bretenoux, combe de Martel à Souillac…

 

« Cette accumulation est aujourd’hui devenue difficilement soutenable pour les élus de ces 79 communes qui ont le sentiment que leurs choix politiques sont remis en cause et qu’il est systématiquement fait obstacle à leur volonté commune d’œuvrer pour le développement du Nord du Lot dans l’intérêt de ses 50 000 habitants et le respect de leur cadre de vie » a-t-il poursuivi. En réaction, le 23 avril dernier, le Conseil communautaire a adopté, à l’unanimité, une motion qui reprend les griefs faits aux services déconcentrés de l’Etat, prévoyant le lancement d’un plan d’actions « coup de poing » et sollicite une rencontre avec le Préfet du Lot.  La première opération a eu lieu ce samedi 5 mai avec la fermeture de 65 mairies. « On va monter à 95 % de mairies fermées » a annoncé Gilles Liébus. D’autres actions sont prévues : grève administrative ; non-participation aux réunions avec les services déconcentrés de l’Etat ; non-participation au simulacre annoncé de concertation sur la révision à venir du PPRI ; suspension des travaux de continuité écologique et de la procédure d’élaboration du PLUi-H.

« Les élus demandent l’instauration d’un véritable dialogue de confiance et d’un partenariat constructif avec les services de l’Etat qui devra s’appuyer sur une méthode de travail clairement définie et élaborée conjointement. Des réunions dans ce sens sont en cours. Monsieur le Préfet est d’autre part convié à participer à un Conseil communautaire de Cauvaldor le lundi 14 mai prochain. S’il n’y a pas d’avancées, nous continuerons notre mouvement » a conclu le président de Cauvaldor. A suivre…

La réaction de Jérôme Filippini, préfet du Lot. « Surpris de la disproportion entre les reproches communiqués et la réalité de la situation, le préfet du Lot affirme que les critiques formulées à l’égard des services de l’Etat sont excessives, injustes et injustifiées. Le préfet s’est entretenu avec M. Liebus, président de la communauté de communes Causses et Vallée de la Dordogne, il y a plusieurs jours, et ces échanges ont permis de montrer une volonté commune de trouver des solutions. Le préfet a proposé de rencontrer les élus de la communauté de communes lors du prochain conseil communautaire qui aura lieu le 14 mai 2018. Plusieurs réunions préparatoires entre les services et les élus sont en cours, et doivent permettre d’identifier tous les problèmes et d’y apporter des solutions. Les services de l’Etat sont attentifs au développement économique de chaque territoire du Lot. Ils accompagnent au quotidien les élus, les acteurs économiques et sociaux de tout le département, sans aucune distinction ».

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