les négociateurs de la gendarmerie forment les élus locaux à la gestion des tensions et des conflits

Face à des conflits et des tensions toujours plus marqués, et une agressivité à laquelle les élus locaux ne sont pas préparés, la gendarmerie du Lot et l’AMF46 proposent des formations de « déconfliction » aux élus du Lot. Les premières ont eu lieu ce mardi à Cahors avec trois négociateurs de la gendarmerie formés par la cellule nationale de négociation du GIGN.

Par petits groupes autour des trois négociateurs de la gendarmerie, les élus lotois poursuivaient le débriefing de cette session de « déconfliction ». Ce mardi, au groupement de gendarmerie du Lot à Cahors, ils étaient une petite cinquante répartie sur la journée à prendre part à cette formation pour apprendre à mieux gérer les tensions, les incivilités et l’agressivité auxquels leur rôle de maire ou d’élu local les expose. L’Association des maires de France, AMF 46, était partenaire de cette démarche de prévention et de sécurité.

« Des changements de comportements et de défiance vis-à-vis de l’autorité »

« Ce sont eux les premiers interlocuteurs dans une commune lorsque survient un problème. Ils sont de plus en plus exposés aux doléances de leurs administrés qui font preuve d’exigences toujours plus marquées », commentait le colonel Phavorin. Une évolution sociétale que les forces de l’ordre mesurent aussi, enregistrant en moyenne quelque 23 gendarmes blessés ou violentés chaque jour en France. « Même si le Lot n’est pas un département très exposé, on assiste nous aussi à ces changements de comportements et de défiance vis-à-vis de l’autorité et à l’augmentation des outrages et autres « , poursuivait le commandant du groupement du Lot.

Le colonel Phavorin et le maire de Gourdon Jean-Marie Courtin.
Le colonel Phavorin et le maire de Gourdon Jean-Marie Courtin. DDM – Lae. B.

Accompagner les élus pour leur permettre de faire face à ces situations tendues : une démarche que tous ont trouvée judicieuse et pertinente. C’est le cas de Jean-Marie Courtin, maire de Gourdon :  » C’est vrai que les gens sont plus agressifs et exigeants. On observe aussi plus d’incivilités, et il faut toujours un responsable aux yeux de nos administrés. Pour nous mettre en situation, nous avons ainsi eu des exemples concrets sur la limitation de vitesse dans un village, des conflits de voisinage quant aux déjections canines, ou encore le problème de la tonte de la pelouse le dimanche », énumérait-il. Le premier magistrat de Goudron a tiré de nombreux enseignements pour appréhender au mieux l’ensemble des situations. « Cela nous donne une vision efficace et nous incite à toujours se maintenir et à se maîtriser face à des personnes qui ne sont pas correctes ».

Favoriser l'écoute et laisser parler l'autre, était l'un des premiers conseils formulés dans la gestion du conflit.
Favoriser l’écoute et laisser parler l’autre, était l’un des premiers conseils formulés dans la gestion du conflit. DDM – Lae. B.

Franck est gendarme dans le Lot, il  a un brevet de négociateur obtenu après une batterie de tests et une formation à la cellule nationale de négociation du GIGN, en région parisienne. Il était l’un des trois intervenants pour ces deux premières sessions de formation auprès des élus. Ils sont une quinzaine a endossé cette mission spécifique en Occitanie. « Tout d’abord, nous projetons un document  élaboré par la cellule négociation du GIGN. Suivent des échanges de questions et de réponses, puis nous passons à la pratique avec des démonstrations, en mettant en avant les techniques que nous avons vues ensemble ».

Au total, ce sont huit sessions accueillant 28 élus qui seront proposées avant l'été.
Au total, ce sont huit sessions accueillant 28 élus qui seront proposées avant l’été. DDM – Lae. B.

Garder à l’esprit que le risque zéro n’existe pas

Parmi ces conseils glissés à l’oreille des élus et que rappellent bien volontiers les négociateurs : être à l’écoute de la personne, la laisser s’exprimer, ne pas lui couper la parole ou  encore adopter une posture miroir, une gestuelle commune, tel un reflet de l’autre.

De quoi désamorcer les tensions, rétablir l’apaisement, car le risque « zéro  » n’existe pas. « Les élus dans les villages ont le sentiment de bien connaître leurs administrés. Ils ne se pensent pas vulnérables. Or, il faut garder à l’esprit qu’on ne sait jamais ce qui peut se passer », concluait le négociateur lotois.

Cette implication de la gendarmerie du Lot auprès des élus locaux se poursuivra avec 6 autres sessions de formation à Cahors et à Gramat, avant l’été et l’arrivée de nombreux vacanciers dans le Lot. Près de 200 élus pourront en bénéficier.

Laetitia Bertoni La Dépêche