« Les Parlottes du samedi » à Salviac, bilan de la rencontre du 10 février 2024

Le petit groupe des « Parlottes du samedi » s’étoffe à la bibliothèque de Salviac ! Sept livres ont été présentés ce samedi.
Jean-Pierre nous a proposé un livre russe qui a reçu le prix « Transfuge » du meilleur roman russe 2017 : « Zouleikha ouvre les yeux » de Gouzel IAKHINA. Ecrit en 2015 en langue russe, il est publié en 2017 en français (traductrice Maud Maubillard) aux éditions Noir sur Blanc il reçoit le Prix de la traduction Inalco en 2019.
Nous sommes au Tatarstan, au cœur de la Russie, dans les années 30. A quinze ans, Zouleikha a été mariée à un homme bien plus âgé qu’elle. Ils ont eu quatre filles mais toutes sont mortes en bas âge. Pour son mari et sa belle-mère presque centenaire, très autoritaire, Zouleikha n’est bonne qu’à travailler. Un nouveau malheur arrive : pendant la « dékoulakisation » menée par Staline, le mari se fait assassiner et sa famille est expropriée. Zouleikha est déportée en Sibérie, qu’elle atteindra après un voyage en train de plusieurs mois. En chemin, elle découvre qu’elle est enceinte. Avec ses compagnons d’exil, paysans et intellectuels, chrétiens, musulmans ou athées, elle participe à l’établissement d’une colonie sur la rivière Angara, loin de toute civilisation : c’est là qu’elle donnera naissance à son fils et trouvera l’amour. Mais son éducation et ses valeurs musulmanes l’empêcheront longtemps de reconnaître cet amour, et de commencer une nouvelle vie.
L’histoire de cette paysanne tatare victime de la « dékoulakisation » des années 30 (ordonnée par Staline, cette campagne de répression visant à éradiquer les propriétaires terriens résistant à la collectivisation a fait des millions de victimes) a été l’objet d’une adaptation télévisée (série de 8 épisodes) sur la chaîne publique « ROSSIVA ». Un carton d’audience qui a provoqué une avalanche de de critiques avec demande d’excuses du Tartastan avec des accusations de falsification de l’histoire… très contemporain !! A lire pour se faire une idée.
L’auteure a également écrit « Convoi pour Samarcande » et « Les enfants de la Volga ». Ces livres seront bientôt disponibles à la bibliothèque.


Puis c’est Genevièvequi nous propose le roman « L’heure des femmes » de Adèle BREAU (paru en 2023 aux Editions J.C. Lattès /Prix « Maison de la Presse » 2023).
Je vous parle d’un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître !
A l’époque, les femmes d’avant 1965, ne pouvaient pas travailler sans l’autorisation de leur mari ; ni disposer d’un compte bancaire à leur nom. Il faut attendre une loi de juillet 1965 pour remédier à cet état de fait, et 1970 pour que soit adoptée « l’autorité parentale conjointe » sur les enfants.
Les femmes étaient « Madame Jean Dupont » et non « Madame Aglaë Dupont-Durand ». Les femmes étaient élevées pour être de bonnes épouses, soutenir leur mari, entretenir la maison, élever les (nombreux) enfants. Pas de machines à laver, ni le linge ni la vaisselle, pas de pilules, évidemment, pas d’avortement autre que clandestin, aux risques d’un décès ou d’un procès aux assises, ajoutez à cela le poids de l’Église, la messe dominicale (il y avait des curés à l’époque !), la confession, le poids du voisinage, des tabous : on ne parlait pas de sexualité, pas du corps. Nombre de petites filles ont cru mourir lors de leurs premières règles car personne ne les avait averties.
Dans cette France des années 1960, une femme, grande bourgeoise, mariée à un haut fonctionnaire de l’État, mère de 3 enfants, journaliste au magazine « Elle », commence à lire, au micro de Radio -Luxembourg (l’ancêtre de RTL) la lettre d’une auditrice qui l’a émue. Cette femme, c’est Ménie Grégoire, grand-mère de l’auteure. Ensuite, c’est une déferlante : elle est submergée par les appels, les courriers de ces femmes en détresse, auxquelles elle répond avec amitié et empathie. Elle OSE employer les mots : grossesses non désirées, relations non consenties, plaisir inconnu, contraception possible…
C’est la révolution dans la France du Général De Gaulle et de Tante Yvonne, prude et dévote, mais rien n’arrête Ménie, certaine (avec raison) d’aider ces femmes. Celle qu’on appelle « La Dame de Cœur » continuera ses émissions jusqu’en 1980, contre vents et marées, en y laissant des plumes personnelles.
Cet ouvrage, très bien rédigé, mêle l’époque de Ménie, sa vie, celles de femmes ordinaires, et l’époque actuelle, avec une jeune femme chargée d’enquêter sur la révolution sexuelle des années 60. C’est un roman, un document, une enquête, une photographie, qui ne laisse pas indifférent(e)s, surtout quand on a vécu cette période !! A lire et à méditer.

Deuxième roman présenté par Geneviève : « Les enfants du fleuve » de Lisa WINGATE.Paru en 2018 aux EDITIONS Les escales, c’est un roman poignant sur l’amour fraternel et le poids des secrets trop longtemps gardés. Sur une péniche amarrée au bord du Mississipi, par une nuit de 1939, une famille de pauvres gens attend le 6ème enfant : il s’agit de jumeaux ! Le père gagne sa vie en jouant de la musique dans les bars, et la mère, bien sûr, élève les enfants. C’est une famille simple, mais heureuse.
L’accouchement est trop compliqué, le père doit emmener la mère à l’hôpital de Memphis et il laisse les « petits » à la garde de la « grande » sœur de 12 ans. Sous l’œil médusé d’un autre gamin du fleuve, les 5 enfants sont enlevés, emmenés loin de la péniche… Une mystérieuse société d’accueil du Tennessee, dirigée par la main de fer Georgia Tann, vient de décider que ces enfants, comme des milliers d’autres avec eux, devaient être arrachés à leur existence misérable et confiés (en adoption plénière) à des familles riches, si possible célèbres, où ils seront bien plus heureux. Tous les papiers sont falsifiés, toute piste pour retrouver les enfants est une impasse. Les 5 enfants, surtout les aînés bien sûr, réalisent très vite qu’ils ne reverront jamais leurs parents, mais ils ne renoncent pas, malgré les sévices, les maltraitances, les privations.
Je ne vous raconterai pas l’histoire complète, sachez seulement qu’il s’agit là d’une histoire VRAIE, que cette Georgia Tann est morte dans son lit dans les années 1950, sans aucune inculpation ni jugement, Elle s’est enrichie illégalement d’une dizaine de millions de dollars (actuels), sans permettre aux familles légitimes de retrouver leurs enfants. Bien sûr, elle a été « aidée » par un certain nombre de gens influents ne souhaitant pas que les médias ou leurs adversaires politiques connaissent leur véritable origine. C’est un roman américain, donc il y a une « happy end », qui allège un peu la lecture, mais on n’oublie pas facilement cette histoire.
Nadinenous présente un livre de Mélissa Da Costa : « Les femmes du bout du monde », paru en 2023 chez Albin Michel.
« Si tu te demandes ce que nous faisons ainsi, loin des hommes, je vais te dire : nous veillons sur notre petit univers, nous veillons les unes sur les autres. C’est ce que font les femmes du bout du monde. »
À la pointe sud de la Nouvelle-Zélande, dans la région isolée des Catlins, au cœur d’une nature sauvage, vivent Autumn et sa fille Milly. Sur ce dernier bastion de terre avant l’océan Austral et le pôle Sud, elles gèrent le camping « Mutunga o te ao », le bout du monde en maori. Autumn et Milly forment un duo inséparable, jusqu’au jour où débarque Flore, une jeune parisienne en quête de rédemption… Hantées par le passé mais bercées par les vents et les légendes maories, ces trois femmes apprendront à se connaître, se pardonner et s’aimer.
Nadinea retenu quelques jolies expressions comme « l’heure bleue », l’heure magique où l’on peut observer les baleines et a été frappée par des descriptions poétiques : les arbres tordus de Slop Point (Ils existent ! A chercher sur Internet car ils sont remarquables !). Mélissa Da Costa nous offre un voyage inoubliable à travers des paysages d’une stupéfiante beauté, aux côtés de personnages inspirés et inspirants. Un nouveau roman magistral et une ode à la liberté.

Christine nous présente un « feel-good » : ces livres sympathiques qui font du bien…. « Les sales gosses » de Charlye MENETRIER-McGRATH, paru en 2019 chez Fleuve Editions.
Jeanne a été placée en maison de retraite par ses enfants (pense-t-elle). Et le pire, c’est que chacun se renvoie la balle pour déterminer qui a été à l’initiative de cette mascarade.
Elle a beau avoir 81 ans, une ribambelle de petits-enfants et des tonnes de carnets noircis au fil du temps, preuves de son (très) long passage sur Terre, elle n’a pas dit son dernier mot. Son plan : simuler la démence et les rendre tous dingues.
Sauf que, ce lieu dans lequel elle ne voyait qu’hostilité va lui révéler bien des surprises…
En prenant part, d’abord sur la pointe des pieds, puis avec une ardeur qu’on ne lui connaissait pas, aux rendez-vous mensuels d’une clique de pensionnaires plus agités qu’une colonie de vacances, Jeanne va réveiller des pans de sa personnalité qu’elle pensait à jamais enfouis : la curiosité, l’espoir et surtout : l’audace…en effet cette clique s’est donné pour mission de réaliser des rêves non accomplis -avant qu’il ne soit trop tard- et chacun doit aider les autres … Qu’on se le dise : au  » jeu des regrets  » de l’avant-dernier vendredi du mois, rien n’est jamais perdu.

Et enfin Valérie, fidèle à ses polars, nous propose d’abord… un album pour enfant !! Enfin pour enfant… c’est un livre à plusieurs niveaux de lecture. « Madame le lapin blanc » de Gilles Bachelet est paru en 2012 !

Pourquoi le Lapin Blanc d’Alice au Pays des Merveilles est-il toujours en retard ?
Que fait-il en dehors de ses heures de service
au palais de la Reine de Cœur ?
Est-il marié ? A-t-il des enfants ?
À travers le journal de Madame le Lapin Blanc, son épouse, vous allez pénétrer dans l’intimité de sa petite famille,
faire connaissance avec sa progéniture
et découvrir la face cachée d’un pays
où l’on ne trouve pas que des merveilles…
Un trésor de détails loufoques et de clins d’œil amusés au célèbre conte de Lewis Caroll : l’humour de Gilles Bachelet nous enchante une fois de plus ! Et une réflexion féministe sur la vie d’une lapine ???

Valérie termine avec ses fameux polars : elle a découvert un nouvel auteur suédois un livre de Lars Kepler. Lars Kepler est un auteur suédois qui est en fait deux auteurs : les époux Alexander et Alexandra Coelho Ahndoril. Ils ont publié leur premier roman sous le nom de Lars Kepler, « L’hypnotiseur », en 2009 (c’est le 4ème en cours).
Tous ces livres sont publiés aux éditions Label Noir. Ils ont choisi le pseudonyme Lars Kepler en hommage à Stieg Larsson, le créateur de la série Millenium et au scientifique allemand Johannes Kepler.Donc « Lazare » (2019), « L’homme miroir » (2021), « L’araignée » (2023)des livres absolument fascinants ! D’une horreur absolue, ces meurtriers psychopathes sont extraordinairement torturés et tous sont passés par la case hôpital psychiatrique : que n’y sont-ils restés ? Une mention particulière pour « L’homme-miroir » qui nous tient en haleine jusqu’au bout avec un renversement de situation époustouflant.
Tous ces livres font partie de la série « Joona Linna », inspecteur borderline qui fréquente de très près ces meurtriers, de trop près ? Il parait que pour les arrêter, il faut les comprendre…
En tout cas, si vous êtes amateur de polar du nord de l’Europe, si vous aimez frissonner jusque tard dans la nuit (car vous ne pourrez pas lâcher votre livre), si les tordus de la pire espèce vous fascinent, vous ne serez pas déçu !!
Les 3 livres cités sont disponibles sur la Médiathèque numérique du Lot, et bientôt disponibles en version papier à la bibliothèque.

Prochain rendez-vous samedi 9 mars à 14h30 !

Et aux « Parlottes » de mars, un jeune garçon de 8 ans, Liamh avait participé et nous avait présenté un album de BD de la série « Mortelle Adèle ». Il avait fort bien préparé son texte, s’était renseigné sur l’auteur et expliqué pourquoi il aimait tant la série. C’est parce que la jeune héroïne prend toutes les expressions « au pied de la lettre » ce qui entraîne des quiproquos hilarants. Ces BD sont très empruntées : à croire que Liamh n’est pas le seul à apprécier la petite Adèle.
Merci Liamh !

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