Les vignes du Lot

Outre les aléas et aspects conjoncturels, la filière vin française est confrontée à une situation de crise structurelle multifactorielle, avec notamment une forte chute de la consommation, un ralentissement des ventes à l’export mais aussi un dérèglement climatique qui touche de plein fouet certains bassins viticole

Marc Fesnau Ministre de l’agriculture et de la Souveraineté alimentaire

Ce sont les bassins viticoles du grand croissant sud-ouest, sud-est et sud de la vallée du Rhône. qui sont principalement touchés. Le Lot n’y échappe pas.

Baisse de la consommation de vin rouge, sécheresse, mildiou, gels, grêle… aux difficultés économiques, engendrées par les aléas climatiques, s’ajoute le risque que beaucoup de vignerons, proches de l’âge de la retraite, ne pourront bientôt plus entretenir leurs vignes. D’autres, vont abandonner des fermages pour réduire leurs charges. Les syndicats des vins AOC Cahors et IGP Côtes du Lot, ont ainsi identifié que 600 hectares de vignes se retrouveraient sans exploitants d’ici 2025.

A ses aides financières « classiques », l’état a rajouté un programme d’arrachage avec une option qui pourrait permettre aux viticulteurs qui se décideraient à se retirer de la production vitivinicole de rester dans l’activité agricole et d’investir dans des productions agricoles, adaptées à leur territoires et à leur climat.

Mais vous l’avez compris, tous les viticulteurs n’ont pas attendu après un programme. Et Vincent Lamâche, technicien pour le syndicat de défense du vin d’expliquer au journal la dépêche, que déjà  » Les terres ne sont plus exploitées. Les secteurs de Douelle, Caillac, Mercuès, Pradines, Parnac et Luzech sont particulièrement touchés ». … « Toutes les vignes qui ne sont pas taillées, ne sont pas traitées , et ne sont de fait pas cultivées ». Avec comme conséquence un risque de propagation aux vignes saines, des maladies qui se développent sur des vignes non traitées.

Les vignerons n’ont pas le choix : ils vont devoir arracher leurs vignes. Le syndicat demande une aide pour couvrir les frais d’arrachage : environ à 3 000 euros par hectare, et que soit, en complément, dévitalisées les vignes qui ne seront pas arrachées faute d’un nombre de bras suffisant pour réaliser l’ensemble de cet arrachage imposé.   Mais arrêtons nous un instant sur ce que représente l’ arrachage d’une vigne, à laquelle il a fallu six à sept ans avant de produire du vin. Et elle peut vivre un demi-siècle. Prendre la décision de mettre fin à un vignoble, on n’y revient pas, ou très difficilement. C’est une décision lourde, traumatisante.

Des viticulteurs n’envisagent pas de replanter après l’arrachage. Mais moins de production, moins de raisin cela a pour conséquence une perte de volumes sur l’appellation et une position affaiblie sur les marchés. Aussi Nicolas Fournier, président du syndicat des vins de Cahors et vice-président de la cave coopérative Vinovalie, alerte « … Il faut plutôt se donner du temps et replanter pour rajeunir l’âge du vignoble et introduire des cépages plus adaptés aux aléas et aux tendances. »

Aussi la filière lotoise a-t-elle demandé que soient conservés les droits de plantation pendant 8 ans afin de pouvoir procéder au remembrement du vignoble. Ils espèrent ainsi stabiliser les volumes et planter des cépages plus résistants aux aléas climatiques.

Les premiers arrachages pourraient commencer cet automne avec un objectif de 300 hectares défrichés cette année.

Prenons conscience qu’il ne s’agit pas simplement d’un problème agricole et n’oublions pas l’importance de l’œnotourisme pour notre région. Cependant, l’adaptation au monde qui nous attend et attend nos enfants nécessite que le secteur se restructure et que nos paysages se transforment.

Source : vitisphère DDM