Maec: dépôt de bilan de Cahors International
L’intersyndicale de l’entreprise MAEC* (FO, CFE-CGC, CGT et CFDT), située ZI de Regourd à Cahors, a organisé un débrayage ce mercredi 16 décembre 2020 de 10 h à 12 h. Plus de 200 salariés du site, sur les 380, se sont mobilisés. La même initiative a été menée dans les autres filiales du Groupe Cahors à Mercuès (CRDE), à Bagnères-de-Bigorre (Pommier) et à Toulon (Transfix).
Les salariés ont réagi aux menaces qui pèsent sur la filiale Cahors International suite à l’annonce de sa mise en dépôt de bilan. Une partie des 21 salariés est basée sur le site de la MAEC à cahors. Les autres salariés travaillent à l’étranger (Afrique, Scandinavie…) à la recherche de clients pour les différentes filiales du Groupe Cahors.
Les salariés de Cahors International apprennent le dépôt de bilan de leur entreprise la semaine dernière
Jeudi 10 décembre 2020, Marie-Angèle Jarrige, déléguée CGT à Cahors International, est informée de la tenue d’un Comité Social et Économique extraordinaire concernant la cessation de paiement et la mise en dépôt de bilan de la filiale au 31 décembre 2020. Les salariés tombent des nues… Ni une ni deux, ils montent en vitesse un dossier. Mardi 15 décembre, deux d’entre eux se rendent au tribunal de commerce de Paris pour le lancement de la procédure.
Après les avoir entendus, le juge décide de nommer un mandataire judiciaire qui dispose d’un délai de 3 mois pour éplucher les comptes de Cahors International et déterminer si la volonté de la direction de fermer la filiale est justifiée ou non.
« Ce qu’il nous fait à nous, il va le faire à d’autres » explique Marie-Angèle Jarrige.
Il, c’est bien sûr Grégoire Libert qui a racheté le Groupe Cahors avec sa société holding Epsys en octobre 2019.
Car les syndicats en sont certains. Grégoire Libert a pour objectif de démanteler petit à petit le Groupe Cahors. Ils expliquent qu’en supprimant Cahors International, la direction supprime des rentrées d’argent aux autres filiales, et les fragilise. La situation de la filiale Cahors International vient se rajouter à la suppression de 83 postes à la MAEC annoncée cet été (la négociation du Plan de Sauvegarde de l’Emploi ou plan social est toujours en cours).
Le débrayage a permis aux organisations syndicales se tester la motivation des salariés. Tous se sont exprimés pour se mobiliser encore plus fortement à partir de janvier 2021 (blocage des différentes filiales…), pour mieux se faire entendre de la direction et tenter de sauver leur entreprise.
Les syndicats des différentes filiales réfléchissent au plan d’action qui sera mis en place à la rentrée de janvier.
« La stratégie est de désosser »
Plusieurs élus étaient présents pour soutenir les salariés du Groupe Cahors, dont Ludovic Dizengremel, maire de Mercuès. Certains d’entre eux se sont adressés aux salariés.
Vincent Labarthe et Marie Piqué, tous deux vice-présidents à la Région Occitanie, étaient présents. Vincent Labarthe a expliqué que Carole Delga, présidente de la Région Occitanie, a eu un rendez-vous avec Grégoire Libert le 12 novembre dernier. « Il voulait des aides de la Région. On a compris que la stratégie est de désosser. Les aides de la Région devront être remboursées. On sera intransigeant. Notre seul combat, c’est l’emploi » explique Vincent Labarthe, qui précise que Carole Delga va interpeller l’État sur ce dossier. « Ces méthodes de voyou, c’est insupportable ! » s’est exclamé Marie Piqué.
Jean-Marc Vayssouze-Faure, maire de Cahors et président du Grand Cahors, n’y va pas par quatre chemins en expliquant qu’après Cahors International, « d’autres filiales sont concernées ». L’élu local demande de « la transparence, pour que l’on sache la véritable volonté des dirigeants ». « Qu’est-ce qu’ils veulent faire ? On demande des informations et du dialogue. Les salariés et les familles ont besoin de transparence et d’éthique. D’autant qu’il y a des perspectives pour le Groupe Cahors. À nous d’exiger que cette entreprise puisse à nouveau rayonner sur le territoire. » Jean-Marc Vayssouze-Faure lance aux salariés : « C’est votre mobilisation qui sera décisive ».
La mobilisation des salariés du Groupe Cahors reprendra donc en janvier 2021, après les fêtes.
La Région Occitanie Pyrénées Méditerranée est à l’offensive sur le dossier du Groupe Cahors, au travers des élus du territoire, les vice-présidents, Vincent Labarthe et Marie Piqué, présents mercredi matin avec les salariés. Carole Delga s’était en amont emparée du dossier et avait engagé dès le 12 novembre une rencontre avec le Préfet et le chef d’entreprise mis en cause aujourd’hui par ses salariés.
La Présidente de la Région a établi qu’il n’y avait derrière les arguments de l’intéressé, aucune stratégie industrielle. Ses réticences à tout partenariat de confiance avec les acteurs publics n’ont pas non plus manqué d’inquiéter Carole Delga ainsi que le Préfet de Région.
« Il n’y a qu’un seul chemin, le combat », constatent les élus régionaux
Scandalisés du sort réservé à Cahors international après celui du site de Pommiers avec des méthodes inqualifiables, les élus affirment dès lors qu’il n’y a qu’un seul chemin, le combat.
« Nous nous mettrons en travers du chemin de ceux qui veulent détruire l’emploi », déclarait l’élu régional, Vincent Labarthe.
« Nous nous mettrons en travers du chemin de ceux qui veulent détruire l’emploi », déclarait l’élu régional, Vincent Labarthe. DR/Région Occitanie
Ainsi, l’Etat au travers de la ministre du travail, Elisabeth Borne et du ministre de l’économie, Bruno Lemaire sont interpellés par la Région Occitanie pour que toute la lumière soit faite sur la situation financière du groupe et sur le respect du droit du travail et du dialogue social. Dans une filière qui n’est pas touchée par la crise aéronautique comme nous le connaissons par exemple à Figeac, l’entreprise a l’avenir devant elle dans son secteur d’activité. Derrière le groupe, c’est d’autres implantations comme Lacaze Energies à Leyme qui seront impactés et à nouveau un couperet qui tombera sur les salariés.
Prêt à réclamer le remboursement des aides si…
Vincent Labarthe ajoute que la Présidente est prête à demander le remboursement des aides économiques régionales accordées pour le site de Pommiers si des manquements au droit du travail étaient avérés.
« Nous ne lâcherons rien, et nous ferons tout pour nous mettre en travers du chemin de ceux qui veulent détruire l’emploi et le territoire, pour un quelconque intérêt financier », s’est exprimé Vincent Labarthe
La Dépêche
Huguette Tiegna députée du Lot a alerté les ministres de la situation et le comité de groupe les tribunaux de commerce, elle a envoyé deux lettres à Bruno Le Maire, ministre de l’économie, et à Agnès Pannier-Runacher, ministre en charge de l’industrie, afin de les prévenir de la situation de Cahors International et plus largement du Groupe Cahors et de la MAEC. Dans le même temps, le comité de groupe a envoyé un courrier à chaque tribunal de commerce dont les filiales dépendent afin également de leur faire état de la situation. Enfin, à Toulon, le syndicat FO de Transfix a obtenu un rendez-vous avec les conseillers du 1er ministre. A suivre…
Medialot