Menace sur le service cardiologie de Montfaucon : Plus de 150 manifestants les élus réagissent.

Les infirmières et aides-soignantes du service cardiologie

Début août, l’équipe intervenant au service de cardiologie du centre de rééducation de Montfaucon a appris que la fermeture de leur unité était actée pour le 28 août. Ce lundi, alors que se déroule une mobilisation des personnels et usagers sur le site pour protester contre cette décision, le député du Lot Aurélien Pradié vient de saisir la direction de l’établissement de santé. Il fait part du courrier qu’il vient d’adresser.

Aurélien Pradié s’insurge contre la fermeture du service de rééducation en cardiologie et vient d’écrire à la direction de l’établissement. Voici quelques extraits de son courrier.

« L’établissement de la Roseraie est, pour notre département et bien au-delà, une structure jusqu’ici reconnue comme essentielle dans l’accompagnement et la rééducation des patients qui ont connu de graves accidents de la vie. Sa réputation est à la hauteur de la mission stratégique qu’elle assure. Plus encore, la Roseraie est un acteur essentiel de notre territoire, en matière d’emplois, de tissu médical et d’attractivité. À chaque étape de développement de la Roseraie les acteurs départementaux et locaux ont toujours répondu présents. Les Collectivités locales, comme c’est le cas de la Communauté de communes du Causse de Labastide-Murat que je présidais à l’époque, ont notamment participé au cautionnement des emprunts bancaires qui ont permis le développement de votre structure. C’est précisément parce que les acteurs de notre territoire ont toujours été à vos côtés, dès lors qu’il s’agissait de participer à l’avenir de cet outil de santé, que je m’adresse à vous aujourd’hui. En effet, c’est par l’alerte des salariés et par la presse locale que les élus lotois ont appris et découvert, non sans une certaine et légitime surprise, le projet de fermeture du service de rééducation cardiaque ».

Pour le député du Lot : « Cette fermeture, au cœur de l’été, sans qu’aucune consultation ni dialogue n’aient été engagés avec les acteurs locaux et départementaux est incompréhensible ».

Il poursuit : « Une telle décision, dont l’impact sera réel sur les patients, le territoire et l’offre départementale de soins, ne peut être prise à toute vitesse, en pleine trêve estivale notamment pour les acteurs institutionnels qui sont ainsi comme placés devant le fait quasi accompli. Pour bien connaître et avoir agi sur la question de l’accès aux soins dans notre ruralité, je n’ignore rien des difficultés auxquelles vous avez à faire face. Je sais aussi que, si nous nous mobilisons collectivement et sereinement, des solutions sont envisageables. Plusieurs de vos difficultés sont extérieures à l’Etablissement. C’est incontestable. Mais nous ne devons pas ignorer que plusieurs de ces difficultés sont internes à la Roseraie. Cela doit être mesuré avec lucidité pour y apporter des remèdes ».

Se laisser le temps d’étudier toutes les pistes

Suggérant de réunir l’ensemble des acteurs courant septembre, il préconise de « laisser a minima jusqu’à la fin de l’année pour ouvrir des pistes nouvelles qui ne sacrifieraient pas ce service. Les médecins cardiologues sont pleinement en mesure d’assurer la suite du service durant plusieurs mois encore. Si le service cesse d’ici quelques jours, ils se retrouveraient sans activité, ce qui est inconcevable à l’heure où nous manquerons de cette ressource médicale dans notre département. […] Les personnels encore en poste ont formulé plusieurs propositions de réorganisation de leurs journées de travail ou encore le report de leurs congés. Ces propositions doivent être étudiées avec précision. Le maintien d’une activité, même réduite, du service jusqu’à la fin de l’année, nous laisserait ainsi pleinement le temps d’étudier les solutions durables », conclut Aurélien Pradié.

Laetitia Bertoni La Dépêche


Les élus et la population réagissent

La fermeture annoncée des 35 lits de réadaptation cardiaque à Montfaucon ne passe pas. Après la pétition, soignants, patients et syndicats ont manifesté devant le centre hier.

Ils ont dit non à la fermeture du service de réadaptation cardiaque de la Roseraie. Hier, une manifestation a réuni, devant le centre de santé, un peu plus de 150 personnes qui ont continué à signer la pétition déjà paraphée par plus de 21 000 signatures. Dans la foule des personnalités ont pris la parole pour dire « non » à cette « mort » programmée pour vendredi 28 août. Parmi elles, Marie Piqué, vice-présidente de la région Occitanie en charge des solidarités : « L’annonce brutale de cette fermeture est en totale contradiction avec le Plan Régional de Santé de l’Agence Régionale de Santé Occitanie, où je siège, qui a inscrit l’éducation thérapeutique comme une de ses priorités. Elle est néanmoins une conséquence logique des conclusions du Ségur de la santé, où les soignants qui demandaient des moyens matériels et humains à hauteur des besoins n’ont pas été entendus. Il est urgent d’enrayer l’hémorragie et de mettre un terme à la fermeture de services entiers qui, comme celui de Montfaucon, répondent à des besoins de la population locale ».

« Les besoins sont énormes »

Serge Laybros, élu cadurcien, secrétaire départemental du parti Communiste Français : « Je prends la parole pour dire ma colère face à cette décision et apporter la solidarité du PCF du Lot dans ce combat qui s’engage ».

Nelly Dufour est infirmière en service cardiologie depuis quinze ans. « Si nous sommes en manifestation aujourd’hui, c’est que nous n’avons toujours pas obtenu de la part du Conseil d’Administration, d’échange sur la fermeture vendredi 28 août de notre service cardiologique qui maintient uniquement sa réunion le 7 septembre. Les besoins sur le territoire sont énormes et c’est cette population-là que l’on veut soigner ».

« J’étais ici il y a 3 ans pendant 3 semaines. C’est très probablement un des meilleurs centres en France et s’il ferme il faudra aller à Beaumont-de-lomagne dans le Gers, à une heure et demie, il n’y a rien de plus près », regrette Gérard de Wallens, un patient.La direction n’a pas répondu à nos questions.

La Dépêche

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Mise au point d’Alain Jutier président du conseil d’administration de la Roseraie.

De nombreux intervenants ont  exprimé leur crainte légitime de voir ce service menacé de fermeture à brève échéance. Une telle situation serait en effet extrêmement néfaste pour les patients Lotois et des départements limitrophes mais également pour le Centre de Rééducation dans son ensemble. Au regard des propos erronés tenus volontairement ou involontairement par certains, il devient indispensable de rétablir la réalité de la situation. Un petit rappel tout d’abord : Prétendre que l’on découvre aujourd’hui, pour un professionnel de santé, les difficultés de démographie médicale relève de la mauvaise foi. En  effet le Projet Régional de santé Occitanie 2022 lui-même indique que le Lot se trouve dans une situation caractérisée par une faible densité de médecins ainsi que par un phénomène marqué de vieillissement des professionnels et ce notamment dans la spécialité de cardiologie. Cette problématique est régulièrement évoquée en conseil d’administration depuis de nombreuses années et le recrutement des professionnels s’effectue avec l’aide de cabinets de recrutements spécialisés pour une plus grande efficacité. Si la difficulté de recrutement de médecins cardiologues est une réalité, elle n’est pas la seule. Il est tout aussi difficile de recruter   certaines autres catégories de personnel soignant (infirmières, aides-soignantes notamment). Nous sommes donc aujourd’hui confrontés à deux situations : l’une qualifiée d’urgente qui, au regard des effectifs de personnel soignant,(infirmière, aide-soignante …) nous amène à faire le constat que nous ne serons plus en capacité d’assurer l’accueil des patients en toute sécurité et ce dès le 28 août. C’est cette situation qui justifie la fermeture provisoire du service à cette même date. Cette décision a été prise après information de l’ARS et dès lors, une réflexion globale sur  la possibilité de maintenir le fonctionnement permanent du service de rééducation cardiaque au-delà du 31 décembre a été engagée ( à cette échéance, départ à la retraite de deux médecins cardiologues). L’ARS en lien avec la Direction de la Roseraie et la Direction de l’Hôpital de Cahors travaillent à répondre à cette question qui constitue notre seconde problématique. Des réunions de travail sont d’ores et déjà programmées entre ces trois entités dans les semaines à venir pour faire aboutir une  solution pouvant répondre au mieux à l’intérêt général. Entre temps, chaque salarié conserve son contrat de travail, seul un changement de service sera effectué en conformité avec ce même contrat. »

Medialot