Migrants: Gourdon demande une pause

migrants2Solidaire pour l’accueil des migrants, la ville de Gourdon abrite depuis deux mois un Centre d’accueil et d’orientation, le seul du Lot. Inquiète après l’annonce de nouvelles arrivées, la maire de Gourdon alerte sur les conditions de vie difficiles des personnes accueillies. En réponse, la préfète du Lot a décidé hier de bloquer l’accueil sur Gourdon.

Depuis près de deux mois, comme l’a fait cet hiver la commune de Saint-Pierre-Lafeuille en ouvrant temporairement le domaine d’Auzole, Gourdon offre un refuge aux migrants chassés de la jungle de Calais ou du camp démantelé de Stalingrad à Paris. Dans l’urgence et avec l’accord de la municipalité solidaire, un bâtiment de Lot habitat laissé vacant par les gendarmes de la ville, installés dans une nouvelle caserne, a été transformé début mars en CAO, Centre d’accueil et d’orientation. Les migrants y sont hébergés de un à trois mois, le temps de l’instruction de leurs demandes d’asile. Après six mois d’enfer à Calais, la famille Sedeqey, originaire d’Afghanistan, y a posé avec bonheur ses quelques bagages. Avec ce couple et leurs six enfants, six jeunes Afghans sont arrivés début mars à Gourdon, suivis le 31 mars par 21 autres personnes originaires d’Afrique. Sur place, en plus d’Amandine, conseillère en économie sociale et familiale employée par le CEIIS (association missionnée par la préfecture du Lot pour l’accompagnement social des migrants), des bénévoles, des élus, des associations, un comité de soutien se relaient au quotidien pour soutenir les personnes accueillies. «C’est tout de même difficile d’accueillir dans des conditions décentes tous ces gens. On s’était engagé pour 15/20, on en a eu jusqu’à 32. Ce n’est pas possible» souligne la maire de Gourdon, très impliquée. Alors quand vendredi soir, la préfecture du Lot l’informe de l’arrivée imminente d’une vingtaine de personnes, elle décide d’écrire une lettre ouverte à la préfète. «J’ai choisi d’alerter parce qu’au quotidien on se retrouve confrontés à des choses pour lesquelles on n’est pas préparé» confie l’élue. En réponse, la préfète a indiqué hier qu’elle a pris «note, avec étonnement, de la nouvelle position de la maire de Gourdon sur ce sujet et bloque en conséquence tout nouvel accueil dans sa commune».

Hasard du calendrier, la nouvelle tombe au moment où les premiers arrivants accueillis au CAO quittent Gourdon. Ce matin, Mohammad Sedeqey, sa femme Mahboba et leurs six enfants devaient en effet prendre le train pour rejoindre le Centre d’accueil de demandeurs d’asile (Cada) d’Auch. Un départ difficile pour la famille qui aurait aimé rester à Gourdon. «C’est bien ici, tranquille pour les enfants. Les gens sont très gentils» souligne le père de famille. Conducteur de camions dans son pays, ce quadragénaire qui voulait rejoindre sa famille réfugiée en Angleterre espère trouver du travail dans cette ville plus grande, pouvoir scolariser ses enfants et commencer une nouvelle vie. En paix.


L’appel de Marie-OdileDelcamp

La maire de Gourdon donne l’alerte dans une lettre ouverte adressée à la préfète. Extraits. «Après un mois de fonctionnement de ce centre dit «de répit», il apparaît que les moyens financiers et humains mis en œuvre ne sont pas suffisants pour assurer les besoins journaliers et notamment la nourriture. Le budget de la commune ne saurait être engagé (comme cela était entendu) et les dons financiers des particuliers ne peuvent, à eux seuls, assurer le quotidien. Lors du dernier Congrès des élus du Lot, un vibrant plaidoyer exhortait les élu-e-s à faire preuve de responsabilité face à ce drame humain de grande ampleur.

Les Gourdonnais y ont répondu et je ne voudrais pas que cet élan spontané de générosité se transforme en phénomène de rejet.

C’est pourquoi, je sollicite de votre bienveillance la décision de surseoir à l’arrivée de ces personnes à Gourdon, dans l’attente d’un partenariat clair concernant le coût d’un accueil décent.

D’inviter les communes volontaires à accueillir sans discrimination d’origine, de confessions ou de composition familiale, ces personnes en souffrance. »