Mission solidarité ! un pacte pour lutter contre la désertification médicale
Un groupe de parlementaires de gauche droite centre travaille depuis plus de deux ans, à la recherche de nouvelles dispositions pour lutter contre la désertification médicale.
La principale mesure de leur proposition de loi qui obligeait les médecins à recevoir une autorisation des Agences régionales de santé (ARS) pour ouvrir un cabinet a été refusée par le gouvernement le 2 Avril dernier.
Préférant un principe de solidarité territoriale, plutôt que des solutions qui reposent sur la contrainte à l’installation des médecins, le gouvernement lance lui son « pacte de lutte contre les déserts médicaux »
Une mesure phare : 2 jours d’exercice par mois dans les déserts médicaux
La philosophie de la « mission de solidarité » voulue par François Bayrou vise à « demander peu à beaucoup de médecins plutôt que beaucoup à peu de médecins »
Cela veut dire que concrètement, qu’il sera demandé à chaque médecin une « solidarité obligatoire » pour qu’ils consacrent « jusqu’à deux jours par mois » d’exercice dans des territoires identifiés comme prioritaires.
Cette règle concerne autant les médecins généralistes que les spécialistes et pourra prendre différentes formes : des consultations physiques ou des téléconsultations.
Les médecins seront donc appelés à exercer autour de leur territoire pour répondre aux besoins médicaux locaux. « Cela va commencer par l’incitation mais si jamais cela ne fonctionnait pas on passerait à l’obligation », détaille François Bayrou.
Ceux qui s’engageront dans ce dispositif recevront « une contrepartie financière » et « ceux qui refuseraient se verraient pénalisés ». Ces contreparties financières n’auront aucun impact sur le prix de la consultation pour le patient. Afin de faciliter la mise en place de cette mesure, il est prévu que les médecins puissent être remplacés dans leur cabinet principal.
Des Permanences généralisées
Cette mesure phare est censée être un antidote aux problèmes des déserts médicaux.
En France, 87 % du territoire est classé en désert médical et 6 millions de personnes n’avaient pas de médecin traitant en 2024
La mission de solidarité proposée sera ensuite élargie aux « zones sous-denses, au-delà des territoires prioritaires et du premier secours ». Ainsi, la permanence des soins les soirs, les nuits et les week-ends sera généralisée. Si des certains plannings ne sont pas complets, « un recours plus automatique à la réquisition des médecins du territoire » est envisagé.
Attirer dans les déserts médicaux
Si le gouvernement ferme la porte à une obligation des médecins à s’installer dans les déserts médiaux, il souhaite cependant attirer le plus de praticiens possibles dans ces territoires.
Le pacte prévoit donc la création d’un statut de « praticien territorial de médecine ambulatoire » destiné aux jeunes médecins qui veulent ouvrir un cabinet en « zones rouges ». Ce statut devrait garantir un revenu et une exonération des jours de solidarité territoriale.
100% des étudiants en médecine devront faire un stage en dehors des grandes villes et des CHU
Dès la formation des futurs médecins, l’accent sera mis sur les déserts médicaux. D’abord, en incitant les jeunes de ces territoires à opter pour des études en santé avec la mise en place d’une « option santé » au lycée. Ensuite, en ouvrant des formations en santé dans tous les départements « au sein d’une université, d’un autre lieu de formation ou depuis des campus connectés », projette le gouvernement. Les futures internes en 4e année de médecine baptisés « docteurs juniors » seront aussi poussés à effectuer des stages dans les déserts médicaux. Et pour tous les étudiants, les stages en dehors des grandes villes et des Centre hospitaliers universitaires (CHU) seront rendus obligatoire dès la rentrée 2026. Enfin, le nombre d’étudiants en 1re année de médecine devra être déterminé en fonction des besoins recensés par les ARS, les préfectures et les élus.
L’objectif est aussi de libérer du temps médical pour les médecins en recrutant davantage d’assistants médicaux. François Bayrou souhaite également élargir les compétences des pharmaciens. Ils pourront d’ici la fin de l’année 2025 prescrire des médicaments contre une rhinite, une sinusite ou à la suite d’une piqûre d’insecte.
Aller vite
Toutes les mesures contenues dans le pacte du gouvernement doivent être mises en place progressivement entre 2025 et 2026.
D’ici la fin du mois de mai les ARS devront en lien étroit avec les préfets, cartographier les zones rouges zones d’action prioritaire à l’échelle de l’intercommunalité où l’offre de soins est déficiente
Aujourd’hui, plus de 10 millions de Français sont concernés par ce phénomène de désertification. Dans les zones sous-dotées, il faut attendre 11 jours pour obtenir un rendez-vous avec un généraliste, 93 jours pour un gynécologue et 189 jours pour un ophtalmologue.
La désertification médicale touche en premier lieu les zones rurales, et conforterait le sentiment d’abandon d’une partie de la population.
Source : sénat.fr