Noël

Sapin, cadeaux et enfants surexcités, c’est Noël, enfin ! Aux guirlandes lumineuses qui égaient nos maisons et nos villes, on pourrait ajouter quelques bougies.

 Une bougie pour Bana al-Abed, petite Syrienne de 7 ans habitant à Alep, qui raconte en direct depuis septembre l’horreur de la guerre ravageant son pays ( @AlabedBana). Elle est suivie sur Twitter par 300 000 personnes accablées d’impuissance. Le 14 décembre, elle écrit, paniquée, alors que son père vient d’être blessé et que les bombardements font rage : « C’est peut-être ma dernière heure, soit je vis, soit je meurs. »

Une bougie pour ce père d’Alep et ses mots déchirants ( @Mr_Alhamdo) tweetant le 13 décembre comment il aurait voulu que sa fille puisse, avant de mourir, découvrir le goût de la banane, « elle qui aime tant la nourriture ».

Une bougie pour les millions d’enfants, de femmes et d’hommes pris au piège depuis cinq ans d’une guerre fratricide … Entassés dans des camps de réfugiés, claquemurés sous les bombes sans nourriture ni médicaments, quand ils ne sont pas tirés dans les rues comme des lapins…

Une bougie pour réchauffer le feu moribond de l’ingérence humanitaire et du droit international..

Une bougie pour les morts, qui cherchaient à sauver leur peau en fuyant leur pays devenu fou (plus de 3 800 migrants noyés en mer Méditerranée durant 2016 selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, fin octobre).

Une bougie pour les vivants, débarqués sur le sol européen souvent clandestinement, laissant derrière eux leurs maisons et leur enfance. Des hommes, femmes et enfants cognant à la porte close de l’Union européenne. Des damnés, bien conscients d’être indésirables partout, tandis que flambent l’intolérance et le racisme. Sommés de montrer patte blanche, ils sont suspectés comme des malhonnêtes ou des voyous, d’emblée coupables de vouloir survivre.

Une bougie, dix bougies, mille bougies, des millions de bougies pour Noël.

Magazine ELLE du 23 décembre 2016

Même sujet

« Laissons-nous interpeller par l’Enfant dans la mangeoire, mais laissons-nous interpeller aussi par des enfants qui, aujourd’hui, ne sont pas couchés dans un berceau et caressés par la tendresse d’une mère et d’un père, mais qui gisent dans le refuge souterrain pour échapper aux bombardements, sur les trottoirs d’une grande ville, au fond d’une embarcation surchargée de migrants ».

Pape François