Nouvelles destinations à l’aéroport de Brive/Vallée de la Dordogne

Au prix d’un contrat fixé à 4,50 M€ par an, l’aéroport de Brive-Vallée de la Dordogne (BVD) vient de signer le renouvellement de la liaison Brive-Paris. Après les aléas liés au Covid et fort de finances saines, Julien Bounie, président du Syndicat Mixte de l’aéroport de Brive-Vallée de la Dordogne (BVD) et de la Régie d’exploitation, se montre enthousiaste pour l’avenir, avec plein de projets et une grande ambition pour faire franchir à la structure un nouveau pallier.

Trois rotations par jour avec Paris-Orly

L’Obligation de Service Public (OSP) est à nouveau signée pour 4 ans. Pour l’instant limités à deux rotations depuis janvier, les passagers pour Paris Orly retrouveront leurs trois rotations par jour dès le 28 mars. Les effets du variant COVID seront estompés. Mais à quel prix ! Le précédent contrat avait été signé sur quatre ans pour 2,5 millions d’euros par an : la concession est renouvelée jusqu’en 2026 avec une inflation du ticket d’entrée de 78 %, ce qui porte l’engagement financier à 4,50 M€ par an ! C’est le groupe Regourd Aviation devenu Amelia en 2019 ? en hommage à l’aviatrice Américaine Amélia Earhart  qui opère en lieu et place d’Air France et gère la liaison de Paris, comme celle d’Ajaccio d’ailleurs.

Autres destinations : Porto, Londres

Autres destinations régulières, Porto et Londres sont desservies par Ryanair : la liaison portugaise toute l’année avec une rotation de deux vols par semaine, le lundi et le vendredi ; Londres Stansted, deux fois par semaine également, le mercredi et le samedi mais de fin mars à fin octobre.

10 millions d’€ de budget, des finances saines

Julien Bounie reconnaît avoir dû tailler dans les dépenses pour financer ces deux millions supplémentaires par an. À budget constant et malgré « des finances saines » dixit le président du syndicat gestionnaire, certaines dépenses ont été intelligemment réduites. Par exemple, l’obligation de travaux de remblai en bout de piste estimée à 800 000 € est contenue à 260 000 € grâce à l’utilisation des mètres cubes de terre du décaissement du parking agrandi.

Le financement du fonctionnement de l’aéroport est assuré à 40 % par l’agglomération de Brive-la-Gaillarde, à parts égales de 25 % par la Région Nouvelle-Aquitaine et du département de la Corrèze. Les 10 % restants sont apportés par le département du Lot, les Chambres de commerce et d’industrie (CCI) du Lot et de la Corrèze, la ville de Terrasson-Lavilledieu depuis la création et Cauvaldor (Communauté de commune Causses et Vallée de la Dordogne basée à… Souillac).

Objectif : 100 000 passagers par an

Ouvert en 2010, l’aéroport Brive-Vallée de la Dordogne s’est d’abord appelé Brive-Souillac. Situé sur un plateau exempt de brouillard, sur les communes de Nespouls et Cressensac, cet espace dégagé de 200 hectares devait répondre au développement attendu du trafic aérien. Le projet porté par les maires de Brive et de Souillac dès les années 80, prévu pour 2006, aura finalement été inauguré après le décès de l’élu Lotois, Alain Chastagnol. Les estimations de l’époque prévoyaient 100 000 passagers par an. C’est bien 95 000 personnes qui ont transité par l’aéroport en 2019.

Mais coup d’arrêt avec le COVID, 26 000 passagers en 2020 et 45 000 en 2021. Et pourtant, les estimations de 100 000 personnes pour 2022 sont réalistes, sauf à compter une nouvelle crise sanitaire.

La liaison régulière avec Paris devrait drainer la moitié du trafic attendu, Porto 35 000 personnes, Londres 17 000 et Ajaccio 1500 voyageurs. L’aviation privée évoquée en 2021 sera minime pour contribuer au développement espéré avec pourtant un avion privé par jour. L’aviation de loisir atteint ses limites avec les 40 avions basés sur le site. Et le fret ? Inexistant.

Julien Bounie, profil

Julien Bounie est passionné de rallyes automobiles de voitures anciennes. Il a participé au Tour auto à cinq reprises, de 2011 à 2019. Comme pour sa passion, ses fonctions de président du Syndicat Mixte de l’aéroport de Brive-Vallée de la Dordogne (BVD) et de la Régie d’exploitation exigent plus que de la vitesse, de la précision et du sang-froid dans le pilotage, afin d’éviter la sortie de route. Heureusement, ce quadragénaire abordable et souriant n’en manque pas depuis son arrivée à la tête de l’aéroport de Brive-Vallée de la Dordogne à l’automne 2020.

Julien Bounie
Julien Bounie, président du Syndicat Mixte de l’aéroport de Brive-Vallée de la Dordogne (BVD) et de la Régie d’exploitation (©Frédéric Labroue)

Une société de maintenance d’avions

Reste à séduire des entreprises et lancer enfin cette zone d’activité qui serait en plus créatrice d’emploi. Le plus difficile, c’est la première signature reconnaît Julien Bounie : c’est chose faite avec une société de maintenance d’avions qui sera opérationnelle début 2023. Les implantations devraient ensuite s’enchaîner, sur les 11 hectares dédiés à cette zone économique idéalement placée, accessible rapidement depuis l’autoroute A20.

Julien Bounie attend davantage de retombées économiques grâce à la nouvelle destination mise en place à partir du 28 mars : Bruxelles-Charleroi. Assuré par Ryanair, le tarif sera attractif. Une étude a estimé à 1250 le nombre de résidences secondaires belges du bassin de Brive et du nord du Lot. Le trafic de cette liaison régulière programmée de fin mars à fin octobre devrait se situer entre les fréquentations de Londres et de Porto estime le président de l’aéroport. Atout supplémentaire, l’aéroport belge de Charleroi qui accueillera les rotations du mercredi et du samedi ne se trouve qu’à 45 minutes de Lille. La liaison TGV Brive-Lille n’existant plus, peu adaptée à ce besoin de déplacement rapide pour un court séjour ou voyage d’affaires, c’est le potentiel de 1,2 million d’habitants de la 4e métropole française à portée d’ailes…

Nul doute que la conférence de presse qui aura lieu à l’arrivée du premier vol en provenance de Bruxelles lundi 28 mars vers 19 heures suscitera un bel intérêt journalistique. Car la plateforme corrézienne est devenue sexy : trois autres destinations sont en discussions, Italie, Allemagne et Espagne. Sur les salons, les voyagistes, auparavant difficiles à convaincre seraient beaucoup plus nombreux à courtiser la plateforme corrézienne.

Car les habitudes du passager d’après COVID ont changé : recherche d’aéroports plus petits, qui offrent moins d’attente, un accueil personnalisé et une diminution du risque sanitaire par une foule moins dense. L’envie de partir à la dernière minute est également prise en compte. Sans oublier bien sûr les tarifs attractifs de ces liaisons proposées de façon régulière ou sous forme de destinations saisonnières. Des services supplémentaires comme le parking gratuit pour les vols vacances permettent de damer le pion aux confrères régionaux dans la course à la séduction.

Faire connaître l’aéroport… par un salon du livre

Des idées innovantes, Julien Bounie n’en manque pas avec cette initiative étonnante : utiliser le hall de l’aéroport comme écrin pour un Salon du livre à destination de 2000 scolaires ; cette opération soutenue par l’Éducation Nationale verra les écrivains se déplacer dans les écoles avant de se retrouver en fin de semaine pour un salon du livre dans l’aérogare : ce sera le samedi 14 mai. Des 50 professeurs des écoles du bassin de Brive assistant à la présentation de l’évènement, 7 seulement étaient déjà venus sur le site.

Innover, se faire connaître différemment, s’adapter aux nouveaux comportements des passagers, tels sont les maîtres mots des années futures pour que les rêves de voyages se transforment en voyages de rêves.

Des destinations qui font rêver…

Verrons-nous encore cette année un Brive-Porto à partir de 4 € ? Julien Bounie le souhaite car il a fait de la démocratisation du transport aérien l’une de ses priorités. Vous pourrez ainsi partir en Croatie en mai : du 2 au 9, ou en Crête du 14 au 21. Au mois de juin, vous aurez le choix entre l’île de Madère du 16 au 23 et les Baléares à Majorque du 20 au 27. Après l’été, La Jordanie s’offre à vous du 21 au 28 septembre et l’Égypte du 22 au 29 octobre. Renseignements en agences de voyages ou sur le site de l’aéroport.
Car si le président de Brive-Vallée de la Dordogne reconnaît que ce programme de vols vacances (on ne dit plus charter) n’apporte qu’une faible part du trafic annuel, environ 1200 passagers, les envies d’évasion d’après COVID de nos contemporains vont ainsi être comblées.
À l’inverse, la destination Brive-Vallée de la Dordogne offre de nombreux atouts : le tourisme rural a amorcé un retour en grâce remarqué en 2021 et nos élus en sont pleinement conscients. Raphaël Daubet, président de Cauvaldor et maire de Martel titrait ainsi l’édito du magazine de la Communauté de communes de début d’année : « Le tourisme est essentiel à notre économie », indiquant également que le tourisme était une part de l’avenir du monde rural, offrant des champs d’investigation et d’innovation majeurs. Membre du syndicat mixte et de la régie qui gère l’aéroport, l’élu Lotois, de la même génération que Julien Bounie, est sur la même ligne de développement de son territoire.

Frédéric Labroue Actu Lot