Prévention des violences faites aux femmes : connaissez vous les cyberviolences ?

Lorsque l’on parle des violences faites majoritairement aux femmes (85%), on parle immédiatement des violences physiques, verbales, sexuelles ; quelques fois psychologiques, plus difficiles à démontrer ; économiques (la personne est empêchée de travailler ou n’a pas accès à ses revenus, son compte bancaire…) ; mais rarement des cyberviolences.

  • La Cyberviolence conjugale, c’est quoi ?

C’est le fait de surveiller, contrôler, harceler son/sa conjoint(e)/partenaire de PACS/petit(e) ami(e)… ou son ex-compagnon, conjoint…. par le biais du numérique. Il ne faut pas l’oublier, la violence se poursuit bien après la séparation du couple. 

Une recherche-action menée par le Centre Hubertine Auclert en 2018 a montré que 9 femmes victimes de violences conjugales sur 10 déclarent avoir subi également des cyberviolences de la part de leur partenaire ou ex. 

  • Les différentes formes de cyberviolences : 

Cette cyberviolence vient bien souvent en complément des autres formes de violences, elle comporte différents aspects : 

– la cybersurveillance : la géolocalisation qui est proposée sur nos smartphones facilite grandement ce mode de contrôle. Tous les déplacements de la victime* sont surveillés, épiés, cela entrave son autonomie, ses fréquentations (rencontrer des proches, des professionnels) voire une volonté de départ de son domicile pour se mettre à l’abri. 

L’accès aux comptes des réseaux sociaux, des messageries permet également de contrôler tous les agissements de la personne et de ses contacts.

Si vous êtes en contact avec personne victime de violences conjugales, soyez vigilant en ce qui concerne le contenu de vos messages (SMS, courriels, messages Whats App…) vous pourriez la mettre en grande difficulté et ainsi prendre le risque qu’elle soit obligée de rompre le lien avec vous.

Vous avez peut-être autour de vous des personnes qui reçoivent de la part de leur conjoint/e des messages dès qu’elles s’absentent trop longtemps et qui doivent se justifier ? Ou dont leur conjoint/e lit les messages (sms, courriels…), ce n’est pas normal. Soyez vigilant, ce sont les tous premiers signes qui doivent vous alerter.

Cette cybersurveillance peut être imposée ou se faire à l’insu de la personne (logiciel espion).

la cyberviolence économique et administrative : c’est l’accès par l’auteur des violences, aux mots de passe des comptes administratifs ou bancaires. La victime se trouve alors entravée dans ses démarches administratives voire financièrement sous contrôle.

la cyberviolence sexuelle : elle est souvent évoquée dans les médias, il s’agit de la diffusion ou de la menace de diffusion d’images ou de films à caractère sexuel de la victime.

la cyberviolence des enfants : sous prétexte de maintenir le lien avec les enfants, les appels en visio permettent de contrôler le quotidien de la victime : où est-elle ? Que fait-elle ? Avec qui elle est ? 

Les risques de ces cyberviolences sont d’isoler la personne socialement et peuvent avoir des répercussions sur son état de santé (psychologique ou physique). En effet, la personne victime de cyberviolence est en état de stress permanent. 

  • Quels premiers conseils si une personne de votre entourage est confrontée à de la cyberviolence ?

L’attitude à adopter sera différente si la victime ne vit plus avec son agresseur ou si au contraire, elle est encore au foyer. Il faut avant tout éviter de la mettre en danger.

Il faut conserver les preuves (journal d’appel, captures d’écrans…). Il existe des sites tels que memodevie ou encore digiposte… Il vaut mieux éviter sur les clés USB, disque dur… ils peuvent se casser ou être perdus (volés).. 

Consulter des sites importants (administrations, banque) en mode privé, supprimer son historique de navigation, appeler avec un autre téléphone basique (si elle en possède déjà un, il faut le réinitialiser), changer d’opérateur, utiliser une autre boîte mail et changer les mots de passe (à forte protection) et le code de carte SIM.

Si la personne est victime de harcèlement (très nombreux messages via différents canaux : sms, courriels, réseaux sociaux…), elle doit éviter (dans la mesure du possible) de répondre sinon cela sera considéré comme un fil de conversation.

Vous pouvez lui conseiller de prendre contact avec un professionnel (association d’aide aux victimes, travailleurs sociaux, force de l’ordre…) qui pourra l’accompagner dans ses démarches tout en tenant compte de la stratégie qu’elle souhaite adopter. En fonction de la situation et de son évolution, cette stratégie pourra être adaptée.

Prenez conscience que l’emprise est un phénomène particulièrement complexe, il faut absolument faire preuve de patience, de bienveillance, d’écoute face à une victime, sans a priori ni jugement.

Vous pouvez obtenir plus d’informations sur :

ou sur infoviolenceslot.fr

arretonslesviolences.gouv.fr

massecurité.interieur.gouvfr

ou appelez le 39 19 (solidarités femmes.org)

*Homme ou femme, il s’agit d’une personne victime. 

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