Problème de civisme: Masques et gants usagés jonchent les trottoirs

Pour certains, c’est malheureusement devenu un réflexe : après usage, le masque est délicatement enlevé du visage et… jeté à même le sol. Résultat, depuis plusieurs semaines, masques et gants usagers jonchent les trottoirs des villes. Au grand dam des éboueurs, chargés, eux, de les ramasser. Ce qui représente un risque de contamination. Lors d’un point presse début mai au CHU de Toulouse, le Pr Pierre Delobel, chef du service des maladies infectieuses et tropicales, évoquait surtout un problème de civisme et assurait que cela n’allait pas « relancer l’épidémie ».

Pourtant, les protections ayant été en contact avec la peau sont susceptibles de transmettre le coronavirus. Selon une étude parue dans la revue scientifique « The Lancet » début avril, des traces de SARS-CoV-2 pourraient être détectées pendant au moins sept jours sur la surface extérieure d’un masque de protection et jusqu’à quatre jours sur sa surface intérieure. Il y a donc un risque, même minime, qu’un masque jeté par terre puisse contaminer une personne qui le ramasse.

  • S’il se retrouve dans le caniveau, un masque peut-il contaminer les eaux usées ?

Une étude a été lancée mi-mai après que des traces du virus ont été retrouvées dans les eaux usées de la capitale. Les résultats sont toujours en cours d’analyse pour savoir si ces traces sont « potentiellement infectieuses ». Le risque n’est donc pas exclu.

Par ailleurs, les masques et gants jetés perturbent le traitement des eaux usées, rappelle le Centre d’information sur l’eau, qui alerte sur le risque de « boucher les tuyaux des réseaux d’assainissement et entraver le bon fonctionnement des stations d’épuration ». L’accumulation de ces déchets nécessite de plus de nombreuses interventions pour déboucher les canalisations obstruées et rétablir le fonctionnement des installations.

  • Les masques sont-ils un vecteur de pollution écologique ?

Les masques chirurgicaux dits « en papier » sont majoritairement constitués de polypropène non tissé, un composé dérivé du pétrole également utilisé dans les serviettes hygiéniques, certains sacs et dans les couches jetables. Ils contiennent également de l’acier pour les barrettes nasales et des élastiques. Soit uniquement des éléments polluants en somme. Les masques retrouvés dans les rues mais aussi dans la nature et dans la mer représentent donc un problème écologique.

Au final, il faut environ 400 ans à un masque chirurgical pour se dégrader dans la nature. Soit 100 ans de plus qu’une canette en aluminium et quasiment autant qu’un sac plastique. Dans une vidéo tournée au large d’Antibes et postée sur Facebook, le plongeur et activiste Laurent Lombard dénonce la situation en Méditerranée. « Sachant que plus de deux milliards de masques jetables ont été commandés, bientôt il risque d’y avoir plus de masques que de méduses dans les eaux de la Méditerranée…! « 

  • Qu’est-ce que je risque à jeter mon masque sur la voie publique ?

Face à ces gestes d’incivilité répétés, certains élus ont déjà pris des mesures à l’échelle locale. À Marcq-en-Baroeul (Nord), un arrêté prévoit ainsi une amende de 68€ pour les habitants qui jetteraient des masques et autres matériels de protection sur la voie publique. Le maire de Villeparisis, en Seine-et-Marne, a fait de même.

Éric Pauget, député des Alpes-Maritimes, a décidé d’aller plus loin, en déposant le 18 mai une proposition de loi dans laquelle il demande à ce qu’une amende de 300 euros soit fixée pour tous ceux qui font preuve d’incivilité.

  • Comment dois-je me débarrasser correctement de mon masque ?

Les masques, tout comme les lingettes désinfectantes ou les gants, doivent être jetés dans un sac-poubelle dédié, « résistant et disposant d’un système de fermeture fonctionnel », précise le gouvernement. Si vous êtes amené à changer de masques plusieurs fois avant de rentrer chez vous, ne les conservez pas en vrac dans votre sac mais placez-les dans une pochette hermétique avant de pouvoir les jeter à la poubelle.

Une fois votre sac-poubelle dédié rempli, fermez-le soigneusement et conservez-le environ 24 heures afin d’éviter au maximum de contaminer les agents de collecte. Ce sac doit ensuite être jeté dans le bac à ordures ménagères. Ils ne doivent « en aucun cas » être mis dans la poubelle de déchets recyclables.

Laurent Lombard: les masques polluent la méditerranée

La Dépêche