Rave-partie au niveau de l’ex-base militaire de Viroulou
Le mois de mai est propice aux rave-parties. Nombre de préfectures préfèrent prendre les devants et prennent des arrêts interdisant tout « rassemblement festif à caractère musical amplifié » .
C’est le cas du département du Lot qui a pris une mesure d’interdiction temporaire de rassemblements festifs à caractère musical amplifié, comme les « rave party », ainsi qu’une interdiction de circulation de véhicules transportant du matériel de sonorisation à destination de ce type de rassemblement et ce jusqu’au dimanche 11 mai inclus sur l’ensemble du département.
Cela n’a pas empêché plusieurs milliers de participants d’organiser et de participer à une rave party au niveau de l’ex-base militaire de Viroulou qui a paralysé la RD 840 à partir de mercredi soir.
Ces pratiques festives nous interrogent. Les acteurs politiques se préoccupent de la montée de conduites qualifiées de déviantes et d’addictives, les parents s’inquiètent de l’émergence de ces lieux perçus comme dangereux, inconnus, parfois même orgiaques.
Le mouvement rave est né avec l’émergence de la musique techno à Détroit dans les années 1980, sur les ruines de l’industrie automobile démobilisée au Mexique. C’est dans les années 1990, qu’apparaît discrètement en France un courant musical underground, la techno hardcore, acidcore ou trance. Ce mouvement culturel et social se veut l’antithèse du mouvement rave des clubs, où les DJs sont des stars et où la musique est composée de sons souvent plus mélodieux.
Le mouvement rave est l’expression d’une révolte contre le matérialisme et l’individualisme. La musique techno crée un espace où le temps n’a plus d’importance, et où il n’y a plus aucune contrainte. Les jeunes qualifient la rave d’endroit où l’on « ne se prend pas la tête » : un lieu dans lequel on ne réfléchit pas, ou plus exactement dans lequel on ne réfléchit ni sur soi, ni sur son rapport aux autres.
Au début de ces soirées, un climat d’euphorie et de bonheur se développe dans une extase groupale : c’est le rituel de la prise des substances. Après le cannabis, l’alcool et le tabac, la drogue de prédilection de ce mouvement est la MDMA (Methylènedioxyméthamphétamine), molécule de l’ecstasy, qui a des effets psychotropes de stimulation et d’empathie. La prise d’ecstasy semble accompagner une sorte d’initiation au sein de ces regroupements et permettre une ritualisation de la fête techno.
La masse et le rassemblement sont recherchés ; bien au-delà des relations amicales, amoureuses ou sexuelles qui pourront s’y nouer. L’enjeu est de mettre à distance les hiérarchies de la vie quotidienne. Pas d’élitisme.
Les jeunes s’extasient dans le son, en criant et en dansant, quitte à atteindre pour certains des états extrêmes, proches de la transe grace à la musique techno
Et pourtant, aux dires des pratiquants, la rave est vécue à titre individuel en en cela révèle une tendance à l’individualisation, caractéristique de la société de consommation actuelle.
Pourquoi le rassemblement est-il nécessaire à une expérience si individuelle ? Pourquoi une rave réussie est-elle une rave où il y a du monde, une rave qui dure ? De la même manière, pourquoi les pratiquants la présentent-ils comme étant un lieu où la relation à autrui et la contestation politique ne constituent pas des objectifs centraux (par opposition à Mai-68, auquel elle est souvent comparée) ?
L’expérience y est corporelle, d’où le succès de l’ecstasy : amplification, déformation des perceptions sensorielles. Il s’agit de « redécouvrir des vibrations, de se repositionner dans l’espace, de tripper, de voyager »
Aussi les raves sont-elles une cible très prisée par les trafiquants de drogue. Le lien entre drogue et techno est bien établi. Les autorités savent pertinemment que ces rassemblements sont un lieu important de trafic.
Les pouvoirs publics ne peuvent rester sans rien faire. Car la répression du trafic de drogues est un de leur objectif important qui a justifié dès l’origine et justifie toujours l’intervention de l’État dans ces rassemblements, sans compter les problèmes de débordements et donc de sécurité qui sont liés à ce genre de manifestations.
A savoir, des associations (Le Tipi, Technoplus, médecins du monde, Aides,) ont mis en lumière, dès les années 1990, la nécessité d’une présence sanitaire dans les raves.
8 000 personnes sur le secteur de Rocamadour/Montvalent, une centaine de forces de police et des renforts… il est conseillé d’éviter le secteur.