Remédier aux problèmes de l’eau à Cahors

La turbidité puis un parasite ont rendu l’eau des Chartreux impropre à la consommation pendant 11 jours. Daniel Coupy chargé du suivi de l’eau pendant 46 ans sein des services techniques sort de son silence et livre son diagnostic.

Il a décidé de sortir de son silence. La toute récente crise de l’eau de la Fontaine des Chartreux a fini par convaincre Daniel Coupy qu’il se devait d’apporter son expérience et son vécu dans ce débat. Avec un bagage de 46 années comme adjoint au directeur des services techniques de la ville en charge de l’eau et de l’assainissement, l’ancien adjoint à l’eau et aujourd’hui représentant de la ville dans les syndicats d’eau du Quercy Blanc, Francoulès et l’Iffernet revient sur un phénomène «qui a toujours existé» et donne ses solutions pour y remédier.

Pendant 11 jours, l’eau des Chartreux a été impropre à la consommation, la faute à la turbidité puis à un parasite. Avez-vous été surpris par le phénomène ?

La Fontaine des Chartreux a toujours coulé de la même façon, avec des soubresauts. Tous les ans, les fortes pluies provoquent un engorgement de la rivière souterraine avec comme conséquence une turbidité plus ou moins marquée. À l’époque on prévenait la population et on augmentait la chloration de l’eau pour parer toute intoxication. La réglementation est devenue depuis plus draconienne et fait obligation aux collectivités d’installer un système de traitement de la turbidité.

Le Gadel et Isabelle Eymes «Cahors, l’Humain d’abord» y voient une conséquence des aménagements à Cahors Sud. Qu’en pensez-vous ?

Depuis 40 ans, les sources de pollution ont été réduites, l’épandage a été réglementé ou interdit, les fosses à lisier ont été rendues étanches, les pratiques qui consistaient à jeter dans les igues les animaux morts, tout ça c’est terminé. Au niveau industriel, les projets font l’objet d’une réglementation rigoureuse pour le traitement des eaux usées et pluviales. Comme 1er vice-président de la zone d’activités, je vous rappelle qu’on a investi de grosses sommes dans le dispositif de traitement des eaux de ruissellement de surface qui sont récupérées dans des bassins de décantation. Vendredi dernier, on a encore, examiné 4 dossiers d’entreprise pour vérifier que les industriels se conformaient à nos normes. Tout est fait pour éviter une pollution en sous-sol.

Lorsque vous étiez adjoint à l’eau, vous aviez travaillé sur une usine de traitement de la turbidité. Est-ce toujours d’actualité ?

Ce projet de traitement de la turbidité, est en stand-by, encore dans les cartons. Son emplacement devait se situer à Cabazat, les grandes lignes avaient été arrêtées avec l’emploi d’une ultrafiltration pour faire passer l’eau à travers des membranes qui retiennent les matières en suspension et les bactéries. Mais on attend qu’un bureau d’études confirme les propositions qui ont été annoncées. Le dossier existe, il suit la procédure.

Un équipement de ce type représente-t-il un gros investissement ?

Oui, de plusieurs millions d’euros mais il bénéficie d’un subventionnement à hauteur de 50 % et la charge pourrait être répartie entre la ville de Cahors et les syndicats qui achètent l’eau de la Chartreuse. Je note que sur ce dossier, on n’a pas mis autant d’ardeur que sur d’autres. Le syndicat de l’Iffernet nous montre la voie à suivre . Cela fait déjà douze ans, que ce syndicat de 3600 abonnés s’est doté d’un système de filtration à membrane.

La fontaine des Chartreux court-elle un risque de pollution ?

À l’heure actuelle, notre source est beaucoup mieux protégée qu’il y a vingt ans Mais sur la question particulière de la turbidité qui reste un phénomène naturel, il faut faire quelque chose.

Repères

Le chiffre : 2

Millions de m3 > production annuelle. La fontaine des Chartreux produit 2 millions de mètres cubes d’eau chaque année. Une énorme masse d’eau dont la moitié environ est vendue par la régie municipale aux autres syndicats.