Retard dans les récoltes du Lot

.Les affres de la météo, et surtout de la pluie, ont beaucoup perturbé les cultures cet été dans le Lot. Les récoltes ont lieu avec plusieurs semaines de retard, notamment pour le blé.

D’abord une sécheresse froide en mars, puis le gel en avril, et enfin les pluies qui n’ont pas vraiment cessé de tomber depuis mai. Les éléments se sont déchaînés sur les champs des agriculteurs cette année. « On observe un retard général de toutes les cultures. Cela équivaut en moyenne à trois semaines de décalage», explique Orlane Salvadori animatrice technique à Bio 46. Ce retard a eu de lourds impacts notamment pour le blé. « Il n’y a pas eu assez de soleil pour que les grains mûrissent », explique Pierre-Henri Mons, responsable du pôle entreprises et territoire à la chambre d’agriculture du Lot. De plus, les sols trempés n’ont pas permis de moissonner. « Normalement, tout aurait dû être terminé depuis le 25 juillet », assure Alain Arcoutel, agriculteur en conventionnel à Alvignac.

Perte de rendement et de qualité

Laisser les blés dans les champs a permis aux moisissures de se développer. « Il arrive même que ça regerme dans l’épi, dans ce cas ce n’est plus exploitable », renchérit Denis Dalot, agriculteur bio à Saint-Pantaléon. Ces désagréments, principalement dus à un excès d’eau vont avoir des conséquences sur les rendements, mais aussi la qualité. « Le risque pour les céréaliers est alors de ne plus remplir le cahier des charges des filières de qualité, comme celle de Croustilot. Dans ce cas, ils devront s’orienter vers des débouchés moins rémunérateurs », ajoute Adélaïde Van Der Ploeg, directrice de la FDSEA du Lot. Dans le Lot, « 500 fermes vivent principalement de la production de céréales, sur les 2500 exploitations du département », renseigne Pierre-Henri Mons.
Denis Dalot, lui, a eu un peu plus de chance au niveau du blé. « Je cultive des variétés anciennes. Elles sont plus tardives que celles du conventionnel, c’est donc normal de moissonner plus tard. » En revanche, sa production principale, la lentille, a beaucoup souffert. « Elles ont jauni. Certaines sont quasiment mortes. J’ai perdu 30 à 100 % de la récolte sur certaines parcelles. »

Développement de maladies

Un coup dur pour celui qui vend ses légumineuses aussi bien aux particuliers qu’à des cantines scolaires. « Cela va représenter une perte de 10 à 15 % de chiffres d’affaires sur l’année », prévient-il. Une estimation que ne peut pas encore faire Etienne Conquet, maraîcher bio à Lalbenque, qui a été touché par les maladies. « Ces dernières semaines, on a eu un excès d’eau, entrecoupé de jours de chaleurs. Cela a développé le mildiou. » Une maladie qui a frappé une partie de ses melons. Même s’il cultive également tomates, poivrons, aubergines, ail et oignons son chiffre d’affaires repose essentiellement sur la cucurbitacée sucrée.

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La perte d’une partie de la production est une mauvaise nouvelle pour ces agriculteurs qui ont déjà un trou dans leur trésorerie en raison du retard des récoltes. « Quand ils ont trois semaines de décalage, cela fait déjà autant de jour de chiffres d’affaires en moins », insiste Orlane Salvadori. Ces rentrées d’argent sont définitivement perdues. « Même si les récoltes arrivent, il va falloir arrêter la production pour installer les cultures d’hiver, explique encore l’animatrice de Bio 46. Donc la production est nécessairement raccourcie. »

La polyculture comme salut

De nombreux exploitants lotois multiplient les cultures. « Les récoltes de maïs et le tournesol s’annoncent très bonnes », tient à rassurer Adélaïde Van Der Ploeg. Denis Dalot n’a pas non plus mis tous ses œufs dans le même panier. « Les très beaux pois chiches devraient contrebalancer. » De plus, certains céréaliers ont parfois des bêtes et grâce à la pluie, elles ont pu continuer à paître alors qu’en cette période la sécheresse rend habituellement les sols peu nutritifs. « L’herbe a poussé en abondance ce qui a aussi permis parfois de refaire du stock de fourrage », ajoute Adélaïde Van Der Ploeg.

Elisa Centis

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