Serge Rigal fait un bilan sur l’état du département

L’année 2019 est presque entrée dans sa dernière ligne droite. Une période d’entre deux, où l’on peut déjà dresser un tout premier bilan tout en se projetant sur les projets à venir. Serge Rigal, le président du conseil départemental, à la demande de La Dépêche du Midi, fait un tour d’horizon des sujets de l’actualité sociale, économique et politique avec bien sûr, un regard attentif sur les élections municipales de 2020.

Au chapitre social, quels sont vos sujets d’inquiétude ?

Nos préoccupations concernent le nombre toujours plus élevé de bénéficiaires du RSA alors qu’une réforme des allocations-chômage est annoncée pour 2020. La situation des Ehpadest un autre sujet d’inquiétude avec des conditions de travail difficiles pour nos agents. Il est urgent de parler de cette problématique des personnes du 4e âge. C’est le défi du vieillissement, le cinquième risque. On maintient les personnes à domicile mais lorsqu’elles arrivent en Ehpad, les exigences médicales sont fortes. Certaines d’entre elles n’ont plus les moyens financiers d’intégrer ces établissements. Un signe ne trompe pas : les listes d’attente ont fondu.

La qualité de la restauration est primordiale dans les Ehpad, on l’a vu avec le drame récent en Haute-Garonne. Quelle est la réponse du département ?

Avec le soutien de l’ARS, nous lançons une étude sur la restauration et sur le gaspillage alimentaire dans tous les établissements lotois, compte tenu de la fragilité du public. L’étude commencera début 2020 et durera environ quatre à cinq mois.

À propos de restauration collective, la part faite au bio et aux produits locaux augmente-t-elle dans les collèges ?

Nos collèges utilisent en moyenne 24 % de produits locaux, avec des disparités selon les établissements, certains sont à 50 % d’autres à 10 %. L’objectif est d’aller vers les 50 % en 2023 comme la loi le stipule. Par ailleurs, on lance un marché pour développer le bio.

Le repas sans viande, vous êtes pour ?

L’exigence de la loi, c’est un repas sans viande par semaine. Nous souhaitons remplacer la viande par des protéines le plus locales possible. Mais à titre personnel, je ne trouve pas que ce soit une loi pertinente. On sait que malheureusement, pour beaucoup d’entre eux, le seul moment où les enfants mangent de la viande c’est au collège pour des raisons financières. Il y avait bien d’autres produits à limiter à commencer par les sodas. C’est bien une vision de « bobos » parisiens.

Urgence Polt a tenu la réunion de son conseil d’administration dans les locaux du département, à Cahors. Votre opinion sur ce dossier ?

Je commencerai par mon dernier retour de Paris en train. Un voyage chaotique, nous devions arriver à 23 heures à Cahors et nous nous sommes arrêtés à Brive à 2 heures du matin à cause du givre… Sur la ligne Polt, nous avons quelques interrogations, or il faut que cette ligne Paris-Toulouse se fasse. La revendication de quatorze trains entre Paris et Toulouse est juste si l’on veut parler désenclavement. Je signale que, sur cette ligne, le nombre de voyageurs a augmenté de 6 %.

Allez-vous intervenir pendant la campagne des municipales ?

Non, comme en 2014. Je suis observateur, j’écoute, sachant que j’ai parfaitement conscience qu’on pourra faire un lien entre ces élections municipales et les départementales et régionales qui interviendront en 2021.

On voit émerger pas mal de candidats de la société civile sans étiquette. Cela vous inspire-t-il un commentaire ?

Je ne crois pas aux gens neutres. Je suis du vieux monde avec une gauche et une droite. Ces gens de la société civile ont des visions, des sensibilités différentes. Aujourd’hui tout est politique. Chacun d’entre nous, le matin, en achetant sa baguette, fait un acte politique, et en se présentant à la mairie, on fait un acte politique.

Les élus dans toute la France, évoquent le « pacte de Cahors » pour s’en plaindre. Quel est ce pacte ?

Il a vu le jour lors de la visite du Premier ministre dans le Lot. Selon ce pacte passé avec l’Etat, les collectivités doivent limiter la hausse de leurs coûts de fonctionnement de 1,2 % par an. En clair nous allons être contraints de faire des choix et cela sera encore plus difficile lorsque les départements n’auront plus la taxe foncière.

Que pensez-vous de la mobilisation qui se dessine pour la journée du 5 décembre ?

On va vers un mouvement de grande ampleur, il y a du mécontentement. Le flottement que l’on a perçu au gouvernement sur le dossier des retraites n’a pas aidé.

Beaucoup d’élus de la région ont manifesté leur soutien à l’égard de Carole Delga. C’est votre cas ?

Je veux dire, comme l’a fait Martin Malvy, que la présidente de la région Occitanie est profondément à l’écoute de nos territoires. Il faut se rassembler et pas se diviser. Carole Delga s’investit fortement contre le Rassemblement National dans les départements du Sud. C’est un vrai combat. On lui doit notre soutien.

Jean-Michel Fabre La Dépêche