Un collège plus égalitaire ou pas?

latinBeaucoup de professeurs sont descendus dans la rue pour s’opposer à la réforme des collèges. De quoi s’agit-il? Le différent porte essentiellement sur l’apprentissage du latin et du grec, les classes bilangues (l’allemand en 6ème dans certaines classes) les EPI et le programme d’histoire. Cette réforme vient à la suite d’une très mauvaise évaluation internationale de notre enseignement jugé entre autres très inégalitaire.

Latin et Grec

Il n’y aura plus d’initiation «pure» au latin, mais celui-ci sera enseigné au sein d’un «Enseignement Pratique Interdiscplinaire» (EPI) intitulé «Langues et cultures de l’Antiquité». Les élèves qui le souhaitent pourront suivre des modules complémentaires, mais l’ensemble du volume horaire consacré à cette discipline sera réduit.

Au collège, l’option latin était offerte depuis la rentrée 1996 aux élèves à partir de la cinquième: l’étude du latin s’était stabilisée autour de 20% d’élèves au début des années 2000, mais est en baisse depuis 2006 pour atteindre seulement 18% en 2013, avec une érosion de plus en plus significative tout au long du collège. Ils ne sont plus que 15% à continuer cette matière en troisième. Mais l’écrasante majorité des élèves «lâchent» le latin lors du passage en seconde: ils sont à peine 4% à passer l’épreuve au baccalauréat.

L’apprentissage du latin est plus fréquent dans l’enseignement privé (21,9% ) que dans le public (16,8%) . L’option de grec ancien ne peut être étudiée qu’à partir de la classe de troisième. Elle reste toujours très faiblement suivie, par 1,5 % des élèves des établissements publics et privés.

L’élitisme ne passe plus par le latin, mais par les mathématiques

Plusieurs raisons peuvent expliquer cette désaffection à l’égard des langues anciennes. L’étude du grec et du latin a été pendant longtemps réservée à une élite: la classe A’ (selon la distinction mise en place en 1902) qui cumulait latin grec et sciences était celle de la super élite. C’est dans les années 1950 que la tendance s’inverse, et que ce sont les sciences, et plus les lettres qui deviennent le marqueur de la réussite scolaire. «L’élitisme ne passe désormais plus par le latin mais par les mathématiques».

Latin et grec seront enseignés via l’un des «enseignements pratiques interdisciplinaires» (EPI) pendant des heures prises sur les horaires des disciplines obligatoires (le français ou l’histoire). Il s’agira d’y faire de l’histoire romaine et grecque. C’est pendant un «enseignement dédié» de deux heures au lieu de trois heures aujourd’hui que les élèves pourront choisir d’apprendre la langue

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Les classes bilangues

Trop «élitistes», concernant une minorité (16 % des collégiens), les classes bilangues qui permettent d’étudier deux langues vivantes dès la sixième seront supprimées. En revanche, tous les élèves débuteront une deuxième langue vivante, plus tôt, en cinquième.

Les projets interdisciplinaires (EPI)

Dès 2016, tous les collégiens auront 20 % d’EPI. Il s’agit par ce biais de motiver ceux qui s’ennuient à l’école et de les engager à travailler en équipe. On pourra entre autres «créer un jardin pédagogique» ou «un journal». Ces projets s’inscrivent dans huit thèmes de travail dont le «développement durable» ou «sciences et société». Ils suscitent l’inquiétude des enseignants car ils vont mordre sur leurs sacro-saints temps disciplinaires. Peu de travaux de recherche ont évalué ces «projets». On ne sait pas s’ils améliorent la réussite.

Remarquons que la plus part des projets professionnels sont pluridisciplinaires et qu’il nous est très difficile de travailler en groupe, mais ça s’apprend…

Les programmes d’histoire

Le Conseil supérieur des programmes (CSP) a décidé de laisser aux enseignants une part de liberté pour simplifier des programmes d’histoire jugés trop encyclopédiques. Une distinction est faite entre des thèmes à aborder obligatoirement et des thèmes «laissés au choix» de l’enseignant. En cinquième, les élèves étudieront obligatoirement les débuts et l’expansion de l’islam. Tout comme ils planchent sur le christianisme et le judaïsme en sixième. Sur ces points, rien n’a changé par rapport aux anciens programmes. Mais leurs professeurs pourront faire l’impasse sur «une société rurale encadrée par l’Église».

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