Un orgue ça s’entretient

Jean Dalosso et la partie du positif

Depuis fin mars, le facteur d’orgue Jean Daldosso, originaire du Gers, prodigue tous les soins nécessaires à l’orgue de la cathédrale Saint–Étienne de Cahors. Cet instrument classé monument historique le 20 février 1979 pour la partie instrumentale de l’orgue, construite par Stoltz au milieu de XIXe siècle, se compose de trois parties : le grand orgue, le récit et le positif. Depuis son inauguration en 1993, l’orgue n’avait pas eu ce que l’on nomme un relevage. Les orgues des cathédrales en France étant la propriété de l’État, il convenait de monter préalablement un dossier de financement auprès de la Drac pour envisager de faire une première partie de travaux concernant le relevage du positif (partie basse en façade) et la modification de l’alimentation de l’orgue.

Le travail de l’organier

Le facteur d’orgue ou l’organier est un maître artisan indispensable pour la fabrication, l’entretien et la restauration de ces instruments.

Il doit maîtriser plusieurs disciplines (menuiserie, mécanique, formage des métaux, des peaux, des matières plastiques, l’électricité, et bien sûr des qualités musicales et acoustiques approfondies…).

Jean Daldosso est facteur d’orgue depuis 1984, rien ne le prédestinait à ce métier. Vers 15-16 ans, il assiste à un concert d’orgue. Il est si impressionné qu’à partir de ce moment, il se donne tous les moyens pour apprendre ce métier. Après avoir suivi des cours de musique en parallèle d’études scientifiques, il apprend l’ébénisterie puis commence son apprentissage d’organier dans l’atelier de Pascal Quoirin pendant 2 ans.

Après il se lance dans l’aventure d’abord modestement puis avec l’expérience, la confiance et son sérieux des chantiers plus importants lui sont confiés. Aujourd’hui, il a en charge une trentaine d’orgues répartis sur le territoire français et en Espagne. Il a pris la succession il y a deux ans de Patrice Bellet, resté 10 ans comme facteur d’orgue de la cathédrale.

Le relevage

Construit dans les années 1713 et 1714 par Jean-François Lépine, dont on peut encore admirer le magnifique buffet d’origine, l’orgue n’avait pas eu de relevage depuis 25 ans. Les restaurations, entretien ne se font pas toujours en même temps.

Aussi, c’est une première tranche de travaux que Jean Daldosso a entamée fin mars.

D’abord par la modification de l’alimentation de l’orgue. Il existait un circuit d’air beaucoup trop long qui ne permettait pas de maintenir une pression constante pour que l’orgue ait assez de souffle. « Et la stabilité de l’air pour un orgue est essentielle » précise Jean Daldosso. Depuis 2 ans des tests, des essais sont faits pour déterminer la meilleure façon de remédier à ce problème.

Aujourd’hui tout un système ingénieux en « circuit court et silencieux » permet à l’instrument de retrouver toute sa puissance. Ensuite le positif a été ausculté jusque dans les moindres détails. Le facteur d’orgue a procédé à la dépose des tuyaux.

C’est-à-dire les enlever tous pour vérifier leur état, les dépoussiérer, faire les réparations éventuelles. Et le positif compte 732 tuyaux. Un vrai travail de patience ! Il a ensuite vérifié l’étanchéité des sommiers, a renforcé les postages et a fait un accord du positif, qui peut prendre beaucoup de temps suivant les jeux, les registrations. Surtout après avoir apporté des modifications, il a étanchéifié le cœur du sommier où une grande fente a été découverte, et ainsi a réharmonisé tous les tuyaux dans la nouvelle configuration.

L’orgue de Cahors

Jean Daldosso et Albertus Dercksen qui se connaissent depuis plus de 35 ans s’accordent pour dire de cet orgue « qu’il est attachant au niveau des sonorités. C’est un orgue qui touche, qui émeut. Il est très musical. Il n’impressionne pas par le volume sonore mais par la finesse des sonorités et ça ne trompe pas le public fidèle qui tient à cet instrument ».

M-F Plages La Vie Quercynoise

La route des orgues se déroulera du 12 au 14 mai sur plusieurs sites avec 9 concerts prévus.

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Un peu d’histoire

L’Orgue du XVIIIe siècle

Le Grand Orgue de la Cathédrale de CAHORS fut construit dans les années 1713 et 1714 par le facteur d’orgue Jean-François LEPINE. Nous pouvons encore aujourd’hui admirer son magnifique buffet, réalisé selon le dessin de LEPINE et sculpté dans le noyer de notre région.

L’Orgue du XIXe siècle

En 1860 fut décidé la construction d’un nouvel orgue. L’ancien, en très mauvais état, ne correspondait plus au goût du jour. Jean-Baptiste STOLTZ, facteur Parisien, réalisa un orgue dans le style pré-romantique, tout en réutilisant l’ancien buffet. Pour pouvoir loger l’instrument, celui-ci fut néanmoins élargi et l’arrière de l’orgue prolongé jusqu’au mur de la façade ouest. L’instrument a toujours été considéré comme une des plus belles réalisations du facteur STOLTZ.

De nombreux organistes célèbres sont venus à CAHORS pour jouer sur les Grandes-Orgues de la Cathédrale, notamment : César Franck, Charles-Marie Widor et Louis Vierne.

Durant la guerre 1940/45, le facteur TROSSEILLE a modifié l’instrument selon les principes de son temps : électrification de tout le mécanisme et augmentation du nombre des jeux par la technique des emprunts. La machine  » Barker  » fut supprimée. Heureusement, la tuyauterie de STOLTZ fut presque toute conservée.

LA RESTAURATION

La restauration des Grandes-Orgues, commencée en 1984, a été réalisée par l’atelier du facteur d’Orgue Gérald GUILLEMIN. Au démontage de l’instrument, des fresques du XIVe siècle furent découvertes sur le mur de la façade ouest. Pour pouvoir les mettre en valeur, on a dû dégager la voûte du narthex. La profondeur de l’orgue a été réduite et un second buffet, réalisé par les Monuments Historiques, a été ajouté à l’arrière de l’instrument. Le buffet de LEPINE a été remis dans son état d’origine.

L’orgue a retrouvé sa composition de 1860, à quatre jeux près. La tuyauterie a été minutieusement restaurée, le mécanisme refait à neuf suivant les principes de STOLTZ. Le diapason est celui du milieu du XIXe siècle : La = 435 Hz.

 

 Les vitraux depuis ont été refaits