Une coopérative cadurcienne pour développer le chanvre

Mathieu Ebbesen Goudin est le président de VirgoCoop qui a vu le jour en 2018. Cette coopérative est un incubateur de projets citoyens, écologiques et responsables. Depuis deux ans, l’accent est mis sur le chanvre Lotois. 

Qu’est-ce que VirgoCoop ? 

La vocation de notre coopérative c’est de permettre à des projets responsables d’être soutenus. Nous sommes très liés à l’agriculture. L’idée c’est de créer des filières de production et de commercialisation écologiques et équitables. Nous participons au développement d’une production de plantes aromatiques pour faire de l’huile essentielle bio, nous aidons aussi une production agricole et un projet de transport marchand à la voile sur la Méditerranée. Mais notre plus grand projet, celui le plus abouti c’est la filière chanvre, nous sommes présents sur chaque étape pour mettre en relation les différents acteurs. 

Pourquoi relancer la filière chanvre dans la région ? 

Le chanvre est une plante qui a une place privilégiée dans la transition écologique. C’est une plante rustique qui souffre peu de maladies, qui n’a pas besoin de beaucoup d’irrigation et qui est un puits de carbone, c’est aussi un type de production qui génère un revenu correct aux agriculteurs. De ce fait, le chanvre peut se cultiver en agriculture bio. Chaque partie de la plante peut être utilisée : la graine, la fleur, la chenotte et la fibre. Nous, nous nous intéressons à la fibre dont on se sert pour le textile. Le Lot a aussi une grande histoire avec le chanvre : dans l’Antiquité,les étoffes de chanvre de Cahors étaient très prisées à Rome. C’était aussi une ressource stratégique lors des grandes découvertes car les cordages de bateau étaient tissés en fibre de chanvre. 

Comment se porte VirgoCoop, deux ans après son lancement ? 

Aujourd’hui tous les voyants sont au vert. Nous avons des partenaires sur chaque étape de la filière chanvre. Nous travaillons avec Julien Bonnet, un ingénieur agronome qui est sur le point de créer une chanvrière, il y a aussi la société Hemp-Act de Pierre Amadieu qui crée des machines pour le défibrage des pailles de chanvre et l’affinage des fibres (ces technologies sont tout juste en train d’être développées).

« Globalement nous n’avons pas été trop atteints par la Covid et cette crise a même mis en lumière l’urgence de passer à des modes de production plus doux et locaux. »

Nous sommes en relation avec des filatures délocalisées en Europe de l’Est mais le projet serait d’investir dans des ateliers en Occitanie et de permettre à des jeunes de se former car la profession est vieillissante et que les savoirs se perdent . La teinture, le tissage et la confection se font aussi dans la région. Fin 2019, nous avons remporté un budget participatif de la région à hauteur de 60 000 euros, cet argent sera majoritairement investi auprès de la SAS Hemp-Act. Maintenant, il ne reste plus qu’à remplir les carnets de commandes. 

Et la crise sanitaire ne vous a pas trop freiné dans votre élan ? 

Nous devions présenter nos tissus à Toulouse et Paris pendant le confinement, cela a été décalé à la rentrée. Globalement nous n’avons pas été trop atteints par la Covid et cette crise a même mis en lumière l’urgence de passer à des modes de production plus doux et locaux. 

Le chanvre lotois

Dès l’Antiquité le chanvre du Lot s’exportait dans toute l’Europe. Avant les grandes guerres du XXe siècle, le chanvre était une fibre très prisée et utilisée et ce, pas seulement dans le monde paysan. Elle a progressivement disparu quand le coton s’est démocratisé. Les lobbys du coton ont participé à la décrédibilisation de la plante en l’assimilant à tort à son cousin psychotrope.

Alice Rouja La Dépêche