Au conseil communautaire de Quercy Bouriane, les villages vont refuser de siéger

Les délégués communautaires de Quercy Bouriane sont convoqués, ce soir, au conseil communautaire de rentrée, à Gourdon. Une séance que la plupart des villages du territoire ont décidé de boycotter, afin de faire part de leur mécontentement quant à leur poids et leur représentativité au sein de cette collectivité.
« Deux communes vont être directement concernées, dès mars 2020, il s’agit de Saint-Germain-du-Bel-Air et de Payrignac qui vont perdre des sièges ; mais les 18 petites communes de Quercy Bouriane vont être impactées, car Gourdon et Le Vigan détiendront alors la majorité absolue au conseil ».

Une répartition des sièges selon la taille de la population

Cet état de fait que relate le maire de Saint-Germain-du-Bel-Air, Patrick Labrande fait suite au processus de vote au sein des conseils municipaux sur la proportion de sièges compte tenu de leur population.
« La loi dit que la première commune du territoire peut décider soit d’appliquer la loi, soit de choisir un accord local pour moduler la représentativité. Ce qui a été le cas pour ce dernier mandat, où Gourdon avait cédé des sièges en faveur de notre village et de Payrignac. On aimerait maintenir cette égalité de sièges entre les deux communes fortes et nos villages, pour pouvoir de temps en temps faire pencher la balance », poursuit Patrick Labrande.
Mais, durant l’été, par 27 voix et deux abstentions, les élus de Gourdon ont donc décidé de revenir au droit commun, basé sur la démographie, comme le justifie Marie-Odile Delcamps, la maire. « On avait le choix, c’est un vote démocratique, sachant que presque la moitié de la population de la communauté de communes habite Gourdon. Les Gourdonnais portent donc les charges de centralité d’un ensemble de services qui profitent à tous ».

« … nous ne sommes pas Le Vigan et ils ne sont pas Gourdon »

Pour l’élue, qui ne se représentera pas aux prochaines municipales, il n’y a pas lieu d’opposer les communes. « Nous n’avons l’intention de manger personne. Nous ne sommes pas en compétition, nous devons rester solidaires pour défendre notre ruralité ensemble. Et puis nous ne sommes pas Le Vigan et ils ne sont pas Gourdon, alors pourquoi nous associer dans les votes ? ».
Si la démarche est tout à fait conforme et le choix de Gourdon de faire valoir le nombre de sièges auxquels il peut prétendre est légal, cette légitimité passe mal, même Danielle Deviers, maire d’Uzech, qui a présidé à la destinée de la communauté de communes durant 17 ans s’interroge : « Le fait d’opter pour un accord local sur le nombre de sièges permettait de rééquilibrer la représentation, en tenant compte des centres bourgs. Certes le conseil municipal de Gourdon est souverain dans son choix, mais est-ce que cette décision est ce qu’on attend dans une communauté de communes ? C’est la négation du sens même de cette instance et des villages qui la composent. Du mépris entre grande et petite échelle, qui va faire de nous des contributeurs plus que des décideurs et qui nous interroge sur l’intérêt d’y siéger ».
La plupart des 18 villages avaient donc décidé de montrer leur désapprobation, symboliquement, en refusant de siéger, ce soir.

Laetitia Bertoni La Dépêche