Avec le temps ….

Le français est célébré du 18 au 26 mars 2023, à l’occasion de la 28e édition de la Semaine de la langue française et de la Francophonie. La thématique cette année en est le temps.

Dans le cadre de cette semaine je vous propose la lecture d’une anatomie d’un succès sur le temps qui passe, ’titre phare de Léo Ferré et un des chefs d’œuvre de la chanson française. « Avec le temps » s’est très vite imposé comme un standard incontournable à travers le monde. Récit d’un succès inoubliable.

Une chanson intime à portée autobiographique

Tout commence en 1968, trois ans avant la sortie de la chanson. Léo Ferré vient de se séparer de Madeleine, sa deuxième épouse. Leur couple, fragilisé par la mort de Pépée, leur guenon apprivoisée, n’a pas réussi à surmonter les épreuves.

Face à cet échec, Léo Ferré revient sur cette histoire dans une chanson qu’il écrit en 1969. Le titre est enregistré en octobre 1970 et devait faire partie du volume 2 de son album, « Amour Anarchie ». Finalement, le titre est écarté pour sortir en 45 tours « à la sauvette » avec L’Adieu, un court poème de Guillaume Apollinaire issu des mêmes séances d’enregistrement. Deux titres crépusculaires…

Un succès inattendu à portée universelle

Malgré une sortie discrète, « Avec le temps » va devenir très vite un classique de la chanson française et le plus grand succès de Léo Ferré. Un triomphe qui agaçait le chanteur, qui a déclaré à plusieurs reprises : « Avec le temps, paroles et musique, je l’ai faite en deux heures », et n’hésitait pas à le « massacrer » à l’occasion de ses reprises en concert, comme lors d’un enregistrement mémorable en 1984. Pour autant, le succès est immense – et durable.

Pour preuve, il n’est qu’à observer le nombre d’artistes qui ont proposé une réinterprétation de cette chanson. A commencer par Dalida, dont la rencontre avec Ferré sur un plateau de télévision en Italie sera décisive. L’auteur-compositeur lui propose d’enregistrer sa propre version, ainsi qu’une version italienne – « Col tempo » – en 1972. Dans les années 1980, Johnny Hallyday enregistre lui aussi sa version du titre pour son album À partir de maintenant. Mais cette version reste dans les tiroirs et ne sortira qu’en 2011, à l’occasion d’une compilation. Michel Jonasz et Bashung ont également proposé leur propre version.

Un standard durable à portée internationale

Les chanteurs hexagonaux ne sont pas les seuls à s’être emparés de ce grand classique de la chanson française. Le titre, devenu un standard international au même titre qu’« Amsterdam » de Jacques Brel, a été repris dans de nombreuses langues, dont l’italien par Léo Ferré lui-même (après la reprise de Dalida…), mais aussi en langue arabe, signe de son succès planétaire, sous le titre suivant : « Maa’l ayem » par Wafa Ghorbel.

D’autres artistes non francophones ont concrétisé ce succès international, comme la chanteuse de jazz américaine Abbey Lincoln et la Sud-Coréenne Youn Sun Nah, l’Américaine Belinda Carlisle ou encore la Brésilienne Mônica Passos. A chaque version, sous toutes les latitudes, c’est le même envoûtement et le même recueillement. Chapeau, M. Ferré !

Source : semainelanguefrancaise.culture.gouv.fr