Lot: Avis partagés sur le CETA

Le traité de libre-échange entre l’UE et le Canada (Ceta) a été ratifié mercredi 15 février par le Parlement européen. Dans le Lot, les avis sont partagés entre risques pour l’agriculture et opportunités commerciales.

Ce mercredi 15 février, le traité Ceta, qui doit faciliter les échanges commerciaux entre l’Union Européenne et le Canada, a été adopté par le Parlement strasbourgeois. Cet accord de libre-échange déchaîne les passions à tous les échelons. Certaines mesures sont jugées dangereuses pour l’agriculture française, laquelle, selon la FNSEA, a «une fois de plus servi de monnaie d’échange». Dans les termes, le Ceta permet au Canada d’exporter sans droits de douane 45 840 tonnes de bœuf sans hormone par an vers l’Europe, soit 11 fois plus qu’à l’heure actuelle. En échange, l’UE peut commercialiser 18 500 tonnes de fromage, contre 13 472 aujourd’hui. Un accord déséquilibré pour beaucoup d’acteurs de la vie politique et agricole.

Un accord inéquitable, des structures incomparables

Pour Christophe Canal, président de la chambre d’agriculture, la filière bovine lotoise court un gros risque. «Le Ceta va apporter de la concurrence à nos filières de qualité. Les structures canadiennes sont en moyenne de 5 000 vaches, quand les nôtres en ont 50» explique-t-il. Pour lui, le constat est sans appel. «Le Lot n’a pas vocation à exporter. Par contre il risque d’être impacté par les importations qui peuvent mettre à mal nos filières organisées et détruire des emplois» craint le président. «Nous sommes réservés sur ce traité, qui fera plus de mal que de bien à notre agriculture» conclut Christophe Canal.

Le président du mouvement de défense des exploitants familiaux du Lot (Modef) Christian Bousquet s’est lui exprimé par communiqué, au lendemain de la ratification du traité par le Parlement européen. Il y voit aussi une menace pour les exploitants : «Le Modef dénonce cet accord qui va être désastreux pour nos éleveurs bovins et porcins. Le Modef demande un référendum avant les élections présidentielles pour soumettre la ratification du CETA».

Une avancée pour les AOP

Un autre point du traité a largement été contesté. Il concerne la protection des appellations d’origine (AOP), notamment laitières. En effet, le Ceta ne protège que 28 AOP laitières sur les 57 que compte la France.

Le fromage AOP rocamadour n’apparaît pas dans la liste. Pas un problème pour Dominique Chambon, président du syndicat des producteurs AOP rocamadour et du conseil national des appellations d’origines laitières (CNAOL) : «Le traité est positif pour les AOP car elles ne bénéficiaient d’aucune protection à l’international, mis à part le droit des marques et la loi de propriété intellectuelle. Le Ceta apporte une reconnaissance du concept. Le rocamadour n’est pas dans la liste des AOP protégées par le traité, on peut le déplorer. Mais il le serait s’il était déjà présent sur le marché canadien» signale Dominique Chambon.

D’après lui, cette liste reste ouverte à d’autres appellations. En cas de problèmes de copies ou d’usurpations, le rocamadour pourrait y être ajouté. «Le ministère a demandé la protectiondes AOP qui en avait besoin. Le CNAOL souhaite que toutes soient protégées, mais ça coûte cher. Le Ceta est une avancée, même si ça n’est pas encore suffisant. Cela peut permettre de conquérir de nouveaux marchés. José Bové a alerté toute la planète sur les dangers du traité. J’ai eu l’occasion de lui dire que c’était faux» termine Dominique Chambon.

Le Ceta doit maintenant être adopté par les 27 parlements des États membres de l’UE.